In memoriam André Lachance (1937-2021)[Notice]

  • Guy Laperrière

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  • Guy Laperrière
    Professeur retraité, Université de Sherbrooke

Notre collègue André Lachance est décédé à Sherbrooke, le 16 juillet 2021, des suites d’un cancer, à l’âge de 83 ans. Il fut membre du comité de rédaction de cette revue de 1995 à 1998. Natif de Québec, il y fait toutes ses études, notamment à l’Institut d’histoire de l’Université Laval, entre 1960 et 1966. C’est là que, grâce à Marcel Trudel, il a la piqûre de la Nouvelle-France. Poursuivant ses études à la maîtrise, il mène un recherche qui sera publiée par la Société historique de Québec, Le bourreau au Canada sous le régime français. Il rédige sa thèse de doctorat, intitulée « La justice criminelle du roi en Canada, 1712-1748 », sous la direction de Marcel Trudel, puisant dans les archives judiciaires, dans la ligne de l’histoire sociale qui devenait alors le courant principal en histoire. Cette thèse donne lieu à la publication de deux livres, La justice criminelle du roi au Canada au XVIIIe siècle. Tribunaux et officiers (1978) et Crimes et criminels en Nouvelle-France (1984). Après avoir enseigné aux niveaux secondaire et collégial, ainsi qu’à l’Université Laval, il est recruté en 1968 par le Département d’histoire de l’Université de Sherbrooke. Il y fera carrière pendant trente ans, dirigeant le département à deux reprises dans les années 1970 et promouvant la recherche et les études supérieures. Désireux d’encourager ses étudiants à publier leurs travaux, il dirige deux collectifs issus de leurs recherches : Les exclus, les marginaux et l’autre au Canada aux 17e et 18e siècles (1996) et La vie est si fragile… Étude sur la mort violente dans les Cantons de l’Est, 1900-1950 (2002), deux thèmes qui montrent bien son souci pour les plus démunis. Il prend sa retraite en 1998 et se consacre à la vulgarisation de l’histoire de la Nouvelle-France, ce qui donne lieu à la publication, principalement chez Libre Expression, de cinq ouvrages, entre 2000 et 2011. Le premier est un succès de librairie : Vivre, aimer et mourir en Nouvelle-France. La vie quotidienne aux XVIIe et XVIIIe siècles. Pour s’assurer d’être bien compris de tous, il fait relire ses manuscrits par son épouse Louisette Hudon, qui fut sa proche collaboratrice pendant toutes ces années. Les titres des quatre autres ouvrages disent bien son engagement en histoire sociale de la Nouvelle-France : Juger et punir ; Vivre à la ville ; Séduction, amour et mariages ; Délinquants, juges et bourreaux. Il répond aussi aux appels de l’Association des familles Pépin, Lachance et Laforce, en rédigeant pour elle deux biographies : Antoine Pepin dit Lachance, 1636-1703, un pionnier de l’île d’Orléans (1998) et Robert Pepin, c. 1639-1686, un pionnier sur les toits de Québec au XVIIe siècle (2005). Bref, André Lachance a cru profondément au rôle de l’histoire, et en particulier de l’histoire sociale, pour faire connaître la vie quotidienne des petites gens et c’est à eux qu’il a voulu la restituer en priorité. Il a poursuivi son travail jusqu’au bout : il y a quelques mois à peine, il a déposé chez un éditeur un manuscrit reprenant plusieurs des innombrables conférences données depuis 2000 sur divers sujets touchant la vie en Nouvelle-France. Un homme discret mais assidu, un collègue apprécié, au service de ses idéaux.