Comptes rendus de lecture

Les PME à l’ère de la mondialisation : démystifier la délocalisation et la multilocalisation, Martine BOUTARY, Marie-Christine MONNOYER et Josée ST-PIERRE, Presses de l’Université du Québec, Québec, 2016, 281 p.[Notice]

  • André Joyal

…plus d’informations

  • André Joyal
    Centre de recherche en développement territorial

La délocalisation d’entreprises n’a jamais eu bonne presse. On admettra que ce n’est pas la campagne électorale marquée du sceau de la démagogie du nouveau locataire de la Maison-Blanche à Washington qui a pu améliorer la vision que s’en fait le commun du mortel. On se rappellera que Donald Trump, pour expliquer les pertes d’emplois dans la Rost belt, confondait relocalisation (vers le Mexique) et reconversion par le recours à la robotisation. Est-ce la raison qui a conduit l’éditeur de mettre en première couverture bien en évidence, en blanc sur fond obscur, le mot « mondialisation » devenu depuis longtemps familier à tout un chacun ? Ceci, alors que le sous-titre, en petits caractères sombres, évite d’attirer vraiment l’attention. Les impératifs du marketing semblent s’être imposés. Oui, il est vrai que parler de délocalisation oblige à jouer dans les plates-bandes d’un sujet encore tabou comme on le mentionne dès le début de cet ouvrage écrit à six mains, mis à part le premier chapitre. Martine Boutary est professeure en commerce international à l’Université de Toulouse alors que Marie-Christine Monnayer est présentée ici comme professeure émérite de l’Université de Toulouse 1 Capitole. J’ai connu cette dernière à l’époque où elle était maître de conférences à Bordeaux 1 et formait un threesome avec P.Y. Léo et J. Philippe (tous deux de Marseille III). Quant à Josée St-Pierre, je la côtoie depuis ses tout premiers jours à l’UQTR. Spécialisée en finances, suite à de nombreuses réalisations, elle détient la responsabilité de la chaire du Canada sur la gestion de la performance et des risques des PME. Ces trois auteures, en évitant de trop s’autociter, ont fait en sorte que l’on ne puisse s’assurer sans l’ombre d’un doute laquelle peut revendiquer la totalité de tel ou tel chapitre. On ne trouve donc pas, et c’est heureux, d’effets de rupture qui caractérisent trop souvent les ouvrages collectifs. Leur objectif consistait moins de mettre en évidence les conditions de succès des délocalisations que de signaler ce qui peut en faire une étape dans un processus de développement conduisant soit au succès ou à l’échec. Plutôt que d’aborder le phénomène en se plaçant sous l’angle macroéconomique, c’est en se positionnant dans la réalité managériale des dirigeants de PME qu’il leur a été possible de déceler comment la mondialisation avait un effet sur leur mode d’organisation. Jean-Paul Lemaire, professeur émérite à ESCP Europe, leur sert de maître à penser avec son modèle PREST représenté par la figure 1.1. (que Google permet de retracer telle quelle). On y trouve la représentation des effets des mutations de l’offre et de la montée en puissance de la concurrence sur les stratégies d’entreprises lesquelles se voient également influencées par la technologie et les progrès des systèmes d’information. Sur cette base se pose la question de recherche (p. 11) : en quoi la mondialisation peut-elle avoir un impact sur le mode d’organisation des PME bien intégrées à leur territoire ? Six chapitres précédés d’une préface et succédés d’une postface contribuent à répondre à ce questionnement. Dans sa préface, J.P. Lemaire endosse la démarche des auteures qui s’appuient sur des études de cas de cinq entreprises françaises et québécoises de différents secteurs d’activité. Leur analyse longitudinale, signale-t-il, permet de faire ressortir des itinéraires possibles tout en dégageant des éléments de rationalisation d’ordre stratégique. Pour le chapitre 1, une note de bas de page précise qu’un certain Bertrand Sergot en est le principal responsable. Il offre un aperçu bien détaillé sur les travaux en science de la gestion se rapportant aux délocalisations et leurs enjeux. Les références, dont plusieurs sont récentes, se veulent détaillées …

Parties annexes