Recensions

Philippe Boutry, Yves-Marie Fradet et Philippe Levillain, dir., 150 ans au coeur de Rome. Le Séminaire français 1853-2003. Paris, Éditions Karthala, 2004, 535 p.[Notice]

  • Philippe J. Roy

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  • Philippe J. Roy
    Université Laval, Québec

Le Séminaire français de Rome fut fondé en 1853, par les pères du Saint-Esprit, dans le but de romaniser le clergé de France qu’ils estimaient trop soumis aux influences gallicanes. Il reçut l’approbation canonique du pape Pie IX par la bulle In sublimi Principis (14 juillet 1859), et le titre de Séminaire Pontifical par le bref Cum nihil potius (20 juin 1902) de Léon XIII. La première étude sur le Séminaire français de Rome fut celle réalisée en 1903 par le recteur Alphonse Eschbach à l’occasion du cinquantième anniversaire de la fondation. Quelques années plus tard, un autre supérieur du Séminaire, le père Jean-Baptiste Frey s’intéressa à nouveau à la question dans un ouvrage intitulé Le Saint-Siège et le Séminaire français de Rome, dans lequel il réunit un ensemble de documents pontificaux concernant le Séminaire. En 1953, dans La Pensée catholique, l’abbé Raymond Dulac écrivit sur l’institution qui l’avait formé un article intitulé « Réflexions et documents sur un centenaire ». Ce travail partisan ne répond certes pas à tous les critères scientifiques, mais il est tout de même intéressant, autant par les éléments qu’il apporte que par les documents cités. La première étude accomplie par un historien étranger à l’institution fut l’article d’Yves-Marie Hilaire, qui étudia le recrutement des étudiants du Séminaire de sa fondation à 1914. À partir du registre du Séminaire, qui indique pour chaque étudiant le lieu et le diocèse d’origine, l’auteur a cartographié le recrutement des élèves par diocèses d’origines, et ce, pour deux périodes distinctes, de 1853 à 1870, et 1906 à 1914. En 2003, Paul Airiau soutint sa thèse de doctorat sur Le Séminaire français de Rome du père Le Floch. Sous la direction de Jean-Marie Mayeur, il a travaillé essentiellement à partir des archives générales de la Congrégation du Saint-Esprit, des archives du Séminaire Français de Rome, des archives diocésaines, des archives Vaticanes, des Archives Nationales, des Archives du Ministère des Affaires étrangères (Paris), des archives Francisque Gay, des Papiers Édith Crosnier, etc. Cette thèse n’est malheureusement pas publiée. L’année même où Paul Airiau soutint sa thèse (2003), l’historien Marcel Launay publia un ouvrage sur Les séminaires français au xixe et xxe siècles, dans lequel il étudia essentiellement la place et le rôle des Sulpiciens. Ce n’est que de façon anecdotique qu’il s’est penché sur la fondation du Séminaire spiritain à Rome. Il faut attendre l’année suivante, à l’occasion du cent cinquantième anniversaire du Séminaire, pour voir la parution d’un ouvrage entièrement dédié à ce sujet. Publié sous la direction de Philippe Levillain, de Philippe Boutry et d’Yves-Marie Fradet, il s’intitule 150 ans au coeur de Rome. Le Séminaire français 1853-2003. Dans ce livre, les 22 collaborateurs, clercs ou universitaires, présentent les grandes étapes de l’histoire du Séminaire français, les traits distinctifs de la formation donnée, le rapport à la fois aux différents papes, à l’Église et à l’État français, son rôle lors du Concile Vatican II, les personnalités qui ont marqué son histoire, ainsi que quelques réflexions sur l’oeuvre du Séminaire. Les collaborateurs ont pu puiser avec beaucoup de profit dans les archives de l’institution. Les auteurs le mettent en évidence dès l’introduction, le but de cette fondation était clair : « romaniser le clergé de France trop soumis, selon le courant ultramontain, aux influences gallicanes et, par le fait même, concurrencer d’une certaine manière les Sulpiciens dont l’enseignement était critiqué. On comprendra : le débat quant à la fondation d’un Séminaire français à Rome relèverait d’une opposition entre deux conceptions classiques au xixe siècle entre gallicanisme et ultramontanisme » (p. 2). Plus …

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