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Récit fort intéressant et méticuleusement documenté des soixante-dix années d’action associative et syndicale des professeurs de l’Université de Montréal, depuis les premiers balbutiements au coeur de la dépression des années 1930, ce livre est une précieuse contribution à l’histoire du syndicalisme universitaire. Il relate le long et difficile processus de dépassement de l’individualisme des professeurs, de leur réticence chronique face à la solidarité syndicale et de leur croyance en une harmonie possible avec les gestionnaires, incarnée pendant vingt ans (1955-1975) dans l’APUM. Minoritaire pendant toutes ces années, le sentiment de la nécessité d’une véritable action syndicale comme moyen de défendre les conditions de travail et la qualité de l’université n’a pourtant cessé de s’exprimer, pour triompher en 1975 avec la fondation du SGPUM. Dès 1947, l’Association des professeurs de la faculté des sciences s’était formée en syndicat accrédité, une première chez les professeurs d’université. Le SPUM minoritaire, fondé en 1966, avait repris le flambeau, proposant alors non seulement la syndicalisation, mais aussi l’affiliation à une centrale ouvrière, la CSN. Longtemps réticents à l’égard de leur propre action syndicale et distants face aux salariés des autres secteurs, les professeurs de l’UdM, souligne l’auteur, ont également éprouvé des difficultés chroniques face à la solidarité intersyndicale universitaire, au sein de la FAPUQ d’abord, puis au sein de la FQPPU dont ils se sont désaffiliés en 2004. Ils en arrivaient ainsi paradoxalement en 2005 à recourir au moyen syndical ultime de la grève en tournant le dos aux autres professeurs syndiqués du Québec pour s’aligner de manière élitiste sur « le groupe de référence des grandes universités de recherche du Canada », empruntant en cela, comme l’écrit Rouillard, le discours de la direction de l’université.