Résumés
Résumé
La science historique, on le sait, a toujours eu partie liée avec l’actualité ; elle ne se construit jamais à distance de ses soubresauts. La société québécoise en offre présentement quelques exemples éloquents. Ainsi, depuis quelques années, une controverse s’est élevée au sujet de l’enseignement de l’histoire nationale ; certains voudraient lui assigner une fonction à dominante civique, alors que d’autres insistent sur sa vocation d’éveilleuse de la conscience nationale. En parallèle, une autre controverse a mis en cause la survie de la culture québécoise dans un contexte de diversité ethnoculturelle. L’orientation pluraliste préconisée par un grand nombre de citoyens (et mise en forme dans l’interculturalisme québécois) est accusée de compromettre la continuité culturelle du Québec francophone, contraignant en quelque sorte ses membres à renoncer à leur mémoire, d’oublier ce qu’ils sont. De la même façon, le débat sur les valeurs dites nationales présente couramment les valeurs universelles comme impropres à nourrir une véritable identité ; on serait ici irrémédiablement confronté à la dichotomie particularisme-universalisme. Dans chacun de ces cas (et d’autres qui sont brièvement abordés dans le texte), on observe que deux sphères ou deux entités sont posées comme antinomiques. Cet article voudrait montrer que c’est une erreur, qu’en réalité on est en présence non pas d’une contradiction mais d’une complémentarité.
Abstract
As we know, historical science has always resonated with the present ; it never shields itself from its shifts and turns. In this regard, the Québec society offers striking examples. For instance, over the last decade, a controversy broke out over the teaching of national history. Some would like it to serve a civic purpose while others emphasize its function as a source of national consciousness. In a different but closely related vein, another controversy involves the future of the Québec culture in a context of ethno-cultural diversification. The pluralist orientation advocated by a number of citizens (and implemented in Québec interculturalism) is said to threaten –if not to jeopardize-- the cultural continuity of Francophone Québec, thus compelling its members to renounce their identity, to forget who they are. Likewise, the debate over national values depicts the universal values as unsuited to feed a true identity. Here, one is faced with the particularism-universalism dichotomy. In each of these cases (and a few others that are briefly touched on in the text), two spheres are cast as antinomic. Yet, this article aims to show that this is a mistake, that deep down lies a complementarity rather than a contradiction.