Corps de l’article

Après des décennies d’activité académique et une centaine de publications, P. Donini voit une partie de ses recherches être publiées à nouveau dans un recueil. On lui rend cet hommage avec raison, car il a déployé une ardeur peu commune dans le domaine de la philosophie antique depuis 1964. Ses livres et articles ont influencé la manière dont nous percevons Aristote, Platon et leurs commentateurs. Il était temps de regrouper les principaux articles de Donini et de les rendre plus accessibles.

Deux raisons ont motivé les éditeurs à publier ce recueil : l’importance des contributions concernées et la difficulté à se les procurer. Donini est une figure incontournable des études en philosophie ancienne et ses publications s’étendent sur quatre décennies et plusieurs continents. Les articles de périodiques se trouvent plus aisément, surtout depuis l’avènement des formats électroniques dans les bibliothèques universitaires. Mais les contributions dans les recueils sont moins accessibles, car il s’agit de publications ponctuelles, pour lesquelles les bibliothèques n’ont pas souvent de commande permanente (à l’inverse des périodiques, qui requièrent un abonnement). L’accès à des publications de cette envergure justifie donc la sortie de ce recueil.

M. Bonazzi a sélectionné vingt-deux études de Donini, auxquelles se greffent deux articles inédits. Donini a publié bien davantage, mais il fallait se limiter et regrouper les études en un tout cohérent. S’en tenir aux intérêts premiers de l’A. semble une bonne idée. Le volume se divise donc en deux parties, la première sur Aristote et la tradition aristotélicienne ; la seconde sur le platonisme et la philosophie post-hellénistique. En d’autres mots, la première s’attarde surtout sur Aristote et Alexandre d’Aphrodise ; la seconde, sur Plutarque. Il convient en effet d’écarter les articles de Donini qui portent sur les stoïciens, Plotin ou Galien, car ces derniers occupent moins de place dans la carrière de Donini. Les articles sont en allemand, en anglais, en français et en italien. Des résumés en anglais précèdent les études. Parfois longs et détaillés, ils ont été composés pour ce recueil, car les articles originaux ne sont pas tous munis d’un résumé en anglais ou d’un résumé tout court. À ce que nous avons pu constater, les résumés originaux n’ont pas été repris ni traduits, mais ont été rédigés pour l’occasion.

Il ne ferait pas sens de récapituler des études qui ont, pour la plupart, été publiées depuis longtemps et que les spécialistes connaissent déjà. L’introduction du volume s’acquitte d’ailleurs de cette tâche. Disons seulement un mot sur les deux articles inédits. Le premier se penche sur la causalité, le volontaire et la décision dans la Rhétorique d’Aristote en I, 10-15. Donini considère les causes des mauvaises actions et montre que la proairesis dont il est question dans la Rhétorique diffère de celle dans les traités d’éthique du Stagirite. La différence viendrait du contexte dans lequel ce concept est employé plutôt que d’une évolution doctrinale. Le second article inédit s’attarde sur le traité Du démon de Socrate de Plutarque. Les commentateurs tendent à voir dans Epaminondas le personnage central du dialogue de Plutarque et l’incarnation du véritable philosophe platonicien. Donini conteste cette interprétation et en fixe les limites. Aucun personnage du dialogue, croit-il, ne joue ce rôle à la perfection. Plutarque mettrait en scène différents platoniciens, révélant à quel point il est difficile d’être un platonicien véritable.

Une bibliographie des publications de Donini vient à la suite des études. On aurait aimé qu’elle distingue entre les livres, les articles et les comptes rendus. Une liste chronologique, tous types confondus, s’avère moins pratique. Après avoir parcouru un recueil d’articles, le lecteur aimerait identifier d’un coup d’oeil les livres publiés par Donini. L’inclusion de comptes rendus surprend, car les bibliographies négligent généralement ce genre de publications. Mais il faut reconnaître que cette bibliographie est la plus complète qui soit sur Donini. Les meilleures bases de données n’atteignent pas une telle exhaustivité. L’année philologique répertorie trois des onze comptes rendus énumérés dans ce recueil, alors que le Philosopher’s Index n’en repère qu’un. Aucune n’atteint non plus la somme des cent sept références fournies dans cette bibliographie.

Un index locorum clôt le volume. C’est une addition intéressante, que ne pouvait offrir la publication originale de ces études. Nous pouvons dorénavant repérer les passages d’oeuvres anciennes que cite Donini. La présence de cet index rend toutefois manifeste l’absence de son complément naturel, à savoir un index nominum. Les articles mentionnent bien des commentateurs modernes et un index en fin de volume aurait pu les regrouper.

Il ne reste qu’à féliciter les instigateurs et les nombreux collaborateurs qui ont permis à ce volume de voir le jour. La valeur de son contenu est mise en évidence par une édition soignée et de grande qualité.