Recensions

Bernard Xibaut, Joseph Doré. La responsabilité d’un évêque. Postface par Mgr Joseph Doré. Paris, Mame, 2006, 396 p.[Notice]

  • Gilles Routhier

…plus d’informations

  • Gilles Routhier
    Université Laval, Québec

En 2002, des amis de la Faculté de théologie et de sciences religieuses de l’Institut Catholique de Paris avaient préparé un livre hommage à Joseph Doré intitulé La responsabilité des théologiens. Cinq ans plus tard, à l’occasion de son 70e anniversaire de naissance, alors qu’il était sur le point de renoncer au siège épiscopal de Strasbourg, Bernard Xibaut, chancelier de ce diocèse, publiait un deuxième recueil intitulé cette fois La responsabilité d’un évêque. Cet ouvrage volumineux se lit aisément du fait qu’il est découpé en plusieurs courts chapitres, sans apparat critique, si l’on excepte les citations et les références aux divers textes de Mgr Doré lui-même. D’une construction simple, l’ouvrage ordonne l’ensemble des matières en quatre parties, les trois premières liées aux trois munera reconnues aux évêques, qui ne sont toutefois pas présentées suivant l’ordre d’importance que leur attribue le concile Vatican II : la sanctification, l’enseignement et le gouvernement. La troisième partie quant à elle, intitulée « transversalité », rassemble les matières qui ne pouvaient entrer que difficilement dans cette systématique. On y trouve des textes intéressants, encore davantage si l’on connaît Mgr Doré, à qui ce livre est offert, et le diocèse de Strasbourg dont il était alors évêque. À côté des perles — par exemple un chapitre sur les grandes orientations sacramentelles (qui traite en fait de la pastorale des divorcés remariés et de la célébration des funérailles) ou celui portant sur les orientations strasbourgeoises en matière de discipline du sacrement du pardon — qui touchent des questions délicates, on observe des silences : rien sur le baptême, rien non plus sur le mariage, sur le dimanche ou le catéchuménat, autant de questions qui sont aujourd’hui au coeur de la pastorale sacramentelle de nos diocèses. De plus, cette première partie ne prend pas les choses à partir du concept d’initiation, mais touche aux réalités qu’il recouvre à partir de l’eucharistie et de la confirmation. La partie consacrée à la fonction d’enseignement de l’évêque offre les mêmes surprises puisqu’on ne trouve rien sur la catéchèse, dossier figurant pourtant au coeur des débats de la Conférence épiscopale française au cours des années d’épiscopat de Mgr Doré et question aujourd’hui cruciale. Cela tient peut-être à la situation concordataire qui donne à penser que l’affaire est résolue par la présence de l’Église dans les institutions publiques. La troisième partie, consacrée au gouvernement de l’Église, offre des réflexions intéressantes sur le régime de conseil dans lequel s’inscrit le gouvernement de l’évêque et des vues suggestives sur l’art de la visite pastorale. On se serait attendu à un complément sur la synodalité vécue sur le plan diocésain, soit à travers un synode formel ou une démarche de caractère synodal (si ce n’est dans le chapitre sur l’évêque et ses prêtres, aux pages 175-176). Il aurait été intéressant, par exemple, de trouver dans cette section un éclairage sur le processus qui a conduit au remodelage paroissial dans le diocèse de Strasbourg. De même, question aujourd’hui brûlante, on aurait aimé quelques lignes sur l’accueil ou la reconnaissance de « communautés nouvelles » dans le chapitre consacré aux congrégations et l’articulation entre les prêtres de ces communautés nouvelles et les prêtres diocésains dans un même presbyterium. Rien non plus dans ce chapitre sur les initiatives sociales d’un évêque qui peuvent également relever du gouvernement du diocèse. On ne se serait pas attendu à moins dans un diocèse comme Strasbourg, l’ouvrage consacre un chapitre à l’oecuménisme et un autre au dialogue interreligieux, deux dimensions importantes de la vie religieuse strasbourgeoise. La quatrième partie, « Transversalité », nom que Joseph Doré avait …