Recensions

Gérard Siegwalt, Le défi interreligieux. L’Église chrétienne, les religions et la société laïque. Écrits théologiques I. Paris, Les Éditions du Cerf, 2014, 386 p.[Notice]

  • Jean Richard

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  • Jean Richard
    Université Laval, Québec

Les Éditions du Cerf ont entrepris l’édition, en cinq volumes, des Écrits théologiques de Gérard Siegwalt. L’auteur est déjà bien connu des milieux théologiques par son oeuvre monumentale, la Dogmatique pour la catholicité évangélique, en dix volumes. Les Écrits théologiques contiennent maintenant les conférences et articles produits par GS au fil des ans. Ils se caractérisent par leur enracinement dans la situation socio-culturelle contemporaine. L’ouverture de la série en fait foi. Ce premier volume porte sur Le défiinterreligieux, lequel se produit sur l’arrière-plan de ce qu’on pourrait appeler « le défi religieux » face à la société sécularisée. La première partie établit la problématique générale, celle du christianisme dans la société sécularisée et plurireligieuse. D’abord, le problème de la religion dans la société sécularisée : comment la religion peut-elle contribuer au bien commun de la société ? Et puis, la question interreligieuse : de quel apport le christianisme peut-il être aux autres religions et, réciproquement, quelle influence critique et positive peut-il recevoir de leur part ? Dans cette perspective, le dialogue interreligieux prend tout son sens. Chacune des parties suivantes élabore un aspect de cette problématique. La deuxième partie porte sur « Religion et laïcité ». Le rapport entre l’Église et l’État est considéré d’après la doctrine luthérienne des deux règnes, que GS défend contre la critique qu’en fait K. Barth. Suit la question de l’enseignement religieux dans la société laïque. Sous le titre : « Culture religieuse et transmission de la foi », elle est traitée en regard de la situation concordataire d’Alsace et de Lorraine. La question plus fondamentale de la liberté religieuse dans la société laïque est l’occasion d’une réflexion approfondie sur la laïcité et l’éthique, et sur le fondement spirituel de l’éthique. Les autres parties de l’ouvrage sont consacrées à la rencontre du christianisme avec les autres religions. La troisième partie aborde les questions fondamentales qui concernent l’ouverture du christianisme aux autres religions. GS reconnaît au fondement de chaque religion une expérience de révélation qui constitue sa vérité. Une telle révélation comporte toujours un double aspect : universel et particulier. Son caractère universel permet la rencontre, mais toute révélation comporte nécessairement un aspect particulier, dans la mesure où elle s’adresse, bien concrètement, à tel individu, à tel peuple qui la reçoit, qui en est touché. Le défi interreligieux se trouve alors bien exprimé dans la question : « Comment participer à la vérité [à la révélation] d’une autre religion ? ». La quatrième partie aborde plus directement et concrètement le rapport du christianisme au judaïsme et à l’islam. La section sur le judaïsme se concentre sur la question de la loi, question à laquelle GS a déjà consacré tout un ouvrage : La Loi, chemin du salut (Neuchâtel, Delachaux & Niestlé, 1971). C’est par là qu’il commence ici, avec un chapitre intitulé : « La loi de l’Ancien Testament est-elle chemin de salut ? ». GS répond qu’elle est bien chemin du salut, puisqu’elle conduit Israël au royaume de Dieu. Chemin du salut, oui, non pas cependant moyen de salut. La position de Paul prend ainsi tout son sens, en tant que critique de la déformation légaliste qui fait de la loi un moyen d’autojustification. Quant à la signification permanente de la loi (la Torah) pour Israël, et à sa signification actuelle pour le christianisme, GS pose les deux questions suivantes. D’abord, quel est le centre vital de la Torah, quelle est l’expérience de base faite par Moïse et par Israël, expérience qui s’exprime et inspire les différents commandements, lois et coutumes de la Torah ? Ensuite, quel est le rapport entre cette …