Recensions

Geert Van Oyen, Lire l’évangile de Marc comme un roman. Traduit du néerlandais par Michel Perquy. Bruxelles, Éditions Lessius (coll. « Le livre et le rouleau », 38), 2011, 175 p.[Notice]

  • Jean-René Duchesneau

…plus d’informations

  • Jean-René Duchesneau
    Université Laval, Québec

Par cet ouvrage, l’auteur Geert Van Oyen souhaite atteindre spécialement le sujet contemporain de tous horizons qui, souvent situé hors de l’institution ecclésiale et de l’institution universitaire, n’a pas d’ordinaire l’occasion d’une lecture biblique signifiante. L’auteur insiste donc sur une exploration simplifiée du texte qui, d’emblée, ne nécessite pas un bagage académique de type « exégétique », ni même la foi. L’auteur invite « tous ceux qui veulent entendre » (Mc 4,9.23 ; 7,16), incluant ceux qui se soucient des questions de sens et de foi. L’angle avec lequel l’auteur aborde l’Évangile permet même de considérer les lecteurs de toutes époques eu égard au parcours programmatique proposé par la narration de l’évangéliste Marc. Ce livre contient deux parties distinctes. La première (chapitres 1 à 3) traite de certaines considérations plutôt générales portant sur la manière d’envisager la littérature biblique ; il est notamment question des écueils liés à la Bible elle-même, des fausses croyances largement répandues à son sujet, ainsi que de possibles difficultés du côté des lecteurs. La seconde partie porte spécifiquement sur l’Évangile de Marc, selon l’angle d’approche choisi par l’auteur. Elle est subdivisée comme suit : la façon de raconter de l’auteur (chapitre 4), les multiples questions posées dans le récit (chapitre 5) et les hésitations sur l’utilisation des titres attribuées à Jésus (chapitre 6), les relations entre Jésus et ses disciples (chapitre 7), la ligne narrative se rapportant à Jésus (chapitres 5 et 6) et aux disciples (chapitre 7), la logique de la Passion (chapitre 8), et enfin, une courte considération au sujet de la résurrection (l’épilogue : chapitre 9). À la fin de chaque chapitre, il y a une modeste bibliographie, laquelle est constituée de suggestions de lecture concernant le sujet ayant été traité. Il se trouve très peu de références — l’auteur précise en Préface qu’il s’agit là d’un choix, ajouté à celui d’éviter les débats disciplinaires. Plutôt que d’attendre d’une démarche exégétique l’obtention d’informations purement théoriques, l’auteur souhaite de préférence que le contact avec l’Évangile marcien produise un effet de transformation chez son lecteur ; l’auteur recherche ainsi l’effet performatif du récit. Il s’agit de responsabiliser le lecteur sur le rôle qu’il peut assumer dans son rendez-vous avec le texte évangélique. La lecture se fait donc dans une perspective personnelle et actuelle, permettant à tout un chacun de se faire sa propre idée, à partir de ses propres questionnements. L’implication personnelle et l’engagement pratique sont recherchés (p. 170-171). L’exégète désire occuper ici la fonction de guide (p. 33, 88-89). Un guide pour la lecture, partageant sa propre perspective sur le récit, montrant au lecteur une manière possible de lire l’évangile. Pour ce faire, il utilise certains outils-concepts propres aux méthodes analytiques de type synchronique. Sous la dominance d’une approche narratologique, s’ajoutent des éléments habituellement référés à la discipline de la rhétorique, ainsi qu’à l’étude s’intéressant à la reader response criticism. À titre indicatif, l’auteur explique qu’il y a, à plusieurs endroits dans l’Évangile, notamment à la fin de celui-ci, des informations manquantes — des « blancs » ou des « trous » volontairement laissés par l’évangéliste — afin que soit activée la créativité du lecteur (p. 89). Ainsi, l’exégète explique le nécessaire apport d’un « lecteur réel » au regard du récit évangélique marcien, en raison de la fonction constitutive du lecteur dans l’élaboration du sens textuel (p. 165). C’est ce qui explique, selon l’auteur, la pluralité d’interprétations applicables à un même texte. D’autre part, afin de baliser quelque peu l’aventure herméneutique subjective, l’auteur met à profit certains éléments empruntés à David Rhoads, lesquels représentent une certaine éthique de la lecture (p. …