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Le livre de Damiano Modena est le fruit de sa dissertation doctorale en théologie et se propose de retrouver et d’analyser les fondements de la pensée théologique du cardinal Carlo Maria Martini (1927-2012), jésuite, bibliste et archevêque de Milan de 1980 à 2002. On peut bien être d’accord avec l’opinion de Bruno Forte qui, dans la postface du livre, définit le travail comme « une excellente synthèse critique, sans pourtant être exempte de passion » (p. 308). En effet, ces deux traits (la synthèse critique et la passion de l’auteur) constituent vraiment l’originalité de cet ouvrage.
Tout d’abord, il faut apprécier l’effort que Modena fait pour systématiser et montrer la cohérence de la pensée théologique d’un homme qui dans sa vie s’est occupé de l’étude critique du texte biblique avant de devenir le pasteur d’un grand diocèse comme celui de Milan et dont la plupart des publications concernent des commentaires de textes bibliques, des collections de prédications au cours d’exercices spirituels, des lettres pastorales ou d’autres discours assez hétérogènes. Tout ce matériel est recueilli selon les sections traditionnelles du traité de théologie (mystère de Dieu Trinité, ecclésiologie, anthropologie et eschatologie) qui correspondent aux différents chapitres du livre, après deux chapitres introductifs sur la biographie théologique et les sources du magistère épiscopal du cardinal. Même si cette organisation est évidemment le fruit de l’interprétation de l’auteur, elle ne semble pas du tout artificielle ou contraignante. En plus (et c’est le deuxième trait d’originalité), il ne faut pas sous-estimer le fait que Modena, qui fonde son travail surtout sur les lettres pastorales et les interventions du cardinal Martini pendant son épiscopat milanais, ne vient pas du diocèse de Milan. Cela signifie qu’il a dû connaître et apprendre à estimer le cardinal Martini à travers un engagement personnel, ce qui donne à sa recherche une tonalité plus libre et objective, ainsi qu’une capacité de ne rien tenir pour acquis et de bien justifier et contextualiser les différentes contributions. En d’autres termes, il semble que le parcours que l’auteur propose au lecteur du livre est le fruit du même parcours qu’il a fait et qui a enrichi sa vie même.
Sûrement l’oeuvre représente une référence importante pour la connaissance ou la redécouverte de la figure du cardinal Martini. Elle s’adresse soit à celui qui le connaît déjà, en raison de la perspective originale et plutôt inédite de son regard, soit à celui qui n’a jamais entendu parler de lui. En plus, en raison de sa clarté et du fait qu’elle est constituée des discours et des interventions publiques du cardinal, je crois qu’elle peut bien être lue soit par ceux qui ont déjà des connaissances en théologie (qui peuvent ainsi apprécier la singulière contribution de Martini à la réflexion théologique), soit par ceux qui ne sont pas nécessairement trop familiers avec ce discours.
J’ai seulement deux réserves vis-à-vis du livre de Modena. Tout d’abord, il me semble que le concept exprimé par le sous-titre du livre (Le Mystère au coeur de l’histoire), qui dit la capacité de Martini de proposer une réflexion en même temps fondée sur le texte biblique (et toujours respectueuse de celui-ci) et capable de toucher la situation concrète de l’homme contemporain, reste un peu trop implicite dans le texte. En effet, je crois que, surtout dans les conclusions, l’auteur aurait pu mieux rendre compte du choix de cette formule à la suite de son parcours. La deuxième, qui me semble aussi la plus remarquable, est l’absence d’une bibliographie à la fin du livre. Compte tenu de la quantité des textes cités et de leurs diversités, ainsi que du fait que le texte pourrait être utilisé comme une bonne référence pour la connaissance du cardinal Martini, je crois que l’auteur aurait dû faire l’effort de présenter une bibliographie d’ensemble, peut-être organisée selon les différents types d’ouvrages. Ainsi, il aurait permis au lecteur intéressé par quelque ouvrage du cardinal Martini de ne pas être obligé d’en chercher les références dans les notes en bas de page.