Recensions

André Laks, Michel Narcy, éd., Philosophie antique. Problèmes, Renaissances, Usages. Numéro 9 : Néoplatonisme. Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion, 2009, 232 p.[Notice]

  • Richard Dufour

…plus d’informations

  • Richard Dufour
    Université Laval, Québec

Le neuvième numéro de la revue Philosophie antique a pour thème le néoplatonisme et contient quatre articles sur Plotin, un sur Proclus et trois autres qui traitent respectivement de la phantasia, de la cosmogenèse chez Calcidius et de l’immortalité de l’âme dans le Phèdre d’après Alcinoos, Alexandre d’Aphrodise et Hermias d’Alexandrie. Les contributions sont de valeurs inégales et d’intérêts divers. Chaque article principal (en excluant les varia) s’accompagne d’un résumé initial et d’une bibliographie finale assez détaillée. R. Chiaradonna discute de la mémoire et de la connaissance des intelligibles selon Plotin. L’attention porte avant tout sur les traités 27 (IV, 3) et 28 (IV, 4). L’analyse entre suffisamment dans les détails sans pourtant traîner en longueur. Chiaradonna rappelle que l’Intellect n’a pas de mémoire, puisqu’il vit hors du temps et que la mémoire ne commence qu’avec les âmes. Cette mémoire peut avoir un contenu sensible (les affections) ou intellectuel (contenu appris). L’auteur n’oublie pas non plus de faire le lien avec la réminiscence, qui est une réactualisation de connaissances innées, et avec la phantasia. On s’attardera à la question épineuse des deux facultés imaginatives et à la très longue note qui l’accompagne (p. 20) : Chiaradonna voit deux mémoires à l’oeuvre chez Plotin, l’une sensible et l’autre intelligible, qui correspondent à chacune des « deux âmes » ou aux deux champs d’activité de l’âme. Le moment fort de ce texte est sans doute l’explicitation des étapes nécessaires à la connaissance des Formes chez Plotin (p. 27). V. Cordonier étudie le rôle que joue le milieu perceptif chez Plotin dans la transmission des affections par sympathie. C’est un thème peu étudié, mais fort intéressant. L’on sait que Plotin admet l’existence et la nécessité d’un intermédiaire pour que les sensations aient lieu, sans pour autant qu’il accorde que l’intermédiaire lui-même pâtisse. D’après lui, l’affection ne transite pas de proche en proche dans le milieu intermédiaire, par une transmission séquentielle qui irait de l’objet à l’organe sensoriel. Le milieu est affecté par accident et Plotin adopte une explication immatérielle de la transmission de l’affection. Là où l’article de Cordonier soulève plus d’intérêt, c’est lorsque cette dernière insiste sur l’exemple de la torpille, utilisé par Plotin, ce poisson qui arrive à engourdir le pêcheur à travers un milieu intermédiaire. Elle prétend que la torpille sert souvent d’exemple dans l’Antiquité et que Plotin ne fait que le reprendre ou l’adapter. Le lecteur reste cependant sur sa faim, car elle étaye peu cette affirmation par des références concrètes. C’aurait pourtant été un temps fort de cette étude, si elle avait vraiment examiné quel usage les textes philosophiques font de la torpille quand ils traitent des affections sensibles. Mais l’auteur se contente d’affirmations mal défendues et de sauts trop rapides aux conclusions. P. Thillet analyse une variante textuelle de 49 (V, 3), 7, 3. Il veut justifier une correction de Harder-Beutler-Theiler, qui vient d’un manuscrit tardif du 15e siècle. Le problème surgit avec le participe apertisménas, conservé par Armstrong et Henry-Schwyzer. Harder et le manuscrit J lui préfèrent aperteménas. Ce n’est pas le lieu ici d’entrer dans les détails. Mais notons qu’il est difficile de suivre Thillet dans les méandres de son argumentation, surtout que des transpositions de verbe semblent s’être insérées dans son texte. Certains verbes ont parfois été mis à la place d’autres verbes et l’analyse, semble-t-il, ne fait plus sens. À la p. 74, par exemple, nous croyons que apartâsthai a été remplacé par apartízein. Outre quelques cas où les verbes imprimés ne paraissent pas être les bons, l’argumentation générale ne convainc …