Résumés
RÉSUMÉ
Le lien unissant un enfant à ses parents et relayant ainsi son inscription dans un réseau plus large de parenté n'est jamais uniquement l'effet de la procréation ou de la volonté personnelle des adultes qui prennent cet enfant comme leur fils ou leur fille, qu'ils en soient ou non les géniteurs. En effet, l'établissement de la filiation est aussi un geste social soumis à la loi du groupe. Dans nos sociétés, cette loi se trouve énoncée dans des règles de droit que l'État administre et dont il est le garant, mais elle est aussi faite de normes culturelles que les individus contournent, contestent et font évoluer, et qui sont toujours potentiellement en tension par rapport au cadre juridique. En ce sens, la question de la filiation constitue l'un des lieux privilégiés de la confrontation du pouvoir étatique et des intérêts privés par rapport aux enfants. Les pratiques d'adoption légale au Québec, dont cet article fait état, s'inscrivent dans ce mouvement. Tout en étant très formalisées et contrôlées par les instances étatiques, au nom de l'intérêt de l'enfant et de la protection de ses droits, elles se sont récemment beaucoup transformées sous la pression d'autres intérêts et d'autres valeurs.
ABSTRACT
The bond between children and parents and the child's place in a larger kinship network are never simply the result of birth or of the intentions of adults who identify the child as their son or daughter, whether by birth or adoption. Creation of these relationships is a social action regulated by the law of the group. In our societies, these laws are found in legislation, administered and guaranteed by the state. But they are also established by cultural norms, which individuals may bend, contest, and cause to change. These norms are always in potential conflict with formal law. Thus, confrontations between state power and private interests about children often turn on matters of kinship. The practices around legal adoption in Quebec, considered in this article, are part of this tendency. While being formal and controlled by public institutions, in the name of the interests and protection of the child, these practices have been greatly altered under pressure from other interests and in the name of other values.
RESUMEN
El nexo que une un nino a sus padres y que alterna asi su inscription dentro de una red mâs amplia de parentesco, no es ûnicamente el efecto de la procreation o de la voluntad personal de los adultes que aceptan este niflo como su hijo o su hija, sean o no los progenitores. En efecto, el establecimiento de la filiation es también un gesto social, que se somete a la ley del grupo. Dentro de nuestras sociedades, esta ley se encuentra dentro de las normas de derecho que el Estado administra y de las cuales es garante, pero también résulta de normas culturales que los individuos transforman, contestan y hacen evolucionar, y que son siempre en tension potential con el marco jurfdico. En este sentido, la cuestiôn de la filiation constituye uno de los lugares privilegiados de la confrontation del poder estatal y de los intereses privados en relation a los nifios. Las prâcticas de adopciôn legal en Quebec, a las cuales se refiere el présente artfculo, se inscriben en este movimiento. Altamente institucionalizadas y controladas por las instancias estatales, en nombre del interés del nifio y de la protection de sus derechos, estas se nan transformado recientemente bajo la presiôn de otros intereses y valores.
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