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Dès l’introduction, l’auteur précise l’ampleur, l’audace et même la profondeur de la démarche spirituelle de son ouvrage. Il rappelle que le Christ, dans l’Évangile de saint Jean affirme à ses disciples l’amitié qu’il leur voue : « Je ne vous appelle plus serviteurs, mais amis ». D’emblée, il nous présente trois figures particulièrement significatives de cette amitié : sainte Thérèse de Lisieux, la bienheureuse Élisabeth de la Trinité et le père Teilhard de Chardin qui ont vécu une riche expérience d’amitié avec le Seigneur. Il pose alors la question de fond : « Peut-on avoir Jésus comme ami ? »

Le chapitre premier présente le Christ comme le Fils de Dieu, notre Frère en humanité. S’inspirant des mots du cardinal Ratzinger, l’auteur affirme que la conception de Jésus est une nouvelle création, et non une procréation par Dieu. Car la filiation divine n’est pas un fait biologique, mais ontologique. Elle n’est pas un événement dans le temps, elle se situe dans l’éternité de Dieu : Dieu est toujours Père, Fils et Esprit. La conception de Jésus ne signifie pas la naissance d’un nouveau Dieu-Fils, elle signifie que Dieu comme Fils assume dans l’homme Jésus la créature homme, de sorte qu’il est lui-même homme. En lui, commence une nouvelle humanité. Comme Fils de Dieu, il est véritablement notre Frère en humanité. L’auteur nous présente, à la fin de ce chapitre, l’expérience de Charles de Foucauld tout axée sur le mystère de Nazareth.

Le chapitre deuxième traite du rapport en Jésus qui est à la fois le Maître et l’Ami. Jésus est le Maître. Et il se comporte comme tel. Il propose avec autorité et sûreté un enseignement qui touche les dimensions éthiques et spirituelles fondamentales de l’être humain. Mais il se montre ouvert à l’amour d’amitié, expression que développera longuement saint Thomas d’Aquin. Cette amitié de haute intensité pourrait être qualifiée d’amitiés célestes. C’est une affinité des âmes autant qu’une affection tendre. C’est se rapprocher de l’autre sans vouloir le capturer ni se perdre en lui, s’effacer sans se détruire, faire alliance sans s’aliéner. Voilà le genre d’amitié que Jésus propose. C’est en ce sens qu’il faut comprendre l’amitié qu’il manifeste envers l’apôtre Jean.

Le chapitre troisième traite du rapport de Jésus avec les femmes et les enfants. Contrairement à la mentalité de son époque, il s’approche des femmes, prend leur défense, les appelle à la dignité et à l’égalité avec les hommes. Quant aux enfants, il les présente comme ceux à qui le royaume est d’abord révélé et il demande qu’aucun ne soit exploité ni scandalisé par la conduite des plus grands.

Le chapitre quatrième présente Jésus avec les pauvres, les malades et les exclus. Il est lui-même le plus pauvre qui n’a rien où reposer sa tête. Personne ne peut servir Dieu et l’Argent. Si tu fais un festin, n’invite pas ceux qui peuvent te le rendre, mais invite les pauvres, les estropiés, les boiteux, les aveugles, les malades. Au jugement dernier, c’est sur la façon dont chacun aura accueilli l’autre que le jugement portera.

Le chapitre cinquième place Jésus face aux pécheurs. « Je suis venu appeler non pas les justes, mais les pécheurs pour qu’ils se convertissent ». Chacun est pécheur et Jésus est le seul médecin qui peut guérir. Le Dieu de Jésus-Christ est le Dieu du pardon, de la miséricorde. Le Christ, frère en humanité, connaît la profondeur de la faiblesse humaine. Il ne craint pas de la rencontrer, de lui faire face et de lui offrir sa rédemption.

Le chapitre sixième présente la Transfiguration du Seigneur comme avant-goût de ce qui va venir. Jésus devient le tout Autre devant ses disciples. Par ce geste, il offre ce qu’il a promis : la résurrection pour tous. De plus, la Transfiguration présente le Christ dans une Beauté anticipée, tellement que ses trois amis veulent rester sur la montagne et y établir leur tente. Pour élaborer sur ce sujet tellement grandiose, l’auteur fait appel à Dostoïevski qui a tellement écrit sur la Beauté du Christ, aux grands mystiques Thérèse d’Avila, saint Jean de la Croix et au père Teilhard de Chardin.

Le chapitre septième offre une réflexion très profonde sur Jésus et ses rapports entre le Père et l’Esprit-Saint. À partir de cette communion avec le Père, qui est le centre proprement dit de sa personnalité, Jésus nous apporte Dieu et avec lui la vérité sur l’homme, sur son origine et sa destinée. Enfants de Dieu, le modèle chrétien n’est donc pas la relation du maître à esclave, mais celle de père et de fils, le fils recevant du Père la liberté et est posé libre dans son être propre. L’amour devient ainsi, comme dans la Trinité, le moteur de toute l’histoire.

Le chapitre huitième devient alors un moment privilégié de l’ouvrage. Il nous fait pencher sur le mystère de la Croix avec toute l’attention dont l’infinie bonté du Dieu qui est Amour nous rend capables. L’Amour est la clé du Calvaire. Comment aurions-nous pu imaginer que Dieu était capable d’agir ainsi ? Seul l’Amour absolu le pouvait. C’est ici que l’A. présente le sommet de sa méditation sur l’Amitié de Jésus. Pour lui, si on croit vraiment en Jésus, Fils de Dieu et Frère en humanité, on ne devrait jamais se lasser de relire le récit du repas des adieux. On s’y sent si proche de notre Maître et Ami qu’il n’est pas possible d’aller plus loin. Il n’y a pas de plus grand amour que de donner sa vie pour ceux qu’on aime.

Les trois derniers chapitres présentent le sacrement de l’Eucharistie comme Présence constante de l’Amour et de l’Ami Jésus, comment l’apôtre Paul a été saisi par l’Amour de Jésus et sa soif constante et passionnée pour l’évangélisation. Enfin, ce livre-méditation n’offre pas de conclusion. Il laisse à chaque lecteur une ouverture que chacun voudra bien emprunter.