Mary Dunn est professeure d’études théologiques et directrice du Centre de recherche sur le catholicisme mondial à l’Université de Saint Louis au Missouri. Ses recherches sur la Nouvelle-France ont donné lieu notamment à la publication de deux ouvrages sur Marie de l’Incarnation ainsi que des articles sur les miracles enregistrés à Sainte-Anne-du-Petit-Cap, le culte de sainte Anne, les écrits des Jésuites et l’ambiguïté des récits de la possession démoniaque de Barbe Hallay. Son dernier livre prolonge son analyse théorique de la culture religieuse en s’intéressant aux significations construites (« meanings made ») relatives aux enjeux de « embodied difference in early modern Catholic Canada under the French regime » (p. 4). C’est aussi probablement la publication la plus ouvertement personnelle de Dunn, puisqu’il s’agit, comme elle le dit, d’un projet qu’elle a entrepris « in response to [her] own need to textualize, contain, and explain [her] family’s encounter with disability » (p. 4). Le livre qui en résulte constitue une intervention importante et passionnante dans le domaine de la recherche sur la religion en Nouvelle-France, qui montre l’intérêt de s’appuyer sur des expériences personnelles pour appliquer les théories des études religieuses et des études sur les handicaps aux textes de l’Amérique du Nord du début de l’ère moderne. L’ouvrage est composé de quatre chapitres principaux, chacun basé sur une source unique ou sur une collection de sources, plus une introduction et une conclusion. Le chapitre premier, « Bedside Manners : Illness Narratives in the Jesuit Relations », se concentre sur la raison pour laquelle il y a tant d’histoires de malades et d’infirmes dans les rapports publiés par les missionnaires jésuites. Dunn soutient que ces derniers, en essayant de donner un sens aux souffrances qui les entouraient, ont transformé la maladie en occasions de conversion, de pratique de la vertu chrétienne et de démonstration de la puissance de Dieu dans leurs récits. Le chapitre 2, « Recovery and Redemption in the Histoire de l’Hôtel-Dieu de Québec », considère les récits de maladie contenus dans cet ouvrage (probablement mieux connu sous le nom d’Annales de l’Hôtel-Dieu) comme un moyen d’enseigner aux membres de la communauté augustinienne les valeurs de la profession d’infirmière militaire. Le chapitre 3, « Hagiographic Prosthetics in the Vie de la Mère Catherine de Saint-Augustin », examine la biographie par Paul Ragueneau de la religieuse hospitalière comme un récit de maladie extensif qui permet au jésuite de montrer les possibilités christologiques et hagiographiques de son sujet. Le chapitre 4, « Divine Presence in the Actes du très-dévot Frère Didace Pelletier », interprète les récits de guérisons miraculeuses comme des histoires destinées à montrer la présence réelle de Dieu. Chacun de ces quatre chapitres pourrait se suffire à lui-même, mais ensemble, ils se renforcent mutuellement et permettent aux lecteurs et lectrices d’approfondir leur compréhension du handicap et de la maladie dans une variété de textes de la Nouvelle-France. Ces quatre chapitres sont enrichis par l’introduction, qui présente les théories et cadres d’analyse des études sur le handicap et des études religieuses qui sont utilisés tout au long du livre, et par la conclusion, qui offre une discussion approfondie sur les objectifs généraux de l’ouvrage : élaborer « one long, sustained argument in defense of narrative as a medium of meaning-making » et aider les lecteurs à comprendre que « there is more than one way to tell a true story » (p. 152). Dunn s’intéresse particulièrement au sens (meaning). Son analyse porte davantage sur ce que les expériences des personnes ont signifié pour ceux et celles qui ont écrit à leur sujet que sur ces …
Dunn, Mary. Where Paralytics Walk and the Blind See. Stories of Sickness and Disability at the Juncture of Worlds (Princeton, Princeton University Press, 2022), 224 p.
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Mairi Cowan
Université de Toronto
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