Recensions

Catherine Fino, dir., Pédagogie divine. L’action de Dieu dans la diversité des familles. Paris, Les Éditions du Cerf, 2015, 158 p.[Notice]

  • Ângelo Cardita

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  • Ângelo Cardita
    Université Laval, Québec

Dans cet ouvrage, on trouve un recueil d’études qui se concentrent sur le thème de la « pédagogie divine » sur le plan de la théologie et de la pastorale des familles. Le thème est offert par le remplacement de la « loi de la gradualité » par la notion de « pédagogie divine » dans la Relatio Synodi. Ainsi, le contexte plus large de cette publication est celui ouvert par le Synode sur la famille de 2014-2015. Dans ce contexte, le propos de ce recueil est « de préciser les enjeux et les modalités de la mise en oeuvre de cette notion [de pédagogie divine], pour une meilleure prise en compte de l’oeuvre de Dieu dans la vie des personnes, au moment où l’Église s’attache à redéfinir les modalités les plus appropriées à l’évangélisation des familles » (p. 9), ainsi qu’on lit dans l’introduction signée par la directrice de la publication. Cette description de l’objectif principal peut être prise comme critère d’appréciation de ce recueil. On remarquera tout de suite comment on se défend de questionner la notion même de « pédagogie divine » en se situant immédiatement sur le plan des enjeux et modalités de sa mise en oeuvre. On notera aussi que l’on suggère sans plus que Dieu agit dans la vie des personnes. On est tacitement amené à penser que la « pédagogie divine » consisterait dans cette action de Dieu. Mais pourquoi l’action de Dieu dans la vie des personnes — s’il est vrai qu’elle se donne effectivement — relèverait-elle de la « pédagogie » ? Pourquoi pas de l’amitié ou, lorsque l’on parle de famille, des liens « institués » et « instituants » qui façonnent le vécu familial ? Il s’agit ici d’explorer le potentiel de cette référence à la pédagogie divine apparue dans le contexte du Synode sur la famille. Comme choix thématique et méthodologique, il n’y a rien à critiquer. L’ouvrage se tient à l’intérieur des balises commodes — très commodes — de l’évidence apparemment théologique de la « pédagogie divine », même si personne ne saurait dire en quoi elle consiste exactement, à commencer par les auteurs des textes ici recueillis. Pour Olivier Artus, en ce qui concerne les Écritures, la notion va de soi : l’Écriture Sainte est pédagogie conduisant au Christ. Alors, il peut se pencher tout de suite sur l’enjeu de la loi, montrant comment celle-ci présuppose toujours le don de Dieu et sans oublier que les Écritures contiennent déjà une critique interne de la loi avec l’annonce prophétique d’une loi nouvelle inscrite dans les coeurs. Dans la Bible, il n’y a pas seulement des normes, mais aussi des « méta-normes », ce qui ouvre la porte à des révisions internes et, plus concrètement, au paradoxe de l’accomplissement de la loi dans la logique de la grâce. Quel est alors, selon cette perspective, l’enjeu de la mise en oeuvre de la « pédagogie divine » ? Il semble être celui d’une « jurisprudence » qui envisagerait la loi à partir de l’horizon utopique du don de Dieu qui la fonde et qui renvoie son accomplissement au domaine de la grâce. Mais, qui mène une telle jurisprudence ? Dans quelles conditions et selon quelles règles ? Philippe Bordeyne reprend la chronique de l’éclipse de la loi de la gradualité au profit de la pédagogie divine. Pour lui, citant Dei Verbum, la pédagogie divine « fait référence au déploiement progressif du plan salvifique de Dieu dans l’histoire humaine » (p. 39). C’est ainsi qu’une anthropologie de l’avancement graduel dans la vie morale est remplacée par une théologie …