Recensions

Paul-André Dubois, dir., Les Récollets en Nouvelle-France. Traces et mémoire. Québec, Les Presses de l’Université Laval (coll. « Patrimoine en mouvement »), 2018, x-558 p.[Notice]

  • Gaëlle Rioual

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  • Gaëlle Rioual
    École Pratique des Hautes Études, Paris

L’année 2015 a marqué le 400e anniversaire de l’arrivée en Nouvelle-France des premiers hommes de foi : quatre frères récollets débarqués à Québec en juin 1615. Pour souligner cet événement, un colloque international fut organisé à l’Université Laval par Paul-André Dubois, professeur d’histoire, spécialiste de la Nouvelle-France. L’événement se tint symboliquement du 11 au 13 juin 2015 à l’École d’architecture, en plein coeur du Québec historique. Un des traits originaux de ce colloque est d’avoir réuni autour du sujet récollet des chercheurs chevronnés et débutants, issus de différents parcours académiques et professionnels — histoire, littérature, science des religions, histoire de l’art, archivistique, sociologie, musicologie, architecture — et venus de différents coins du monde — Canada, France, Royaume-Uni, Italie et États-Unis d’Amérique. Issu de cette rencontre — dont il garde certaines traces (mention d’un concert d’orgue, d’un discours prononcé devant le monument de la foi, etc.) —, le présent volume ne se résume toutefois pas aux actes du colloque, puisqu’un certain nombre d’autres contributions, qui ne figuraient au programme original, s’ajoutent à l’ensemble. Ainsi en est-il, par exemple, de la remarquable édition critique de l’Oraison funèbre du comte de Frontenac préparée par É. Van der Schueren. L’ouvrage est de bonne facture, comme cette collection nous y a habitués, et regroupe 28 articles, rédigés en français ou en anglais, accompagnés pour la plupart d’illustrations en couleur destinées à appuyer les textes ; dans certains cas, elles s’avèrent même essentielles pour comprendre le propos. La mise en page est élégante et épurée, mais malheureusement, de ce fait, les notes de lecture se trouvent reléguées à la fin de chaque contribution, écrites en petits caractères, ce qui les rend plus difficiles d’accès. Les contributions, dont la longueur varie d’une dizaine à une quarantaine de pages, sont réparties en quatre sections : « Les hommes, les idéaux et les oeuvres », « Le monde, la pensée et les écrits », « Les mots, les sons et les couleurs » et « Les lieux, les objets et les souvenirs ». Les raisons qui ont mené à la répartition des textes dans l’une ou l’autre de ces sections ne se laissent pas toujours aisément deviner. Après une rapide introduction bilingue qui jette les grandes lignes de l’aventure récollette en Nouvelle-France et souligne le renouveau de l’historiographie sur ce sujet (p. 1-11), une première contribution, signée P.-A. Dubois et D. Kaupp (p. 15-59), propose une approche originale de l’histoire de cet ordre au Canada par le biais des représentations figurées des récollets, un défi audacieux pour un ordre mendiant ayant laissé peu de témoignages picturaux. Cette approche est essentiellement un prétexte pour présenter l’histoire de l’ordre, mais permet également un excursus sur la récupération de cette histoire par les franciscains lors de leur retour au Canada au tournant du xxe siècle. La deuxième contribution, écrite par un des plus grands spécialistes de l’histoire des Frères mineurs, B. Dompnier (p. 61-97), élargit la présentation historique à l’ensemble du mouvement franciscain à l’époque moderne en se concentrant sur les défis auxquels ont dû faire face les différentes branches de cet ordre à l’époque moderne, tant en Europe que dans leur apostolat. La contribution suivante de F. Lestringuant (p. 99-107), plus brève, répertorie la présence franciscaine dans l’oeuvre-phare de la Contre-Réforme, le Theatre des Cruautez des Herectiques de nostre temps ; il suggère que cette oeuvre ait pu servir de modèle à l’entreprise missionnaire des franciscains au Nouveau Monde. Le reste des textes de cette première section est consacré aux modalités des missions en Nouvelle-France, avec une attention particulière portée à l’Acadie. D. Deslandres (p. 109-122) étudie ainsi …