Recensions

Jacques Racine, Monde unique, projet commun. L’engagement social de l’Église. Montréal, Médiaspaul, 2016, 257 p.[Notice]

  • Joël Ganame

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  • Joël Ganame
    Université Laval, Québec

Dans l’ouvrage Monde unique, projet commun, Jacques Racine, professeur émérite de théologie de l’Université Laval à Québec, expose les différents points de vue et souligne les diverses positions de l’Église sur la question de son engagement social. Cet ouvrage, reparti en six grands points, met en exergue la déclaration du pape François qui stipule que : « On ne peut plus affirmer […] que la religion doit se limiter à la sphère privée et qu’elle existe seulement pour préparer les âmes pour le ciel » (p. 9-10). Invitation à l’adresse de l’Église, celle-ci est appelée à repenser sa vocation au-delà des frontières spirituelles pour atteindre l’humain dans sa globalité (holistique). C’est en cela qu’il deviendra possible de construire un monde meilleur où régneront la fraternité, la justice, la paix et la dignité pour tous. Toutefois, au Québec, dans le contexte des débats sur la laïcité, les affirmations de François vont à l’encontre des attentes de certaines personnes qui désirent que la religion soit exclusivement réservée au domaine privé. Cette vision sociale de l’Église est antérieure à François. Il est donc en posture d’héritier de ladite vision et de l’engagement social de l’Église. Les points de vue des différents papes, de Léon XIII à François, étaient principalement véhiculés par des encycliques. Les plus populaires d’entre elles sont : l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII, parue à la fin du xixe siècle et considérée par la papauté comme le point de départ de la doctrine sociale de l’Église et de son ouverture aux problèmes de l’époque (p. 11) ; l’encyclique Lacrimalistatu promulguée par Pie X sur le sort des Indiens d’Amérique (p. 83) ; l’encyclique Adbeatissimi de Benoît XV surnommé le pape de la paix qui fut un véritable appel à l’endroit des princes et aux gouvernants (p. 85) ; l’encyclique Mater et magister : accueil d’un monde en changement et appel au dialogue de Jean XXIII (p. 110), et Pacem in terris, dont le thème est : « La paix entre les nations, fondée sur la vérité, la justice, la charité » (p. 114) ; l’encyclique Ecclesiamsuam de Paul VI, qui est une invitation au dialogue (p. 136) et la Populorum progressio, qui dit que « le développement est le nouveau nom de la paix » (p. 140). Racine fait ressortir également que l’enseignement social de l’Église découle de la rencontre entre le message évangélique et les difficultés qui surgissent dans la vie des sociétés et qui menacent la dignité humaine. Cependant, cet engagement social de l’Église dans le monde n’est pas demeuré infaillible. En effet, parlant de l’Église québécoise, l’auteur aborde parmi tant d’autres faits, des sujets sensibles comme la pédophilie de certains membres du clergé diocésain et religieux. Il mentionne aussi l’écart constaté entre la place des femmes dans l’Église et celle qu’on lui reconnaît en société, et le processus accéléré de laïcisation qui se transforme chez certains en laïcisme militant. Il va sans dire que cet ouvrage de Racine constitue une véritable mine d’informations de qualité qui fait voyager le lecteur jusqu’aux origines de l’Église primitive. Il s’agit d’une monographie qui propose un passionnant tour d’horizon de l’engagement social de l’Église, souvent méconnu de plusieurs. Elle constitue donc une référence pertinente pour toute personne en quête d’informations sur l’engagement social de l’Église.