Chronique

Recherches et publications récentes autour de Vatican II[Notice]

  • Gilles Routhier et
  • Michael Quisinsky

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  • Gilles Routhier
    Faculté de théologie et de sciences religieuses
    Université Laval, Québec

  • Michael Quisinsky
    Docteur en théologie
    Albert-Ludwigs-Universität, Freiburg im Breisgau

Lorsque j’ai ouvert cette chronique, il y a maintenant douze ans, j’étais loin d’anticiper un tel développement des recherches et des publications sur Vatican II. Un tel essor est sans doute lié aux travaux lancés à l’Istituto per le scienze religiose de Bologne sous la direction du professeur Alberigo, qui assura la direction éditoriale de l’histoire de Vatican II. Depuis, on assista à la création de centres ou de projets de recherche dans divers pays et le développement d’un nouvel intérêt pour le Concile chez une nouvelle génération de chercheurs. Alors que la recherche bolonaise est parvenue à son terme et que le professeur Alberigo nous a quittés, d’autres prennent la relève et les publications sont de plus en plus diversifiées. Alors que les études sur l’histoire et sur la réception de Vatican II ont moins le vent en poupe, l’herméneutique du Concile devient de plus en plus une préoccupation des chercheurs. Au même moment, la publication de sources, de journaux conciliaires en particulier, connaît un nouvel essor. Au gré des anniversaires, la recherche sur le Concile se développe, comme s’il était encore promis à un bel avenir. Contrairement aux précédentes, la présente chronique ne rendra pas compte de la publication d’articles scientifiques ou des mémoires et thèses déposés au cours des dernières années, tant la production est abondante. Gilles Routhier Plusieurs Pères conciliaires ont eu une activité épistolaire importante. On pense notamment au cardinal Lercaro, dont les lettres sont publiées, et à des pasteurs moins prestigieux dont, au Canada, Mgr Baudoux, qui postait une carte postale quotidienne à sa soeur ou Mgr Sanschagrin, qui envoyait une longue lettre hebdomadaire à sa mère. Herder Camara sort du lot, non seulement par l’abondance ou l’ampleur de ses lettres, mais aussi par leur contenu qui donne un nouvel éclairage à certains moments importants du Concile Vatican II et, en particulier, à l’insertion dans le Concile de la voix des pauvres et du Tiers-Monde qui a trouvé à s’exprimer, notamment dans Gaudium et Spes, et qui a conduit à la création de la Commission Justice et Paix. Déjà, les 26-27 septembre 1965, il parle de la « création du Secrétariat pour l’expansion de la justice et du développement dans le monde ». Dans cette activité épistolaire, on a comme une autre forme de journal conciliaire. On doit se réjouir qu’après l’édition brésilienne réalisée par Luiz Carlos Luz Marques, qui a consacré sa thèse de doctorat à ces lettres, les Éditions du Cerf, où l’on trouve les publications les plus importantes sur Vatican II en langue française, présentent en deux volumes les 290 lettres (sauf 7 qui sont perdues) adressées par Helder Camara à ses collaborateurs brésiliens qu’il appelait sa « Famille ». À travers ces lettres, on ne trouve pas seulement raconté le déroulement du Concile, mais également les préoccupations d’un prophète qui voulait être la voix des pauvres au Concile, un Concile qui devait être en quelque sorte un Bandoeng chrétien, qui permettrait à l’Amérique du Sud, à l’Afrique et à l’Asie de parler librement. Il rêvait d’une Église catholique, c’est-à-dire qui rassemble des peuples de toutes les cultures et de tous les mondes. On trouve aussi des renseignements précieux sur le fonctionnement du Concile, pas tant de ses instances ordinaires prévues par le règlement, mais de tous ces groupes informels qui ont participé activement à l’éveil, au développement et à la maturation des idées. En fait, Helder Camara, qui n’a jamais pris la parole dans l’aula conciliaire, n’a apporté une contribution à la rédaction de textes conciliaires qu’à titre de membre de la Commission pour l’Apostolat des …

Parties annexes