Note critique

Droits de l’homme et encyclopédisme : perspectives comparées en France et aux États-Unis[Notice]

  • Yves Laberge

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  • Yves Laberge
    Faculté de philosophie, Université Laval, Québec

Cette note critique comparative sur les droits de l’homme présentera successivement deux ouvrages de référence majeurs auxquels les principales revues canadiennes n’ont hélas ! pas fait écho, en dépit de l’importance indéniable de ces deux parutions monumentales. Pour combler ce silence apparent et déplorable, mais sans prétendre épuiser un sujet aussi riche et complexe, les observations qui suivent porteront principalement sur les contenus philosophiques et théologiques de ces deux livres imposants : l’un publié en France, et l’autre, aux États-Unis. Ces deux titres seront ici présentés dans cet ordre. Loin de vouloir instaurer une quelconque rivalité entre ces deux équipes de centaines de chercheurs réunis, quelques remarques comparatives serviront de conclusion. Le professeur Joël Andriantsimbazovina et ses collaborateurs (oeuvrant pour la plupart dans des universités françaises) peuvent être particulièrement fiers d’avoir réalisé le tout premier Dictionnaire des droits de l’homme disponible en langue française. Les chiffres de cette édition impressionnent : 274 articles, près de 200 auteurs, plus de 1 000 pages, et quatre index. Ici, toutefois, pas de présentation générale, ni de texte liminaire, ni de préface ; seulement un bref avant-propos qui ne contient qu’une idée : la volonté de rappeler le bien-fondé de l’expression « droits de l’homme », acceptée dans toute la francophonie, plutôt que celle de « droits de la personne », qui n’est reconnue que dans certains milieux, particulièrement au Canada (p. vii). Comme il est impossible de présenter succinctement un ouvrage d’une telle ampleur, seulement quelques notices représentatives seront ici examinées. La toute première notice du livre est d’ordre juridique et porte sur « l’abus de droit » et son interdiction (p. 1). Selon l’auteur, cette notion d’abus de droit « repose sur l’idée que, même si on est dans le cadre de l’exercice d’un de ses droits, on peut néanmoins agir de manière illicite et encourir des sanctions à ce titre » (p. 1). Cette notice de deux pages illustre la méthode privilégiée par les auteurs : leurs notices dissèquent une idée ou un terme, le plus souvent du point de vue juridique, mais sans toujours en fournir une définition précise dès les premières lignes de la notice. Beaucoup d’auteurs présument que le lecteur serait déjà initié à ce vocabulaire de base : on situe brièvement, on élabore, on discute du terme ou du concept sans volonté de faire comprendre aux non-initiés. Même les « bonnes moeurs » sont d’abord présentées comme une « norme juridique cadre » ; la notice à ce propos comporte des références au Code pénal et cite un jugement ayant fait jurisprudence (p. 109). Dans un même ordre d’idées, la notice sur les « Méthodes interprétatives » situe l’interprétation autour de la « théorie du positivisme juridique » et néglige l’apport portant primordial des sciences sociales, notamment de la sociologie (p. 540). En guise de suite logique, la notice sur le positivisme se concentre principalement sur le positivisme juridique qui « désigne une épistémologie, la volonté de construire une science positive du droit, sur le modèle des sciences empiriques » (p. 783). Une abondance de documents officiels, déclarations et chartes ont leur propre notice, dont la « Charte africaine des droits de l’homme et des peuples », la « Convention interaméricaine des droits de l’homme », le « Pacte international relatif aux droits économiques, sociaux et culturels », et plusieurs autres. Évidemment, ces documents officiels ne sont pas reproduits ici, mais plutôt mis en contexte, commentés et comparés. Le système de renvois d’une notice à l’autre est très bien structuré et permet d’explorer une même idée sous plusieurs facettes. Ainsi, on ne trouve pas de notice …

Parties annexes