Résumés
Résumé
Le monde de la traite des fourrures a vu le jour à partir des années 1650 dans le bassin hydrographique des Grands Lacs et du fleuve Saint-Laurent, avec Montréal comme point de jonction entre les Pays d’en Haut et diverses paroisses canadiennes-françaises de la vallée du Saint-Laurent. Les marchandises, les peaux, les populations et les moeurs sociales circulaient dans ce bassin hydrographique ; cette circulation témoignait de l’intense mobilité qui définissait la société vivant de la traite des fourrures. Ce monde a perduré jusqu’au XIXe siècle, en dépit de profonds changements sociétaux. S’appuyant sur le poste de traite des fourrures de La Pointe comme centre d’observation, l’étude de ces « paysages familiaux » lève le voile sur un monde où les concepts d’identité nationale (ou coloniale) et de frontières étatiques étaient au fond dénués de sens jusqu’au milieu du XIXe siècle. Les notions autochtones de parenté, liées aux notions franco-catholiques de parenté symbolique (et spirituelle), ont créé toute une série de communautés interreliées, vouées à la traite des fourrures. Celles-ci partageaient des valeurs fondamentales clés et ont permis à une économie et à une société axées sur la traite des fourrures de perdurer et de prospérer pendant plus de deux cents ans.
Abstract
Beginning in the 1650s, a fur trade world emerged in the Great Lakes-St. Lawrence River watershed, with Montreal as the nexus point linking the Pays d’en Haut to various St. Lawrence Valley French-Canadian parishes. Goods, pelts, peoples and social mores circulated throughout this watershed as manifestations of the intense mobility that defined fur trade society. This world endured into the nineteenth century despite a series of sweeping societal changes. A study of these ‘kinscapes’, using the fur trade post of La Pointe as locus, reveals a world where until the mid-nineteenth century concepts of national (or colonial) identities and state borders were essentially meaningless. Indigenous notions of kin, linked to French Catholic notions of symbolic kinship (godparents), created a whole series of inter-linked fur trade communities that shared sets of key core values and allowed a fur trade economy and society to endure and prosper for over 200 years.