Deux piliers nous ont quittésJuliette Lalonde-Rémillard (1916-2014). Lise McNicoll (1950-2015)[Notice]

Coup sur coup, à six mois de distance, les deux figures les plus présentes à l’Institut et à la Revue d’histoire de l’Amérique française nous ont quittés : celles qui furent leurs valeureuses secrétaires, depuis le début en 1946 jusqu’en 2010, soit plus de 60 ans ! Juliette Lalonde était la nièce de Lionel Groulx. Il lui a proposé de devenir sa secrétaire le jour de ses 21 ans, le 19 septembre 1937. Elle l’a accompagné durant toute sa vie, y compris au 261, avenue Bloomfield, à Outremont, à partir de 1939. Elle sera la secrétaire de la Fondation Lionel-Groulx, depuis le début en 1956 jusqu’à sa retraite en 1999, à l’âge de 83 ans. Elle fut la cheville ouvrière de la publication des Mémoires de Groulx (1970-1974) et de l’édition critique de ses inédits, notamment de sa Correspondance, dont quatre tomes sont parus (1989-2013). Le tome 4 contient d’ailleurs, de la plume de sa collaboratrice Giselle Huot, un remarquable « Hommage à Juliette Lalonde-Rémillard », qu’on peut facilement consulter sur Internet. Madame Rémillard, nom sous lequel nous l’avons connue pendant plusieurs années, a publié beaucoup de ses souvenirs, attachants comme elle pouvait l’être elle-même. De sa conférence « Lionel Groulx, l’homme que j’ai connu » (Fides, 2000), tirons ces quelques lignes sur les débuts de l’IHAF en 1946 et de la RHAF en 1947 : Parlant ensuite des débuts de la Revue : La correction d’épreuves ! Elle en était, comme l’écrit si bien Giselle Huot, « la championne toutes catégories ». Relisons Groulx, dans le tome 3 de ses Mémoires : Vocabulaire d’une époque. Les années qui suivront, Juliette Rémillard poursuivra ce précieux travail avec les présidents et présidentes de l’IHAF et les directeurs et directrices de la RHAF, un monde où les femmes tiennent désormais une place plus déterminante. Et que dire de son travail au Centre de recherche Lionel-Groulx, fondé en 1976 ? J’emprunte à Juliette elle-même la description des principaux buts de ce centre : « Constituer un fonds d’archives, créer un climat de travail fécond, d’initiative, faire en sorte que le chercheur ou l’étudiant puisse travailler avec aisance et facilité » (p. 47). Sa recherche pour les fonds d’archives des principales figures nationalistes du Canada français a été déterminante, de même que son accueil des chercheurs, si apprécié. C’est dans ce monde qu’apparaît Lise McNicoll, engagée à plein temps à l’Institut en avril 1978. Elle remplaçait Juliette Rémillard, qui se concentrait dès lors sur la Fondation et l’édition critique de Groulx. Comment enfiler d’aussi grandes chaussures ? Avec beaucoup de détermination et de savoir-faire, Lise se mit à l’oeuvre. Elle partageait avec madame Rémillard ce même culte du travail bien fait et un dévouement entier à l’Institut et à la Revue. Avec les moyens électroniques qui sont aujourd’hui les nôtres, on ne se souvient guère de ce que pouvaient représenter la mise en pages et la correction des six cents pages et plus que publie chaque année la Revue. Sans oublier les relations avec les auteurs d’articles ou de comptes rendus, surtout les retardataires…, avec les imprimeurs ou l’administration des abonnements. L’Institut représentait lui aussi une tâche aux mille exigences : recherche de subventions, aux formulaires toujours plus longs et compliqués au fil des ans, organisation des congrès. Le congrès annuel : voilà un champ d’action où Lise a fait merveille pendant de nombreuses années. Les organisateurs de ces congrès se souviennent de la chance qu’ils ont eue de pouvoir compter sur elle, qui savait comment faire tourner la machine, était toujours là en soutien, s’assurait que rien d’important ne …