Comptes rendus

Simard, Marc, Histoire du mouvement étudiant québécois 1956-2013. Des Trois Braves aux carrés rouges, (Québec, Les Presses de l’Université Laval, 2013, 326 p.[Notice]

  • Mauricio Correa

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  • Mauricio Correa
    Université de Sherbrooke

L’historien Marc Simard, spécialiste de l’histoire de l’Europe contemporaine et professeur d’histoire au Cégep Garneau depuis 1977, nous offre ce qu’il considère être une synthèse historique du mouvement étudiant québécois. Nous ne pouvons que saluer une telle intention, d’autant plus que notre compréhension de l’histoire de la jeunesse et des étudiants québécois s’est enrichie dans les dernières années avec les travaux de Louise Bienvenue, Nicole Neatby, Karine Hébert et Jean-Philippe Warren, pour ne nommer que ceux-ci. Partant de la théorie élaborée par Alain Touraine, Simard considère que le mouvement étudiant est un acteur sociopolitique ayant une identité, des adversaires et des enjeux qui lui sont propres. À l’instar d’autres historiennes et historiens, il choisit 1958 comme point de départ de son récit, année marquée par la première grève étudiante. Il poursuit son étude jusqu’au sommet sur l’éducation supérieure de 2013. L’objectif de l’auteur est d’exposer les origines, le cheminement, les moments de continuité et de ruptures au sein du mouvement étudiant. Pour ce faire, il aborde une série de thématiques en lien avec son objet d’étude, en s’intéressant entre autres à ses modes d’organisation et d’action ainsi qu’à ses influences idéologiques. Ce faisant, il présente le contexte québécois, canadien et international ayant eu une incidence sur la naissance et le développement du mouvement, sur ses luttes et ses revendications. Tout en souhaitant que son livre soit « un premier outil de référence [...] relativement complet et fondé sur les méthodes de la science historique » (p. 1), Simard expose également sa posture engagée. Cherchant à situer le contexte de production de l’ouvrage, il met de l’avant son implication lors du conflit étudiant de 2012 comme « citoyen, analyste et acteur politique » afin de justifier ses « appréciations critiques », qu’il évite de tourner, dit-il, en « jugement de valeur ou en règlements de comptes » (p. 3). Lesquels ? L’auteur ne dit rien de plus à cet égard. L’ouvrage est divisé en huit chapitres. Le premier, « Système scolaire québécois », couvre une vaste période allant de l’après-Conquête jusqu’à la création du réseau des cégeps et universités. Dans les chapitres deux à sept, le récit historique est abordé de manière chronologique jusqu’à 2013. Chacun des chapitres présente une structure semblable, qui commence par une sorte de mise en contexte s’étalant sur environ la moitié des pages. Subséquemment, l’auteur aborde les épisodes de confrontation (grèves) avec le pouvoir politique en signalant la formation des organisations nationales des étudiants ainsi qu’en abordant les thématiques jugées les plus pertinentes pour chaque période. Dans le dernier chapitre, l’auteur élabore davantage sa position contre la gratuité scolaire. Simard part de la prémisse que le mouvement étudiant est avant tout « le fait des élites » en raison de la composition socio-économique des universités. Les institutions d’éducation supérieure constituent un outil de promotion sociale, « de sorte que de nombreux individus issus des classes moyennes inférieures et populaires leur doivent leur ascension » (p. 3). Là se trouverait la raison de l’adhésion de plusieurs étudiants de classes moins favorisées à la militance étudiante. De cette perspective, l’auteur considère que le mouvement étudiant participe à la « reproduction sociale » et n’est donc pas, contrairement à ses prétentions, « un vecteur de changement ». Malgré sa rhétorique progressiste, le mouvement ne défendrait en réalité que les intérêts des classes moyennes et supérieures « surreprésentées » dans les universités. Appuyé sur ces considérations, Simard définit les organisations étudiantes, toutes périodes confondues, comme des « mouvements corporatistes », centrés sur des revendications à caractère financier (p. 3-4). On regrette que cet ouvrage ne repose que « partiellement » …