Résumés
Résumé
En se basant sur la correspondance d’Elizabeth Willing Powel, femme de l’élite philadelphienne de la fin du xviiie siècle, cet article explore comment cette dernière, en se référant à des textes littéraires, utilise l’activité épistolaire pour véhiculer ses vues sur la place des femmes dans la société et sur leur éducation. Il est également question d’étudier comment, pour Elizabeth, la correspondance est un médium de participation active à une société en transformation et d’ancrage de sa féminité dans le temps.
Abstract
Based on the correspondence of Elizabeth Willing Powel, eminent member of the elite of eighteenth-century Philadelphia, this article explores how this woman uses epistolary activity to vehicle her views of women’s place in society et on female education by referring herself to literary texts. Another purpose of the article is to study how correspondence is a medium of social participative action for Elizabeth and a way to root herself and her femininity in time.
Corps de l’article
Le xviiie siècle, dans le monde Atlantique, est celui de l’accroissement de la pratique de l’écriture et de la circulation de lettres, et ce à tous les niveaux de la société, chez les hommes comme chez les femmes. En effet, les romans épistolaires, les manuels d’écriture de lettres et les correspondances publiées envahissent alors le marché de l’imprimé. Ce type d’ouvrages constitue d’ailleurs une source majeure pour les historiens qui étudient la pratique épistolaire[1]. Cet article entend toutefois s’éloigner de l’étude de fictions et des manuels afin de contribuer à la production historiographique récente qui étudie les correspondances non pas uniquement pour leur contenu, ou encore comme objet littéraire, mais comme objet historique et médium communicationnel en soi, tout en dégageant les significations culturelles et sociales de l’activité épistolaire[2]. Ce faisant, il suit les traces de l’historien Konstantin Dierks, qui soutient que, dans une société en transformation, l’élite, les hommes, les femmes, et les gens de la classe moyenne émergente, prennent la plume pour marquer, de façon consciente ou pas, leur présence, leurs activités et leur agentivité au sein de cette société[3]. Cet article s’inscrit également en continuité avec les travaux d’importantes historiennes telles Mary Beth Norton et Linda K. Kerber qui ont montré que les femmes de la société américaine du xviiie siècle étaient considérées et se considéraient inférieures aux hommes et inaptes aux affaires publiques, en même temps que la place de l’éducation féminine est devenue de plus en plus importante dans le discours de l’époque[4].
L’expression de l’agentivité féminine a souvent été étudiée dans le cadre de la sociabilité des salons[5], mais l’agentivité féminine par l’activité épistolaire est un sujet plutôt récent, surtout au sein de l’historiographie américaine[6]. En ciblant la personne et la correspondance d’Elizabeth Powel, cet article entend analyser l’agentivité des femmes dans l’écriture de lettres, tout en mettant en lumière un personnage historique relativement notoire, mais délaissé par les historiens. Membre important de l’élite de Philadelphie durant l’ère révolutionnaire américaine, Elizabeth Willing Powel est connue des spécialistes de l’histoire de cette ville et est mentionnée dans quelques ouvrages, mais outre l’étude de David Maxey sur un portrait d’Elizabeth par Matthew Pratt qui contient beaucoup de données biographiques, elle n’a jamais été au centre d’une étude historique[7]. Éduquée et cultivée, témoin privilégié de l’ère révolutionnaire américaine, Elizabeth partage ses goûts littéraires, ses pensées sur l’éducation des femmes et leur place dans la société par le biais de sa riche correspondance, qu’elle prenait soin de copier[8]. En se penchant sur ces écrits, cet article entend analyser son discours sur les femmes, sur leur caractère et leur rôle dans la société, et observer comment Elizabeth utilise l’acte épistolaire comme medium afin de se doter d’une agentivité et d’un rôle participatif dans la société. Ainsi, il sera question de saisir comment et pourquoi Elizabeth, tout en respectant sa place sociale, prend la plume pour commenter le caractère féminin, définir le rôle social des femmes et défendre la nécessité de leur éducation.
Elizabeth Willing Powel : une introduction
Elizabeth Willing Powel est née en 1742 au sein d’une éminente famille de Philadelphie et, plus précisément, d’une élite alors en processus d’édification selon le modèle de la noblesse et de la gentry britanniques[9]. Le père d’Elizabeth, Charles Willing, né en Angleterre, était un important membre de l’élite marchande philadelphienne, qui, vers la seconde moitié du xviiie siècle, a contribué à élever cette ville au statut du plus important port en Amérique du Nord. Sa mère, Ann Shippen, issue d’une des plus influentes familles de Philadelphie, faisait partie de ces femmes de l’élite qui cherchaient à émuler la gentility anglaise sur tous les plans – sociabilité, loisirs, mode, consommation, manières – afin de raffiner et d’enrichir la société philadelphienne. Elles s’inspiraient également de la littérature britannique pour éduquer leurs filles afin que celles-ci puissent être des mères, des épouses et des hôtesses accomplies[10]. Ainsi, bien qu’Elizabeth et ses cinq soeurs n’aient fréquenté aucune école, elles ont bénéficié d’une éducation privée plutôt complète considérant leur sexe et l’époque : elles étaient versées dans l’art de la conversation, en orthographe et en grammaire, et raffinées dans leur style d’écriture[11].
En 1769, Elizabeth épouse l’un des plus riches marchands et propriétaires fonciers de Philadelphie, Samuel Powel III (1738-1793). Dernier maire de Philadelphie de l’ère coloniale et premier maire de l’ère républicaine, Powel est parmi les premiers jeunes américains provenant d’un milieu aisé à faire un Grand Tour en Europe après avoir étudié au College of Philadelphia. Entre 1760 et 1767, Powel a visité Londres, où il a notamment assisté au couronnement de Georges III, l’Écosse, Paris, où il a rencontré Voltaire, et l’Italie, où il a étudié l’art et l’architecture classique à Rome[12]. Si Elizabeth elle-même n’a jamais voyagé en Europe, elle a grandi et évolué dans un milieu imprégné d’influences européennes et entourée de personnes ayant voyagé en Europe. Le 244 Third Street, aujourd’hui connu sous l’appellation Powel House, a été acheté par Samuel Powel cinq jours après son mariage avec Elizabeth ; celle-ci le vend en 1798, cinq ans après que son mari soit décédé de la fièvre jaune[13]. Ainsi, la vie d’Elizabeth à la Powel House est intrinsèquement liée à sa vie de couple. La Powel House était un lieu où avaient cours des pratiques de sociabilité raffinées. Construite dans le quartier baptisé Society Hill en 1754, aujourd’hui préservée par la Philadelphia Society for the Preservation Landmarks, la Powel House était et est encore considérée comme l’un des plus beaux exemples d’architecture géorgienne en Amérique, justement qualifié de « place splendide » par John Adams[14]. Adams n’est d’ailleurs pas le seul personnage d’importance qui a franchi le seuil de la Powel House. Après l’occupation de la ville par les britanniques lors de la guerre d’Indépendance, durant la décennie 1780, l’influence d’Elizabeth à Philadelphie en tant qu’hôtesse n’a cessé de grandir. Les membres de la famille des Powel, les plus importantes familles de Philadelphie, certains membres de l’élite culturelle et politique américaine, de même que des visiteurs étrangers, tels les marquis de Chastellux et de Lafayette, se sont succédé dans les magnifiques salle à manger, salle de bal et salon de la Powel House[15].
Les quelques commentaires de visiteurs ayant goûté à la sociabilité d’Elizabeth qui subsistent insistent sur les mêmes dimensions de sa personnalité et de son accueil. Résumant la pensée de plusieurs, le marquis de Chastellux, qui a été reçu par les Powels en 1780, la dépeint ainsi :
Mrs Powel […] a beaucoup lu, et fructueusement : il serait injuste de dire, peut-être, qu’elle diffère en cette instance des autres dames américaines ; mais ce qui la distingue vraiment, c’est son goût pour la conversation et la manière réellement européenne avec laquelle elle utilise son esprit et ses connaissances[16].
Elizabeth se démarque donc de ses contemporaines par un art certain de la conversation et par sa sociabilité à l’européenne. Abigail Adams, qui a rencontré Elizabeth alors qu’elle s’installait à Philadelphie en temps qu’épouse du vice-président, souligne également le fait qu’Elizabeth se distingue, notamment par sa conversation : « De toutes les dames que j’ai rencontrées et avec lesquelles j’ai discuté, Mrs. Powel est la mieux informée. Elle est aimable, affable, une femme bonne, alerte et pleine de conversation »[17]. Les Powel Family Papers contiennent trois poèmes qui encensent Elizabeth et qui tous trois soulignent les mêmes qualités : « Son esprit bien cultivé est plein de bon sens / Aussi bien que tous hommes de la création / Son style est correct et son éloquence pure / Sa sophistication est chaleureuse, comme son coeur / Ses amitiés sont peu nombreuses, mais pour toujours durent », affirme l’un d’entre eux[18]. Aux yeux de ses contemporaines, Elizabeth s’illustrait donc par sa conversation, son intelligence, ses connaissances, son goût, son raffinement et son amabilité.
Écrire pour s’ancrer dans le temps
Les premières lettres d’Elizabeth qui ont été conservées datent de la fin des années 1760 et les dernières frôlent le début des années 1820[19]. L’état de préservation de sa correspondance s’explique entre autres par son souci de recopier ses missives, comme en témoigne la mention « copy » écrite de sa main sur plusieurs d’entre elles. Dans certains cas, l’original et la copie subsistent. Il est conséquemment possible de conclure que Elizabeth transcrivait presque à l’exactitude la copie avant d’envoyer l’original. Tout au plus, un mot est oublié ou une erreur corrigée. La première transcription d’une lettre signée de sa main date de 1781 et porte même la mention « une vraie copie »[20]. À ce moment, la ville de Philadelphie connait la fin de la Guerre d’indépendance après avoir été le théâtre des débuts révolutionnaires — évènements qui peuvent affecter la circulation et la conservation d’écrits — et s’apprêtait à devenir le centre des débats politiques qui ont mené à la rédaction de la Constitution et aux débuts de la république. Philadelphie, comme la Powel House, avait vécu l’occupation britannique de près, puisque l’armée anglaise avait contrôlé la ville de septembre 1777 à juin 1778, alors que la demeure d’Elizabeth avait été réquisitionnée comme lieu de résidence par le comte de Carlisle, commissionnaire britannique, pendant deux semaines, période durant laquelle les Powel avaient vécu confinés dans les quartiers des domestiques[21]. Les sentiments des Powel quant à l’occupation de leur demeure ne sont pas connus, mais dans une lettre écrite en avril 1778 à sa soeur Anne W. Françis, Elizabeth exprime clairement son désarroi et sa colère envers la dévastation de Philadelphie et la destruction de biens :
Mr. Powel endure la situation comme un philosophe et moi come une vraie mortelle. Au début, j’étais aussi oppressée par la perte de biens intimes qu’on peut l’être, mais la rage a rapidement succédé au chagrin et je m’emporte complètement à chaque fois que j’aborde le sujet[22].
Le souci d’Elizabeth de recopier et de conserver sa correspondance a peut-être émergé en réaction à la destruction dont elle a été témoin et aux ruines qui l’entourent désormais et lui rappellent constamment la brisure entre le passé et le présent[23].
De nombreuses études concernant la fiction épistolaire ou les correspondances publiées au xviiie siècle font état d’une double nature de la lettre : privée et publique. La lettre est un lieu de conversation privé entre deux correspondants qui pallient la distance — ce qui est souvent le cas des lettres familières — ou encore qui permet d’aborder des sujets qui ne sont pas appropriés aux conversations en personne. Les lettres sont alors confidentielles, et destinées à un seul lecteur[24]. Pour les épistoliers du xviiie siècle, cette confidentialité implicite fait de la lettre un lieu parfait pour quitter l’aspect mondain de la sociabilité et être plus authentique, sincère et spontané[25]. Comme il est souligné dans de nombreux manuels épistolaires du xviiie siècle, la lettre doit être écrite comme si on parlait à son destinataire, mais dans un langage franc, sans l’esprit qui caractérisait les conversations en société[26]. En réalité, autant le contenu d’une lettre peut être empreint d’une sincérité et d’une simplicité qui se démarquent de la conversation en société, autant l’acte d’écrire une lettre ne peut être complètement spontané et authentique, ne serait-ce que parce que l’écriture épistolaire est apprise par l’imitation des lettres contenues dans les manuels en circulation. De plus, ces manuels différencient et classifient les types de correspondances selon le but poursuivi et proposent divers conseils et formules d’ouverture et de fermeture selon le degré d’intimité entre l’épistolier et le destinataire[27]. L’acte épistolaire est défini par la distance et l’absence du destinataire, et nécessite donc de la part de l’épistolier un travail de projection dans le temps, d’annihilation de la distance par ses mots, d’imagination de la réaction de son correspondant et d’utilisation de la lettre comme une représentation de soi. Il est conséquemment impossible de concevoir les correspondances comme un lieu de spontanéité et d’authenticité absolue, car la recherche même de ces qualités implique une réflexion, une structure et une performance : il y a médiation dans l’écriture épistolaire[28]. En outre, la correspondance a également pour caractéristique d’être publique. Il n’est pas certain qu’une lettre ou une correspondance demeure privée : une lettre peut circuler au sein d’une famille ou d’un cercle social[29], sans oublier le fait que, dans un contexte où une grande partie de la littérature anglaise et française du xviiie siècle est composée de correspondances publiées ou de fictions épistolaires, la publication de sa correspondance était une possibilité réelle, surtout chez les membres de l’élite sociale et intellectuelle[30]. Ces éléments sont à prendre en considération dans l’étude du corpus épistolaire d’Elizabeth et de sa façon d’écrire, car il est fort possible qu’elle ait envisagé qu’une partie de sa correspondance soit publiée[31], non seulement parce qu’elle était au fait de l’importance historique et transformatrice de l’ère révolutionnaire dont elle a été le témoin, mais aussi parce qu’elle correspondait avec des sommités telles George Washington et qu’elle était parfaitement consciente de l’intérêt qu’il suscitait[32]. Toutefois, les raisons pour lesquelles Elizabeth copiait ses lettres tenaient probablement plus d’une préoccupation quotidienne : ces copies composaient ses archives personnelles auxquelles elle pouvait se référer pour nourrir sa mémoire et ses correspondances[33]. Si elle envisageait que ses lettres puissent avoir une certaine postérité, elle pensait peut-être simplement aux futures générations de sa famille.
Vers la seconde moitié du xviiie siècle, l’accessibilité croissante de la sociabilité de lettres permet à une plus vaste partie de la population américaine d’agir, de façon consciente ou pas, sur la société, de devenir un acteur participatif du changement : l’épistolaire devient médium d’agentivité[34]. Ainsi, la correspondance permet aux Françaises, aux Britanniques et aux Américaines de jouer avec la nature à la fois publique et privée de ce type d’échange afin de s’épanouir hors du cercle domestique et de se forger des amitiés féminines, parfois même masculines, solides, et de se définir un rôle familial, social, culturel, économique et politique[35]. Comme le disent si bien Marie-France Silver et Marie-Laure Girou Swiderski : «Évitant de heurter de front la vision traditionnelle du rôle féminin, [les femmes] sauront utiliser la demande de l’autre, alibi de leur écriture, pour justifier l’expression de leur opinion sur le monde et la réalité de leur temps »[36]. « Écrire sa vie, c’est déjà la changer, écrire le réel, c’est agir sur lui », ajoutent ces mêmes auteures[37]. L’écriture de lettres permet une prise de conscience, une affirmation de soi, la possibilité de se créer : le fait qu’Elizabeth semble commencer à recopier ses lettres à la suite de la Guerre d’indépendance est peut-être un signe que ces évènements ont généré chez elle une prise de conscience de la transformation de la société américaine coloniale, dans laquelle elle a vécu les trente premières années de sa vie, vers une société républicaine dans laquelle elle évoluera par la suite. Écrire et recopier sa correspondance était une façon, plus ou moins consciente, de participer à cette transformation. L’écriture épistolaire permet aussi d’assurer une continuation dans le temps, et donc d’avoir la possibilité de renouer avec le passé – ce qui pourrait expliquer pourquoi il existe beaucoup plus de lettres et de copies du temps du veuvage d’Elizabeth que du vivant de Mr. Powel, où elle était une hôtesse très active en société. Puisque ses obligations domestiques sont moindres, et que son âge et sa santé déclinante l’empêchent de paraître autant en société, Elizabeth renoue avec ce passé par l’activité épistolaire et, de cette manière, reconstruit son identité de femme de société[38]. Il est donc important de prendre en considération, lorsque nous analysons sa correspondance, qu’Elizabeth évolue dans une société américaine en plein bouleversement, entourée d’une pluralité d’écrits épistolaires qui saturent le marché de l’imprimé alors même que la diffusion de la culture de l’imprimé éveille l’attention du lectorat à la temporalité et aux changements. La lettre s’impose alors comme médium de communication, par lequel le geste d’écriture des lettres devient associé à cette la possibilité de participer et de s’inscrire dans la temporalité de ces transformations sociales[39]. Ainsi, quelles qu’aient été les intentions d’Elizabeth, ou son niveau de conscience par rapport à l’impact potentiel de l’acte épistolaire, elles sont dédoublées par le fait qu’elle recopiait ses lettres et donc les ancrait plus profondément dans le temps et l’espace.
Elizabeth, la littérature et la féminité
Parmi les éléments de la vie et de la personnalité d’Élizabeth qui émergent dans ses lettres, le goût pour la lecture est particulièrement important. En effet, elle recommande et commente souvent divers livres et pamphlets (dont les titres et les auteurs sont malheureusement omis), dans sa correspondance[40]. La littérature concernant les femmes et leur éducation semble avoir été l’un de ses sujets de prédilection sur lequel ses correspondants lui demandent conseil. C’est à travers ces conseils et suggestions littéraires que l’opinion d’Elizabeth sur le rôle et la place des femmes dans la société apparaît. À l’instar de plusieurs de ses contemporaines, elle a des idées très précises sur la question qui n’ont en fait rien de très nouveau : les qualités propres aux femmes les confinent à la sphère domestique, au rôle d’épouse et de mère. Cette féminité, telle que décrite par l’historienne Mary Beth Norton, se définit par les caractéristiques suivantes : pure, tendre délicate, irritable, affectionnée, flexible, patiente, chaste, modeste, enjouée, sympathique, affable et émotionnelle[41].
Dans deux lettres destinées à sa soeur Mary W. Byrd, Elizabeth mentionne Joseph Addison en termes encenseurs. Dans l’une d’elles, elle affirme : « les travaux de Mr. Addison et certains essais du Tatler sont infiniment supérieurs, tant pour la pédagogie que pour le style »[42] ; « le sublime Addison », précise-t-elle dans une autre missive[43]. L’influence culturelle de Joseph Addison, écrivain et auteur de plusieurs essais dans les journaux Tatler et Spectator, est colossale, surtout en ce qui a trait à la définition de la place, des rôles et des qualités proprement féminines et masculines[44]. En effet, non seulement Addison a-t-il contribué à répandre les idéaux associé à la gentility et au raffinement qui caractérisaient la haute société britannique et américaine et auxquels Elizabeth adhère, mais il a clairement défendu l’idée que la place où les femmes se distinguent est au sein de la famille, qu’elles ne sont pas faites pour tenir un rôle public[45]. C’est selon cette vision de la femme qu’Elizabeth critiquera certaines actions de sa soeur, Mary Willing Byrd. L’ère révolutionnaire fut dure envers cette dernière : son époux, le colonel William Byrd III était un personnage dont la loyauté a été contestée à la fois par les révolutionnaires et les Britanniques et qui, croulant sous les dettes, s’est suicidé en 1777. La propriété de Mary Byrd fut alors saisie par les révolutionnaires. Ayant conservé sa neutralité, Mary Byrd considérait avoir été traitée injustement et elle portera sa cause devant la cour civile de la Virginie où elle obtiendra que les accusations pour traîtrise envers la cause révolutionnaire soient abandonnées. Dans sa défense, Mary Byrd a utilisé avec doigté la carte patriotique et mis l’accent sur son statut de femme et de mère, en conformité avec les préceptes addisoniens[46]. Le fait même d’aller en cour, par contre, la plaçait dans un rôle public. Elizabeth, écrivant à sa soeur à ce sujet, cite justement Addison pour exprimer son désarroi à l’idée que celle-ci se retrouve dans une telle situation :
Il y a simplement quelque chose dans le délicat caractère féminin qui se révolte à l’idée d’être appelé en cour pour quelque occasion. En effet, ma timidité est telle que si j’étais appelée en cour de justice pour répondre à quelques accusations, peu importe si elles étaient fondées ou pas, je crois véritablement que je mourrais même si j’étais en possession des faits les plus substantiels […] pour invalider les charges. Je ne peux pas concevoir ce qui a pu vous pousser à vous engager dans une telle affaire. […] Parce que, comme le sublime Addison l’a catégoriquement exprimé […] une femme de qualité est totalement inapte pour le gouvernement et pour ce qui est communément appelé les grandes affaires de la vie publique[47].
Tout en faisant montre d’empathie et de compréhension quant à la situation de sa soeur, Elizabeth fait ici un exercice d’autoprojection et ne comprend simplement pas ce qui a poussé Mary à franchir une telle frontière sociale et à s’ingérer dans « les grandes affaires » au mépris des caractéristiques féminines les plus fondamentales, comme la délicatesse et l’inaptitude à la vie publique.
Elizabeth et la littérature éducative
Si Elizabeth considère absurde la présence des femmes dans la sphère publique, elle défend toutefois l’utilité de l’éducation féminine et utilise sa correspondance pour partager ses opinions et répandre ses suggestions sur le sujet. Pour Elizabeth, le raffinement de la société passe par l’éducation, dont l’absence se remarque par une civilisation déclinante, penchant vers la barbarie, comme cela semble être le cas en temps de guerre :
Je ne peux que regretter que parmi les mille détresses que l’Amérique ressent en ce moment il y ait le manque d’école adéquate pour la jeunesse. Il doit être déploré par toutes créatures et par le bien au coeur de l’espèce humaine, surtout quand la barbarie de la guerre a presque rendu l’humanité sauvage et s’il y a quelque chose qui peut l’humaniser, c’est le raffinement de l’éducation et de la vraie religion[48].
Le thème de l’éducation en lien avec le raffinement et la civilisation de la gentility et le rôle que les femmes y jouent ressort lorsque Elizabeth discute des Letters of Lord Chesterfield to his Son avec Mary W. Byrd. En réponse à sa soeur, qui lui demande des suggestions de lecture pour ses enfants, Elizabeth répond : « Je désire vraiment avoir en mon pouvoir l’exécution de ta petite commission »[49]. La formulation est donc modeste, Elizabeth aspirant à conseiller adéquatement sa soeur. Elle affirme ensuite que « The Oeconomy of Human Life et les Magazine féminins ne sont certainement pas exceptionnels, alors que dans mon humble opinion, The Preceptor, les travaux de Mr. Addison et certains essais du Tatler sont infiniment supérieurs, tant pour la pédagogie que pour le style »[50]. Si c’est avec modestie qu’Elizabeth émet ces suggestions de lectures à sa soeur, son attaque contre les Letters of Lord Chesterfield’s to his Sons, un des grands succès littéraires du xviiie siècle, consiste en une argumentation affirmée, placée sous la bannière du devoir[51] : « En ce qui a trait aux Lettres de Lord Chesterfield à son fils, je dois prendre la liberté d’être en désaccord avec toi et tous ses admirateurs », dit-elle[52]. Suivant une opinion très similaire à celle de Mercy Otis Warren[53], Elizabeth désapprouve l’oeuvre de Chesterfield, notamment la façon dont il présente le sexe féminin, alléguant que ses affirmations à l’égard des femmes sont « dangereuses », « faibles » et « méchantes »[54]. Elle est en désaccord avec la façon dont il focalise sur les « grâces extérieures » des femmes, sans leur reconnaitre les « grâces de l’esprit »[55]. Elizabeth déplore que Chesterfield considère la poursuite de l’affection d’une femme comme un simple assouvissement des « désirs vicieux »[56] des hommes et non pas comme une recherche de l’amour, de la vertu et de la moralité, domaines affectifs féminins :
Ses préceptes [ceux de Chesterfield] sont tels que s’ils étaient adoptés, cela nuirait au bonheur de la société en toutes instances. En effet ils sont remplis de cruauté, de traîtrise et de sophismes. Combler ses appétits aux dépends de l’honneur et de la tranquillité de toute femme et aliéner son affection pour son mari pour ensuite la laisser victime des remords, et en proie à toutes les sensibilités qu’il a éveillées mais n’a pas eu la délicatesse de savourer ou de s’impliquer, ne sont pour lui [Chesterfield] pas des crimes. […] Je suis décidément de l’opinion que ses lettres ont fait plus de mal à l’humanité […] Mais notre sexe, dans l’estime de Lord Chesterfield, tient seulement une seconde place dans l’échelle du bonheur humain[57].
Pour Elizabeth, les femmes sont garantes de la vertu et du raffinement de la société, mais peuvent remplir ce rôle seulement si elles sont respectées en tant que telles par les hommes. Un homme qui répond à ses pulsions en abusant de la faiblesse innée des femmes menace cette cohésion sociale dont dépend le bonheur des femmes[58]. La logique d’Elizabeth quant à l’éducation féminine s’établit autour du lien entre l’éducation comme facteur déterminant du raffinement et de la civilité d’une société, et donc du bonheur. Dans une lettre à Mrs. Fitzhugh, femme de l’élite virginienne, Elizabeth explicite cette logique : « L’éducation d’une enfant de façon à ce qu’elle soit prête à recevoir et à communiquer le bonheur est très certainement la tâche la plus ardue qui repose sur le caractère féminin »[59]. Si Elizabeth affirme aussi auprès de sa correspondante que « la vivacité naturelle de notre sexe nous rend inapte à des études plus rigoureuses »[60], elle considère néanmoins que les femmes ne sont pas dénuées d’intelligence et que leur rôle de mère exige qu’elles soient éduquées. Les hommes, au contraire de ce que Chesterfield prescrit, doivent respecter l’intellect et la vertu des femmes afin de participer au maintien d’un ordre moral et raffiné de la société où le bonheur est atteignable pour les membres des deux sexes.
Elizabeth et Benjamin Rush ont discuté et partagé leurs idées et impressions sur la féminité et l’éducation, car, en 1787, Rush publie pour la première fois ses Thoughts upon Female Education, Accommodated to the Present State of Society, Manners, and Government, in the United States of America, qu’il dédie à Elizabeth W. Powel en ces termes : « Madame, Quelques unes des opinions contenues dans les pages qui suivent sont tellement contraires aux idées courantes et générales, que je ne peux imaginer les offrir au public sans solliciter le patronage d’une femme respectable et reconnue »[61]. Rush défend une vision de l’éducation féminine adaptée à la société américaine, désormais républicaine[62]. Il met l’accent sur l’aspect utilitaire de l’éducation des femmes afin d’éviter leur « sur-érudition ». Puisque les femmes se marient jeunes, leur éducation doit être axée sur leurs rôles d’épouse et de mère et se faire dans le temps limité de leur vie de jeune fille. Leur apprentissage doit se restreindre à la littérature anglaise, la géographie et l’histoire. Les femmes doivent posséder des bases en comptabilité afin d’assister leur mari dans la gestion de leurs propriétés. Cette éducation féminine non seulement prépare les femmes à leur rôle de mère, mais elle leur donne un rôle à jouer dans la protection de la liberté et de la démocratie récemment acquise[63]. Rush recommande également un certain raffinement par la connaissance des arts et de la danse, mais met en garde contre une frivolité extravagante[64]. Un élément qui ressort du texte de Rush est l’américanité du modèle d’éducation féminine qu’il développe : les femmes ont un rôle à jouer dans la survivance de la société républicaine américaine et cette éducation ciblée les formera en conséquence. Admirateur d’Addison, Rush axe donc son modèle éducatif sur l’idée que des êtres vertueux et civilisés peuvent soutenir la république et que ces caractéristiques, acquises par l’éducation, feront des femmes américaines de meilleures mères et épouses[65]. Dans une lettre datée de 1795 qu’elle écrit à Rush, Elizabeth fait montre à la fois d’une certaine modestie et d’une certaine fierté. En effet, la dédicace de Rush suggère que les idées et la personne d’Elizabeth ont influencé son écrit. Dans cette lettre, on constate que, de son côté, Elizabeth approuve le texte de Rush puisqu’elle en fait la distribution avec enthousiasme : « Je me souviens bien que vous m’avez fait l’honneur de m’offrir un nombre d’exemplaires de votre excellent Traité sur l’Éducation. Ce travail rencontre tellement mes idées sur cet intéressant sujet que je l’ai dispersé avec avidité »[66]. La raison pour laquelle elle écrit à Rush est pour justement lui demander un exemplaire supplémentaire qu’elle veut donner à un ami qui lui a demandé conseil pour l’éducation de ses enfants :
[Il/cet ami m’a demandé] de donner mon opinion sur un sujet pour lequel je n’ai pratiquement aucune connaissance pratique ; et qui éventuellement peut impliquer le bonheur de millions ici et plus tard. Je désire donc lui envoyer votre Traité sur l’Éducation féminine puisque je crois qu’il inclut tous les éléments essentiels à l’éducation d’une femme américaine[67].
Il est difficile d’évaluer jusqu’à quel point les opinions d’Elizabeth ont influencé le texte de Rush, mais il est intéressant de constater qu’elle joue un rôle de mentor envers Thoughts on Female Education et qu’elle répande cet écrit avec autant d’enthousiasme. De sa correspondance émerge le fait qu’elle sait s’exprimer avec éloquence, notamment au sujet de l’éducation des femmes, que ses idées sont appuyées par des références littéraires et que son avis est recherché. Pourtant, dans cette lettre, elle se désigne très modestement comme quelqu’un qui a peu de connaissances sur le sujet et elle passe par le biais du texte de Benjamin Rush pour conseiller son autre correspondant : elle fait habilement la promotion des idées de Rush en participant à la circulation de son texte, le tout sans compromettre la modestie toute féminine attendue d’elle. Cette lettre montre qu’Elizabeth maîtrise parfaitement son désir de répandre ses idées sur l’éducation féminine et de participer au débat sur la formation des futures épouses et mères de la nouvelle société américaine, tout en respectant le rôle social des femmes, limité à la sphère domestique, place qu’elle-même défend. Enfin, Elizabeth mentionne également l’impact de l’éducation sur « le bonheur de millions ici et plus tard ». Elle utilise un chiffre faramineux pour évaluer les répercussions que les conseils de Rush pourraient avoir. Elle envisage donc que l’incidence d’une lettre et d’un texte peut s’étendre sur le long terme et sur plusieurs personnes. Ce passage réitère également l’idée que l’éducation et l’atteinte du bonheur sont intrinsèquement liées pour Elizabeth.
Sans proposer de nouvelles connaissances sur le discours tenu à l’égard des femmes et leur éducation à la fin du xviiie siècle dans la société américaine, cet article se démarque non seulement parce qu’il met en lumière un important membre de l’élite philadelphienne de l’ère révolutionnaire, mais aussi parce qu’il met en valeur la correspondance comme objet d’étude historique. En effet, la correspondance est ici analysée comme médium de communication et d’agentivité pour Elizabeth, contribuant ainsi à une historiographie émergente qui s’intéresse aux significations sociales et culturelles de l’acte épistolaire. Comme nous l’avons établi, c’est au moment où elle traverse la guerre d’Indépendance qu’Elizabeth semble prendre conscience de l’importance des transformations sociales que vivent les Américains et qu’elle commence à recopier sa correspondance. Le fait même d’écrire et d’ancrer doublement sa correspondance dans l’espace et le temps suggère que l’acte épistolaire est, pour Elizabeth, une façon de participer activement à la société et d’inscrire de façon un peu plus permanente cette participation. Considérant la culture épistolaire du xviiie siècle, on peut affirmer qu’elle était consciente de la portée spatiale et temporelle qu’une correspondance pouvait avoir : elle aborde même le fait dans une lettre à Benjamin Rush. Dans ses lettres, s’inspirant de toute la littérature qu’elle lisait, Elizabeth développe sa vision de la société et ses idées sur la place des femmes qu’elle associe à la sphère domestique et à l’éducation des enfants. À son avis, les hommes et les femmes ont une place à respecter au sein de la société afin de préserver l’équilibre social et le bonheur des uns et des autres, mais si ces dernières ne sont pas aptes aux affaires publiques, elles ne sont pas non plus dénuées d’intelligence, l’importance sociale du rôle d’éducatrice nécessitant le développement de l’éducation féminine.
Cet article ne fait qu’effleurer le contenu de la correspondance d’Elizabeth et ses avis sur la société et le rôle des femmes. En effet, Elizabeth correspond énormément, notamment avec ses neveux, nièces et autres personnes proches d’elles et plus jeunes – comme Bushrod Washington — à qui elle distribue des conseils éducatifs et propose des lectures de nature politique, éducative ou littéraire. Sa correspondance montre comment, en tant que veuve, Elizabeth devient une gestionnaire accomplie et discute affaires avec les différents hommes de sa famille qui la conseillent sur le sujet. Elle traite également de la relation entre les femmes et la culture matérielle et accompagne régulièrement ses lettres de cadeaux, témoignant de sa générosité. Bref, la riche correspondance d’Elizabeth est encore à explorer, mais cette femme, qui semble s’être tant démarquée au sein de la société américaine, avait une opinion très caractéristique de son époque au sujet de la place des femmes et respectait cette place tout en participant ardemment à la circulation de ses idées sur l’importance de l’accès au bonheur et à l’éducation du sexe féminin dans la formation d’une république américaine raffinée et morale.
Parties annexes
Notes
-
[1]
Elizabeth Hewitt, Correspondance and American Literature, 1770-1865, New York, Cambridge University Press, 2004, p. 1-2 ; Anne Chamayou, L’Esprit de la lettre, xviiie siècle, Paris, Presses Universitaires de France, 1999, p. 5 et 31. Voir Rebecca Earle, dir., Epistolary Selves : Letters and Letter-Writes 1600-1945, Aldershot, Ashgate, 1999, 231 pages. Eve Tavor Bannet étudie la pratique littéraire en se concentrant principalement sur les manuels d’écriture de lettres : Eve Tavor Bannet, Empire of Letters, Letter Manual and Transatlantic Correspondence, 1688-1820, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, 347 pages.
-
[2]
Eve Tavor Bannet, « Studies in British and American Epistolary Culture », Eighteenth-Century Life, 35, 3 (automne 2011), p. 90.
-
[3]
Konstantin Dierks, In my Power. Letter Writing and Communication in Early America, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2009, p. xiv.
-
[4]
Linda K. Kerber, Women of the Republic. Intellect and Ideology in Revolutionary America, Charlottesville, The University of Virginia Press, 304 pages ; Mary Beth Norton, Separated by Their Sex. Women in Public and Private in the Colonial Atlantic World, Ithaca et Londres, Cornell University Press, 2011, 247 pages ; Mary Beth Norton, Liberty’s Daughters : The Revolutionary Experience of American Women, 1750-1800, Boston et Toronto, Little, Brown and Cie, 1980, 384 pages.
-
[5]
Pour le cas américain, voir Susan Branson, These Fiery Frenchified Dames : Woman and Political Culture in Early National Philadelphia, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 2001, 218 pages ; pour le cas français, voir Dena Goodman, The Republic of Letters, A Cultural History of the French Enlightenment, Ithaca et Londres, Cornell University Press, 1994.
-
[6]
Dans l’historiographie française, les activités des épistolières et leur agentivité ont été un peu plus étudiées. Voir Georges Bérubé et Marie-France Silver, dir., La lettre au xviiie siècle et ses avatars. Actes du Colloque international de Glendon, Toronto, Éditions du Gref, 1996 ; Marie-France Silver et Marie-Laure Girou Swiderski, dir. Femmes en toutes lettres. Les épistolaires du xviiie siècle, Oxford, Voltaire Foundation, 2000.
-
[7]
David Maxey, « A Portrait of Elizabeth Willing Powel », Transactions of the American Philosophical Society, 96, 4 (2006) ; George W. Boudreau, Independence. A Guide to Historic Philadelphia, Yardley, Westholme Publishing, 2011, p. 105-106.
-
[8]
Elizabeth Powel a écrit entre 300 et 350 lettres. Une partie d’entre elles a été publiée dans les correspondances de George et Martha Washington, tandis qu’une autre est conservée à la Mount Vernon Library parmi les Martha Washington Papers et parmi la George Washington Collection, mais le coeur de sa correspondance est conservé à la Historical Society of Pennsylvania. Il existe aujourd’hui deux lettres qui datent d’avant 1780 et une douzaine pour les années 1780 et pour les années 1790, la plupart ayant été rédigées entre 1807 et 1817 ; quelques-unes ont été écrites entre 1817 et 1823. Voir Joseph E. Fields, Worthy Partners : the Papers of Martha Washington, Wesport, Greenwood Press, 1994, 501 pages ; Theodore J. Crackel, dir., The Papers of George Washington, The Digital Edition, The Mount Vernon Guest Version, the University of Virginia Press, [En ligne], http://rotunda.upress.virginia.edu/founders/GEWN.xqy ; Martha Washington Papers et George Washington Collection, Mount Vernon Library, Mount Vernon Ladies’ Association ; HSP, The Powel Family Papers, Collection 1582, Serie III.
-
[9]
En ce qui a trait à la communauté marchande de Philadelphie, voir Thomas Doerflinger, A Vigorous Spirit of Enterprise : Merchants and Economic Development in Revolutionary Philadelphia, Chapel Hill, 1986 et Sarah Fatherly, Gentlewomen and Learned Ladies. Women and Elite Formation in Eighteenth-Century Philadelphia, Bethlehem, Lehigh University Press, 2008, p. 27-37.
-
[10]
Fatherly, Gentlewomen and Learned Ladies..., p. 68-91.
-
[11]
Elizabeth était la sixième d’une famille de onze enfants. Elle avait cinq frères (Thomas, Charles, Richard, Joseph et James Willing) et cinq soeurs (Anne W. Francis, Dorothy W. Stirling, Mary W. Byrd, Abigail Willing, Margaret W. Hare). Pour une description des origines d’Elizabeth et de son éducation, voir Maxey, « A Portrait…», p. 15-17. Plus globalement, il est à noter que la littérature britannique du xviiie siècle sur l’éducation et les manuels d’écriture épistolaire prennent de plus en plus en considération l’épistolaire féminin et sont importés en Amérique : Alain Kerhervé, « L’expression de l’intimité chez les épistolières anglaises au xviiie siècle. De la théorie à la pratique », dans Paul Servais et Laurence Van Ypersele, La Lettre et l’intime. L’émergence d’une expression du for intérieur dans les correspondances privées (xviie- xixe siècles), Louvain-La-Neuve, Academia Bruylant, 2007, p. 81-84.
-
[12]
Sur Samuel Powel et une brève description du contexte de son éducation et de son voyage en Europe voir l’introduction de Sarah Jackson, dir., A Journal of Samuel Powel, Rome, 1764, Florence, Studio Per Edizione Scelte, 2001, p. 1-41. Pour une description biographique plus complète, et notamment une description de la fortune de Samuel Powel, voir George B. Tantum, Philadelphia Georgian. The City House of Samuel Powel and Some of Its Eighteenth-Century Neighbors, Middleton, Wesleyan University Press, 1976, p. 6-25.
-
[13]
Boudreau, Independence…, p. 101 ; Maxey, « A Portrait... », p. 51 ; Tantum, Philadelphia Georgian..., p. 16.
-
[14]
Trad. Libre : « splendid seat ». John Adams, « Diary : with Passages from an Autobiography », dans The Works of John Adams, Second President of the United States : with a Life of the Author, Notes and Illustrations, by his Grandson Charles Francis Adams, Boston, Little, Brown and Co., 1856, vol. 2 [en ligne], The Online Library of Liberty, http://oll.libertyfund.org/title/2100/159580/2819731 (page consultée le 11 janvier 2013) ; Boudreau, Independence..., p. 102, 7 ; Joseph Downs, « The Powel Exhibition », Bulletin of the Pennsylvania Museum, 27, 144 (décembre 1931), p. 41 ; Roger W. Moss, Historic Houses of Philadelphia, Philadelphia, University of Pennsylvania Press, 1998, p. 34-39 ; Tantum, Philadelphia Georgian..., p. 6.
-
[15]
Boudreau, Independence..., p. 105-106 ; Downs, « A Powel... », p. 41 ; Maxey, « A Portrait... », p. 26-31.
-
[16]
Trad. libre « Mrs Powel […] has read a great deal, and profitably : it would be unjust perhaps to say, that she differs in this respect from most other American ladies ; but what chiefly distinguishes her is her taste for conversation and the truly European manner in which she uses her wit in knowledge » : Marquis de Chastellux, Travels in North America in the Years 1780, 1781 and 1782, traduction et édition par Howard C. Rice Jr., Chapel Hill, The University of North Carolina Press, 1963, p. 136. Cette version du commentaire est celle officiellement publiée en 1786. Une première version de ce commentaire, parue dans une édition privée des voyages du marquis, allait comme suit : « for contrary to American custom, she plays the leading role in the family – la prima figura, as the Italians say. […] she has wit and good memory speaks well and talks a great deal ». Chastellux, Travels..., p. 302, n. 30.
-
[17]
Trad. libre : «Of all the ladies I have seen and conversed with here, Mrs. Powell is the best informed. She is a friendly, affable, good woman, sprightly, full of conversation ». Abigail Adams citée dans Boudreau, Independence..., p. 105.
-
[18]
Trad. libre «That her well cultured Mind is as full of good Sense/As any Mans Mind in creation/That her stile is correct and her/eloquence pure/That her fancy is warm – like her heart/That her friendships are few – but forever endure ». Anonymous « A Conversation the 23rd of February 1792 », 23rd February 1792, Historical Society of Pennsylvania (HSP), The Powel Family Papers, Collection 1582, Serie III, Box 7, folder 7. Pour les deux autres poèmes mentionnés, voir « Anonymous Undated Ode to Mrs. Powel » et « Undated Ode to Mrs. Powel » Emilia, HSP, The Powel Family Papers, Collection 1582, Serie III, Box 7, folder 7
-
[19]
Voir note 8.
-
[20]
Trad. libre « A True copy », « Elizabeth W. Powel to Mrs. Alexander Wilcocks, Philadelphia, Januray 8th, 1781 », HSP, Coll. 1582, Powel Family Papers, Serie III, box 4, folder 3.
-
[21]
Maxey, « A Portrait... », p. 24-25 ; Tantum, Philadelphia Georgian..., p. 20-22 ; Boudreau, Independence..., p. 103-104.
-
[22]
Trad. libre: « to be destroyed & torn down. & Town-Side has undergone the same Fate Mr. Powel bears it like a Philosopher & I like a very mortal. At first I was much oppressed as I cou’d have been for the loss of any intimate Thing but Rage soon succeeded Grief and I absolutely raved and ever shall when I speak on the Subject », « Elizabeth W. Powel to Anne W. Francis, Philadelphia, 2nd of April 1778 », HSP, Collection 1582, Powel Family Papers, Serie III, box 4, folder 3.
-
[23]
L’historien Peter Fritzsche s’intéresse à la production du passé et aux façons dont le passé en soi est un artéfact historique. Il développe l’idée que la Révolution française a créé une telle césure qu’elle a généré une prise de conscience historique, de la même façon que des ruines de nature variée ont multiplié les modes de mémorisation, de commémoration et la production de mémoires du passé. Peter Fritzsche, Stranded in the Present. Modern Time and the Melancholy of History, Cambridge, Harvard University Press, 2004. Voir en particulier l’introduction et les chapitres 1 et 3.
-
[24]
Clare Brant, Eighteenth-Century Letters and British Culture, New York, Palgrave McMillan, 2006, p. 3-9 ; Elizabeth Heckendorn Cook, Epistolary Bodies. Gender and Genre in the Eighteenth-Century Republic of Letters, Stanford, Stanford University Press, 1996, p. 8-13 ; Howard Anderson, et Irvin Ehrenpreis, « The Familiar Letter in the Eighteenth Century : Some Generalization », dans Howard Anderson, Philip B. Daglian et Irvin Ehrenpreis, dir., The Familiar Letter in the Eighteenth Century, Lawrence, The University of Kansas, 1966, p. 273-274.
-
[25]
Brigitte Diaz, « L’épistolaire et la connivence féminine : lettres de Manon Phlipon aux soeurs Cannet (1767-1780) », dans Georges Bérubé et Marie-France Silver, dir., La lettre au xviiie siècle et ses avatars. Actes du Colloque international de Glendon, Toronto, Éditions du Gref, 1996, p. 142-143. Sur le caractère confidentiel et secret de la lettre, Janet Gurkin Altma, Epistolarity. Approaches to a Form, Columbus, Ohio State University, 1982, p. 47.
-
[26]
En effet, bien que la lettre soit de moins en moins lue à voix haute, son écriture demeure conversationnelle, car elle devient dialogue entre deux correspondants qui prend un ton conversationnel. Eve Tavor Bannet, Empire of Letters. Letter Manual and Transatlantic Correspondence, 1688-1820, Cambridge, Cambridge University Press, 2005, p. 48, 76-77, 89-90. Kerhervé, « L’expression de l’intimité... », p. 86 et 110-116.
-
[27]
Kerhervé, Ibid., p. 91-106 ; Hewitt, Correspondence…, p. 2.
-
[28]
L’historienne Catherine Cusset, en étudiant l’épistolière Sophie Cottin, explore cette thématique de la confidentialité et de l’intimité de la lettre familière et de l’utopie poursuivie par Sophie Cottin, soit d’être entièrement authentique et sincère dans l’écriture de lettres à ses amis proches. Cusset conclut que Cottin elle-même a fini par se rendre compte que ses stratégies pour être sincère et authentique minaient la spontanéité recherchée et contrecarraient ses intentions. Catherine Cusset, « La lettre ou l’utopie de l’amitié : le cas de Sophie Cottin (1770-1807) », dans Bérubé et Silver, La lettre au xviiie siècle…, p. 133. Voir aussi : Michel Bareau, « Pour une sociologie de la lettre au xviiie siècle », dans Bérubé et Silver, Ibid., p. 257-258 ; Mireille Bossis, « Introduction », dans La lettre à la croisée de l’individuel et du social, Paris, Éditions Kimé, 1994, p. 10; Chamayou, L’esprit …, p. 48-54 ; Hewitt, Correspondence..., p. 8.
-
[29]
Les lettres pouvaient être lues à voix haute ou passées d’une personne à l’autre afin de faire circuler les nouvelles ou à des fins de divertissement. Par exemple, dans une lettre à sa nièce Patty Hare, Elizabeth joint une lettre de son neveu Walter Stirling pour le divertissement de Patty et de sa mère, Margaret W. Hare (soeur d’Elizabeth). « J’inclus pour sa lecture une lettre que je viens de recevoir de mon neveu Walter Stirling junior à qui elle s’intéresse. Il parle de John [Hare Powel] en termes très plaisants ». Trad. libre : « I enclose for her perusal a Letter I have just received from my nephew Walter Stirling Jr in which she is interested. He speaks of John in very pleasing terms ». « Elizabeth W. Powel to Patty Hare, Philadelphia, 27th of October 1810 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie II, Box 6, folder 4.
-
[30]
Sur l’importance de la publication, la circulation et la lecture de fictions épistolaires et de correspondances publiées au xviiie siècle, voir Bannet, Empire of Letters..., p. 4-6 ; Georges Bérubé et Marie-France Silver, « Introduction », dans La lettre au xviiie siècle…, p. 1 ; Chamayou, L’esprit..., p. 31-33 et 71-72. Sur l’importance des manuels épistolaires et leur évolution, voir Janet Gurkin Altman, « L’évolution des manuels épistolaires en France et en Angleterre au xviiie siècle : reflet des mentalités » dans Bérubé et Silver, La lettre au xviiie siècle…, p. 21-33 ; Alan T. McKenzie, « Introduction », dans Sent as a Gift. Eight Correspondences from the Eighteenth Century, Athènes et Londres, The University of Georgia Press, 1993, p. 3.
-
[31]
En 1776, alors qu’elle écrivait à son amie Manon Phlipon, la future Mme Roland, Sophie Cannet évoquait la possibilité que leur « foisonnante correspondance » soit lue et éditée. Ces épistolières rejettent cette idée, considérant, par modestie ou respect des conventions sociales, que leurs humbles écrits ne seront pas d’intérêt. Diaz conclut toutefois que certains indices dans leur correspondance témoignent d’une « tentation de la publicité toujours latente » : Diaz, « L’épistolaire et la connivence féminine... », p. 141 et 155. L’historienne Mary Beth Norton argumente que la guerre révolutionnaire a eu un grand impact sur la vie des femmes américaines et que cela se reflète dans leurs écrits privés. Mary Beth Norton, Liberty’s Daughters : The Revolutionary Experience of American Women, 1750-1800, Boston et Toronto, Little, Brown and Cie, 1980, p. xv.
-
[32]
À travers le temps, la correspondance d’Elizabeth est parsemée de passages dans lesquels elle encense son ami proche et héros révolutionnaire George Washington. Voir en particulier « Elizabeth W. Powel to Mrs. Fitzhugh, George Washington Collection Mount Vernon Library, Mount Vernon Ladies’ Association, 1783 December 24 » et «Elizabeth W. Powel to Mrs. Curtis, Philadelphia November 1812 », HSP, Coll. 1582, Powel Familiy Papers, Serie III, Box 4, folder 8.
-
[33]
« [M]ost letters develop and extend a correspondence already under way – a record of a friendship, a family narrative, or a history of a business or a political transaction », Alan McKenzie « Introduction »..., p. 4. L’historien Patrick Hutton s’est intéressé à l’importance de la mnémotechnique afin de comprendre le lien entre la mémoire et l’histoire, et la compréhension du passé. Ici, l’art de la correspondance pourrait être un moyen mnémotechnique pour Elizabeth d’enregistrer sa mémoire et ainsi de participer à la compréhension historique du passé. Patrick H. Hutton, History as an Art of Memory, Hanovre et Londres, University Press of New England, 1993, p. xv.
-
[34]
Dierks, In my Power…, p. 3-8.
-
[35]
Béatrice Didier, « Écrire pour se trouver », dans Marie-France Silver et Marie-Laure Girou Swiderski, dir., Femmes en toutes lettres. Les épistolaires du xviiie siècle, Oxford, Voltaire Foundation, 2000, p. 246 ; Rebecca Earle, « Introduction : Letters, Writers, and the Historians » dans Epistolary Selves…, p. 1 ; Amanda Gilroy and W.M. Verhoeven, « Introduction », dans Epistolaries Histories. Letters, Fiction, Culture, Charlottesville et Londres, University Press of Virginia, 2000, p. 6. Marie-Claire Grassi, « Épistolières au xviiie siècle », dans Bérubé et Silver, La lettre au xviiie siècle..., p. 101-103 ; Robert Halsband, « Lady Mary Wortley Montagu as Letter-Writer », dans Anderson, Daglian et Ehrenpreis, The Familiar Letter…, p. 51-52.
-
[36]
Marie-France Silver et Marie-Laure Swiderski, « Introduction », dans Femmes en toutes lettres…, p. 4. Voir aussi Dider, « Écrire pour se trouver... », p. 247.
-
[37]
Marie-France Silver et Marie-Laure Swiderski, Ibid.
-
[38]
George Bérubé a analysé la correspondance de Mme de Graffigny lorsqu’elle était à Cirey et côtoyait des grands noms de la société intellectuelle et littéraire française. Il montre qu’elle écrivait pour marquer son importance dans cette société, tromper l’ennui du manque de sociabilité dans lequel elle vivait habituellement, et pour critiquer, dans le secret de la lettre, son hôtesse à Cirey. Georges Bérubé, « Mme de Graffigny à Cirey : écrire pour exister ‘par procuration’ », dans Silver et Swiderski, Femmes en toutes lettres, p. 23, 26-28. Voir aussi Bruce Redford, The Converse of the Pen. Acts of Intimacy in the Eighteenth-Century Familiar Letter, Chicago et Londres, The Chicago University Press, 1986, p. 31-39.
-
[39]
Sur le lien entre la culture de l’imprimé et un éveil de l’attention du lectorat sur la temporalité, Hutton, History…, p. 19.
-
[40]
Voir, entre autres, « Elizabeth W. Powel to Bushrod Washington, Janurary 1st 1785 », Mount Vernon Ladies’ Association, Mount Vernon Library, Washington Collection, 1784 January 1 ; « Elizabeth W. Powel to Bushrod Washington, June 22nd 1785 », HSP, Coll. 1582, Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3 ; « Elizabeth W. Powel to Thomas Ian esq. Philadelphia, November 21st », HSP, Coll. 1582, Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3 ; « Elizabeth W. Powel to Mrs. Samuel Meredith, Philadelphia, 19th of January 1808 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 4 ; « Elizabeth W. Powel to John Hare Powel, Philadelphia January 26th 1809 », HSP, Coll. 1582, Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 5 ; « Elizabeth W. Powel to her dear niece, Philadelphia, February 28th 1810 », HSO, Coll. 1582, Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 6 ; « Elizabeth W. Powel to Walter Stirling, Philadelphia, June 25th, 1810 » , HSP, Coll. 1852, Powel Family Papers, Serie III, Bix 4, folder 6.
-
[41]
Norton établit cette liste après avoir étudié de nombreuses correspondances de femmes contemporaines à Elizabeth. Norton, Liberty’s Daughters..., p. 112, 117-118.
-
[42]
Trad. libre : « Mr Addisons Works, and some Papers in the Tatler are infinitely superior, both as to Precept and Stile », dans « Elizabeth W. Powel to Mary W. Byrd, Philadelphia, 1st December 1783 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3.
-
[43]
Trad. libre : « the sublime Addison » dans « Elizabeth W. Powel to Mary W. Byrd, Philadelphia, 29th of November 1985 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3.
-
[44]
Lawrence E. Klein, « Addisonian Afterlives : Joseph Addison in Eighteenth-Century Culture », Journal of Eighteenth-Century Studies, 35, 1 (2012), p. 101-118.
-
[45]
Mary Beth Norton, Separated by Their Sex. Women in Public and Private in the Colonial Atlantic World, Ithaca et Londres, Cornell University Press, 2011, p. 147-148.
-
[46]
« Byrd’s recital of her qualifications was peculiarly feminine in its attention to her sex and her role as a parent […], but it was also sexless in its references to her patriotism and her character as a “virtuous citizen’’ », Norton, Liberty’s Daughters..., p. 225-226
-
[47]
Trad. libre : « There is something in the delicate female Character that revolts at the Idea of being called into a Court Judicature at any Occasion. Indeed, such my timidity, that I was summoned to a Court of Justice to answer any charge however ill founded, I verily believed I should die tho I was possessed Of the most substantial Facts to [...] & invalidate the Charge. […] I cannot conceive what could have indued you to involved yourself with such an Affair. […] For, as for the sublime Addison has emphatically expressed [...] a fine Woman is totally unfit for Government & what is commonly called the great Affairs of the public life ». « Elizabeth W. Powel to Mary W. Byrd, Philadelphia, 29th of November 1785 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3.
-
[48]
Trad. libre : « I cannot but regret admist the thousand Distresses that America feels in this time the want of proper school for the instruction of youth, indeed it must be lamented by every Creature & as the good of the human Species at Heart, especially when the Barbarities of War have almost made Manhood Savage & if any thing can humanize them we most suppose it to be the refinements of Education and true Religion », « Elizabeth W. Powel to Anne W. Francis, Philadelphie, 2nd of April 1778 », HSP, Collection 1582, Powel Family Papers, Serie III, box 4, folder 3.
-
[49]
Trad. libre : « I much wish to have it in my Power to execute your little Commission. », dans « Elizabeth W. Powel to Mary W. Byrd, Philadelphia, 1st December 1783 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3.
-
[50]
Trad. libre : « The Oeconomy of Human_Life and the Misses Magazine are certainly unexceptionable; tho in my humble Opinion, the Preceptor Mr Addisons Works, and some Papers in the Tatler are infinitely superior, both as to Precept and Stile », Ibid.
-
[51]
Sur les Letters of Lord Chesterfield to his Son et leur importance, voir Brant, Eighteenth-century Letter...., p. 68-92.
-
[52]
Trad. Libre: « As to Lord Chesterfields Letters, I must take the Liberty of dispenting from you and all his Admirers », dans « Elizabeth W. Powel to Mary W. Byrd, Philadelphia, 1st December 1783 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3.
-
[53]
Mercy Otis Warren reprochait également à Chesterfield son traitement du sexe féminin. Edmund M. Hayes. « Mercy Otis Warren versus Lord Chesterfield », The William and Mary Quaterly, Third Series, 40, 4 (octobre 1983), p. 616-621.
-
[54]
Trad. libre. « dangerous », « weak» et « wicked », dans « Elizabeth W. Powel to Mary W. Byrd, Philadelphia, 1st December 1783 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3.
-
[55]
Trad. libre: « He [Chesterfield ; S.T. ] sets a full Value on external Graces but has not pointed out the Means of obtaining them. The Graces of the Mind which are infinitely more estimable he never proposes as Objects worthy of his Son’s Pursuit », dans « Elizabeth W. Powel to Mary W. Byrd, Philadelphia, 1st December 1783 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3.
-
[56]
Trad. libre : « Vicious Desires », dans « Elizabeth W. Powel to Mary W. Byrd, Philadelphia, 1st December 1783 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3.
-
[57]
Trad. libre : « His Maxims are such as were they adopted, would subvent the Happiness of Society in every Instance. Indeed they are replete with Cruelty Treachery and Sophistry. To gratify his appetites at the expense of any Woman’s Honor and Tranquility to Alienate her Affection from her Husband and then leave her a Victim to Remorse, and a Prey to Sensibilities that he had excited tho’ he had not Delicacy to relish or to participate of himself are of his Eyes not accounted Crimes. […] I am decidedly of Opinion that his letters have done more Mischief to the Morals of Mankind [...] Your Sex in Lord Chesterfield’s estimation hold only a second Place in the Scale of human Happiness » dans « Elizabeth W. Powel to Mary W. Byrd, Philadelphia, 1st December 1783 », HSP, Coll. 1582, The Powel Family Papers, Serie III, Box 4, folder 3.
-
[58]
Linda K. Kerber, Women of the Republic. Intellect and Ideology in Revolutionary America, Charlottesville, The University of Virginia Press, p. 189, 198, 204.
-
[59]
Trad. libre : « To educate a Child in such a manner as to fit her for receiving & communicating happiness is certainly the most arduous Task that can devolve on the female Character. Yet certain it is that the Groundwork of Education with both Sexes rests on the Mother » dans « Elizabeth W. Powel to Mrs. Fitzhugh, Philadelphia, July 1786 », Mount Vernon Library, Washington Collection, 1786, July.
-
[60]
Trad. libre : « the natural Vivacity of our Sex, totally unfits us for severer Studies », « Elizabeth W. Powel to Mrs. Fitzhugh, Philadelphia, July 1786 », Mount Vernon Library, Washington Collection, 1786, July.
-
[61]
Trad. libre: « Madam/ Some of the opinions contained in the following pages are so contrary to general prejudice and fashion, that I could not presume to offer them to the publick, without soliciting for the patronage of a respectable and popular female name ». Benjamin Rush, Thoughts upon Female Education, Accommodated to the Present State of Society, Manners, and Government, in the United States of America. Addressed to the visitors of the Young ladies’ academy in Philadelphia, 28 July, 1787, Philadelphia, Prichard & Hall, 1787, p. 4.
-
[62]
Benjamin Rush, « Thoughts upon Female Education, Accommodated to the Present State of Society, Manners, and Government, in the United States of America », Essays, Literary, Moral and Philosophical, Philadelphia, Thomas and William Bradford, 1806, p. 75.
-
[63]
Rush, Ibid., p. 76-77.
-
[64]
Rush, Ibid., p. 83-85 ; Norton, Liberty’s Daughter..., p. 267-268.
-
[65]
Rush, Ibid., p. 89-90.
-
[66]
Trad. libre : « I well recoilled that you did me the Honor to present me with a Number of Copys of your excellent Treatise on Education. The Work so entirely met my Ideas on that interesting Subject that I dispersed it with avidity » ; « Elizabeth Willing Powel to Benjamin Rush, Philadelphia, 24th of January, 1795 » HSP, Benjamin Rush Papers, coll. LCP134, vol. 26, p. 101.
-
[67]
Trad. libre : « to give my Opinion a Subject that I have not any practical Knowledge of and that may eventually involve the Happiness of Millions both here and hereafter. I therefore wish to send him your Treatise on female Education as I think it comprises the Essentials for the american Woman » ; « Elizabeth Willing Powel to Benjamin Rush, Philadelphia, 24th of January, 1795 », HSP, Benjamin Rush Papers, coll. LCP134, vol. 13.