Comptes rendus de lecture

Les écosystèmes entrepreneuriaux. Rencontre entre entreprise et territoire, Sophie BOUTILLIER, Nadine LEVRATTO et Denis CARRÉ, ISTE Éditions 2015, 148 p.[Notice]

  • Tinasoa Razafindrazaka

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  • Tinasoa Razafindrazaka, DBA
    Chercheure postdoctorale Institut de recherche sur les PME, Université du Québec à Trois-Rivières

L’ouvrage aborde une notion non stabilisée aux contours flous, qui s’inscrit dans la thématique récurrente de la question des systèmes industriels locaux (Torre et Zimmerman, 2015). Les auteurs, trois économistes, deux femmes et un homme, posent un regard fortement teinté de perspectives économiques sur la métaphore forgée par le botaniste Arthur George Tansley, en 1935, dont l’acception originelle est de décrire un système comprenant un milieu et les êtres vivants qui le composent et toutes les relations qui peuvent exister et se développer à l’intérieur de ce système. Par la suite, cette métaphore a été vulgarisée par un psychologue (Isenberg, 2010), mais avec un fort lien avec les représentations sociales. L’on aura déduit par cette entrée en la matière que la notion d’écosystème entrepreneurial peut paraître éclectique. D’autant que l’emploi métaphorique ne conduit pas nécessairement à une identification précise, mais plutôt vers une signification imaginative (Hess, 2009). II était nécessaire de clarifier certains questionnements que pose l’appréhension des écosystèmes entrepreneuriaux en tant qu’objet scientifique, dont la définition ne fait pas encore consensus au sein du monde scientifique (Stam, 2015). D’emblée, l’objectif poursuivi par cet essai, qualifié ainsi par les auteurs, est de réfléchir sur : « les différentes façons d’introduire le local dans la pensée économique, à la relation entre les agents économiques et le territoire et à la manière, dont ce dernier agit sur les relations économiques » (p. 10). Dans cette optique, la notion d’écosystème entrepreneurial s’insère dans une construction de pensée et d’action selon une trajectoire temporelle et réflexive. En cela, l’ouvrage est d’une pertinence scientifique et professionnelle indéniable. Pour y arriver, un effort singulier de synthèse a été fourni par les auteurs. Le livre se subdivise en trois chapitres avec un équilibre respecté même si le premier chapitre paraît plus élaboré que les deux autres. Ce premier chapitre intitulé « L’analyse économique du territoire : histoire d’une idée » se veut historique avec un regard chronologique des travaux à l’origine des écosystèmes entrepreneuriaux. Ici, on est fasciné par la compilation réalisée par les auteurs, laquelle se lit avec facilité, tout en incitant à parcourir le chapitre d’un seul trait afin de ne pas perdre le fil des théories sur la pensée économique du territoire. Le sens de la narration détaillée mérite d’être relevé, dans la mesure où il était ardu de donner de la cohérence à des problématiques disparates, voire contrastées. Pour l’essentiel, la lecture du premier chapitre explique que ce sont des économistes allemands (Johann Von Thünen et Alfred Weber) qui ont posé les jalons de l’économie territoriale. La confirmation de la contribution d’Alfred Marshall à l’analyse économique du territoire semble aussi être une évidence. Le registre des théories contemporaines qui va des districts italiens jusqu’à la théorie de la proximité en passant par les clusters et le milieu innovateur, est complet. L’ensemble de ces travaux a nourri des réflexions quant à la nature des synergies entre l’entrepreneur, l’entreprise, le territoire, et les institutions publiques, aboutissant à ces écosystèmes entrepreneuriaux. Le tout est ponctué de schémas, rendant compte de la dynamique intellectuelle qui a été à l’oeuvre. Ce chapitre initial constitue une démonstration, compréhensible pour un lectorat profane, de la recherche en économie territoriale, la base restant la même, mais les angles de vue se renouvellent. Le deuxième chapitre annoncé comme le cadre théorique sur les écosystèmes entrepreneuriaux décrit leur architecture d’ensemble ainsi que leur fonctionnement interne. Les auteurs ont choisi de mobiliser des concepts issus de l’économie industrielle et plus particulièrement de l’économie de la firme et ceux de l’économie géographique pour appréhender les acteurs et leurs systèmes de relations au sein des écosystèmes …

Parties annexes