Comptes rendus de lecture

La microfinance contemporaine Défis et perspectives, Sous la direction de Hyacinthe DEFOUNDOUX-FILA, Jean-Raymond DIRAT et Célestin MAYOUKOU, Presses universitaires de Rouen et du Havre 2013, 324 p.[Notice]

  • Moujib Bahri

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  • Moujib Bahri
    Professeur, Teluq, Université du Québec

La microfinance occupe une place incontournable dans le développement des pays du tiers-monde, particulièrement les pays africains. Depuis que l’ONU a déclaré 2005 comme l’année internationale du microcrédit, la microfinance attire de plus en plus l’intérêt des chercheurs. Cet ouvrage collectif présente une sélection de textes issus des actes d’un colloque organisé à l’Université Marien-Ngouabi de Brazzaville les 22-24 juin 2011 par des chercheurs regroupés au sein de l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF). L’ouvrage est structuré en quatre parties présentant les grands thèmes étudiés en microfinance. L’ouvrage commence par une introduction de Michel Lelart qui analyse le lien entre la microfinance et le développement durable. L’auteur examine ces deux concepts qui a priori ont peu de choses en commun et conclut que ces deux concepts n’ont pas forcément les mêmes finalités, mais reposent sur les mêmes principes. Selon l’auteur, le développement durable est un but alors que la microfinance est un moyen qui peut servir au développement. Cependant, l’un et l’autre donnent aux parties prenantes une place importante à travers la solidarité, la subsidiarité et la diversité. De plus, la microfinance commence à être utilisée de façon respectueuse à l’environnement, rejoignant ainsi le développement durable. Et enfin, la microfinance qui permet d’éviter une accumulation excessive des dettes rejoint le développement durable dans la prise en compte de l’intérêt des générations futures. La première partie de l’ouvrage s’intéresse aux performances financières de la microfinance. Albert N. Honlonku présente les résultats d’une analyse de l’expérience du programme de microcrédit aux plus pauvres du gouvernement béninois. À travers ce programme, l’état favorise l’accès des institutions de microfinance (IMF) aux ressources concessionnelles afin de servir des petits clients à des taux d’intérêt modérés. Les risques de défaut de ces clients sont partagés entre l’état et l’IMF contractante. Les résultats montrent que la politique de la baisse des taux d’intérêt débiteurs ainsi que la politique de socialisation opérée par les IMF ont des effets négatifs sur l’efficacité financière des IMF, ce qui pose un problème de durabilité des politiques et de leur appropriation par les IMF. Christian Rietsch analyse les performances des IMF, particulièrement en ce qui a trait au non-remboursement des crédits par les emprunteurs. L’auteur présente différents ratios et souligne que les plus utilisés sont les suivants : le taux de remboursement, le taux d’arriérés et le portefeuille à risque. Après avoir montré les limites de chaque ratio, il conclut que le portefeuille à risque est l’indicateur le plus utile et le plus fidèle à la mesure du non-remboursement s’il est complété par des informations concernant le traitement des arriérés, des rééchelonnements et du refinancement. Enfin, Anne-Claire Siliki étudie les raisons qui poussent certains clients à fuir les IMF non seulement en n’empruntant plus, mais aussi en retirant leur épargne et en fermant leur compte. Ce phénomène de désertion est examiné à partir de données primaires collectées auprès d’une IMF malienne. Les résultats ont permis d’identifier certaines variables qui augmentent le risque de désertion. Vivre en milieu urbain augmente ce risque faisant ainsi ressortir l’importance des considérations sociales dans l’attachement des membres à l’institution. Aussi, ne pas recevoir le prêt demandé et l’absence d’une offre adaptée aux besoins des membres augmentent le risque de désertion. La deuxième partie de l’ouvrage traite des transferts de fonds, une activité de plus en plus présente dans les IMF. Théophile Dzaka-Kikouta et Bob Bilala Luvuma examinent la rentabilité de l’activité de transfert de fonds sur un échantillon de 22 IMF située au Congo-Brazzaville et au Congo-Kinshasa/RDC. Les résultats montrent que cette activité est souvent plus rentable et moins risquée par rapport aux activités traditionnelles de collecte …