Comptes rendus

Laperle, Dominique. Faire projet d’un héritage. La réception du Concile Vatican II chez les religieuses de l’archidiocèse de Montréal (1961-1988). Québec, Presses de l’Université Laval, 2020, 272 p.[Notice]

  • Cassandra Fortin

…plus d’informations

  • Cassandra Fortin
    Centre d’archives Mgr-Antoine-Racine (Sherbrooke)

Dans son tout nouveau livre Faire projet d’un héritage, Dominique Laperle se penche sur la question de la réception du concile Vatican II dans les congrégations féminines, majoritairement enseignantes, du diocèse de Montréal de 1961 à 1988. À partir de l’analyse d’un important corpus documentaire provenant notamment de la congrégation de Notre-Dame, des Soeurs des Saints Noms de Jésus et de Marie, des Soeurs de la Présentation de Marie et des Soeurs de Sainte-Croix, il tente de comprendre comment la réception conciliaire s’est concrétisée dans ces communautés féminines, et si les transformations suscitées par cet évènement ont bien été une réussite. Divisé en cinq chapitres suivant une trame chronologique, l’essai s’ouvre sur l’enquête préconciliaire de 1961 menée à la demande du cardinal Paul-Émile Léger auprès des communautés religieuses et des instituts séculiers. Ceux-ci sont invités à répondre à un questionnaire portant sur la vie religieuse dans sa globalité et les réponses obtenues devaient permettre aux autorités diocésaines d’avoir un portrait clair des attentes et préoccupations des religieuses en temps préconciliaire. Les répondantes, majoritairement des communautés enseignantes, ont abordé toutes les sphères de leur vie quotidienne, allant des vocations à la formation théologique et à l’habit religieux. Cette enquête préconciliaire a certainement permis aux religieuses une première mise en contact avec le futur concile. Cependant, les réponses obtenues représentent moins de 15,7 % de l’ensemble des communautés du diocèse, ce qui ne permet pas d’affirmer que cette enquête a eu une influence majeure sur la réception conciliaire dans les communautés religieuses. Le deuxième chapitre s’attache à la réception du concile à travers les voix des revues catholiques spécialisées, publiées entre 1958 et 1967, et des lettres circulaires des supérieures des communautés. L’analyse du contenu de deux revues spécialisées (Donum Dei et La vie des communautés religieuses) met en lumière l’horizon d’attente des religieuses, puisque les auteurs de la publication tentent alors de saisir les visées de l’évènement conciliaire et leur répercussion sur les fondements de la vie religieuse. Plus encore, les analyses que font les spécialistes des textes conciliaires facilitent leur appropriation par les religieuses. C’est toutefois la lecture des lettres circulaires rédigées par les supérieures des communautés religieuses qui aura un impact plus important sur la réception conciliaire. À partir de l’analyse des lettres circulaires des supérieures de la congrégation de Notre-Dame entre 1954 et 1984, Laperle démontre que ces dernières ont intégré les textes conciliaires à la réalité quotidienne et féminine de la communauté, notamment par l’utilisation des écrits de la fondatrice de l’ordre, des textes conciliaires et des références bibliques. Il faut toutefois faire attention à une généralisation abusive à partir de l’analyse d’une seule communauté religieuse, bien que ces revues et circulaires aient sans conteste été des sources de réflexion pour les religieuses. L’auteur explore dans le troisième chapitre un évènement tout à fait unique au diocèse de Montréal : l’organisation d’un congrès pour les religieuses en 1968. Il souhaite démontrer que ce congrès a permis aux religieuses de vivre une expérience positive de l’intégration conciliaire, qui ne peut qu’aboutir à une appropriation collective du concile influençant immanquablement leur adaptation. Ce congrès devait offrir un temps de réflexion pour approfondir le sens de la vie religieuse dans le monde d’aujourd’hui et traduire les grands enseignements conciliaires dans la réalité concrète des religieuses. Les différentes conférences et réflexions suscitées par le congrès, notamment sur l’affirmation féminine et l’inscription des religieuses dans le monde, tendent à confirmer que cette expérience a été marquante d’un point de vue local et essentielle au processus de réception conciliaire dans le diocèse de Montréal. Toutefois, la baisse du recrutement et …