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Noël et le mystère de l’incarnation, un ouvrage de Raymond Winling, patrologue et professeur émérite de l’Université de Strasbourg, n’est pas un simple écrit de circonstance à lire à l’aube de la Nativité. Winling convie le lecteur à approcher l’événement de la naissance de Jésus-Christ avec intelligence, mais sans prétention, au long de huit chapitres copieux.

Plutôt que de débuter son analyse avec le matériau néotestamentaire (qui viendra au 2e chapitre), l’auteur aborde de front l’histoire de l’instauration de la fête de Noël au cours des premiers siècles de l’Église. Après un passage par la littérature apocryphe et le Coran (3e chapitre), un examen succinct mais riche des débats anténicéens (4e chapitre), puis des grandes crises des ive et ve siècles se déploie (5e chapitre). C’est dans cette première moitié de l’ouvrage, de même qu’au chapitre suivant, que la connaissance intime des Pères de l’Église qu’a Winling lui permet de mettre en relief les arêtes du débat théologique.

La deuxième moitié de l’ouvrage s’ouvre sur un exposé des « aspects salvifiques du mystère de l’Incarnation » (6e chapitre) nourri de la fréquentation des Pères. Suivent deux chapitres qui tentent de mettre en dialogue la tradition avec des questions contemporaines ; un premier par le biais de diverses questions spirituelles et théologiques (7e chapitre) et le dernier par une ouverture poétique au mystère suivant Clément d’Alexandrie et Charles Péguy (8e chapitre).

En somme, l’auteur offre un survol informé de grands axes par lesquels on puisse aborder la question de l’Incarnation. Le titre même de cet écrit nous indique que c’est à la méditation du mystère que le théologien se livre ici. C’est autour de cette orientation que s’unifie le matériau assez épars assemblé par Winling. C’est donc dans cette approche multiforme marquée de l’empreinte des Pères de l’Église que se situe l’intérêt de ce livre. L’effort d’actualisation est d’ailleurs plus réussi dans l’exploration renouvelée de cet héritage que dans l’examen de problématiques contemporaines, où le caractère de survol de l’ouvrage laisse le lecteur sur sa faim. On note par ailleurs que la tradition théologique et liturgique postérieure à l’époque patristique est passée sous silence, tout comme la vision artistique de la Nativité au fil des siècles. Cela dit, Noël et le mystère de l’Incarnation constitue sans contredit une excellente introduction à l’épaisseur historique, théologique et spirituelle de la fête de la Nativité.