Recensions

Agnès Bastit, Joseph Verheyden, dir., Irénée de Lyon et les débuts de la Bible chrétienne. Actes de la journée du 1.VII.2014 à Lyon. Turnhout, Brepols Publishers n.v. (coll. « Instrumenta Patristica et Mediaevalia », 77), 2017, 502 p.[Notice]

  • Dominic Perron

…plus d’informations

  • Dominic Perron
    Université Laval, Québec

En 2014, à Lyon, des spécialistes en études anciennes venus de différentes universités s’étaient réunis pour la tenue d’un colloque ayant pour thème « Irénée entre Bible et hellénisme » (p. 7). À la suite de l’événement, Agnès Bastit et Joseph Verheyden, avec la collaboration de nombreux chercheurs du colloque, firent paraître dans la collection « Instrumenta Patristica et Mediaevalia » un ouvrage s’intitulant Irénée de Lyon et les débuts de la Bible chrétienne. Ce recueil a pour but de mettre en relief les particularités de l’héritage scripturaire d’Irénée afin de pouvoir dessiner les contours de ce que sera, plus tard, la Bible chrétienne (p. 9). L’ouvrage comporte trois parties. La première, se concentre sur l’étude du texte biblique d’Irénée. Aidée de l’outil Biblindex, Laurence Mellerin réalise une esquisse de la Bible d’Irénée qu’elle présente en trois parties ; soit l’Ancien Testament (p. 39-44), les évangiles canoniques et les écrits apostoliques (p. 44-47). L’analyse de Mellerin, par de nombreux graphiques qu’elle nous expose, nous permet de voir les pourcentages des livres bibliques utilisés par Irénée ainsi que des versets les plus récurrents. Deux aspects de la Bible d’Irénée sont ici très pertinents selon Mellerin. Tout d’abord, l’évêque de Lyon est quelque peu visionnaire dans l’utilisation importante qu’il fait de l’Apocalypse, totalisant 80 citations (p. 46). Cela représente un apport considérable, puisqu’au deuxième siècle, le livre de l’Apocalypse est très peu cité. En additionnant les versets de l’Apocalypse dans tout le corpus patristique du premier au deuxième siècle, Irénée est l’auteur qui en a fait abondamment usage, totalisant 27 % des 300 citations parmi les auteurs ecclésiastiques de son époque (p. 46). Ensuite, l’autre fait étonnant est la très faible utilisation de l’évangile de Marc dans son corpus. Mellerin, en recensant tous les passages des quatre évangiles, affirme que Marc représente seulement (4 %) du corpus irénéen (p. 47). Viennent ensuite Luc (23 %), Jean (25 %), et enfin Matthieu, l’évangéliste préféré d’Irénée, qui occupe 48 % de ce corpus. Concernant la faible place occupée par l’évangéliste Marc, Joseph Verheyden avance l’hypothèse que l’évêque de Lyon est certainement beaucoup moins familier avec cet évangile (p. 197). Dans un passage d’Irénée (A.H. 4, 18.4), un extrait de Marc y est présenté avec des variantes importantes par rapport au texte original grec. Verheyden relève la possibilité, appuyé par Adelin Rousseau, qu’Irénée cite peut-être Marc de mémoire (p. 197). Il affirme toutefois que cette éventualité est difficile à prouver, parce que nous n’avons pas accès aux textes scripturaires utilisés par Irénée (p. 199). Également, il constate que Marc est parfois cité à des fins pratiques pour appuyer des versets matthéens (p. 195). Aussi, Olivier Munnich amène un aspect intéressant quant aux sources exploitées par l’évêque des Gaules. Selon lui, Irénée possède une traduction de la Septante différente de celle de son prédécesseur Justin (p. 65). Elle serait une version qui n’a pas été retravaillée et réalignée sur le texte hébreu par les Juifs (p. 66). Irénée aurait été plus distant des milieux juifs et de la polémique concernant le remaniement, ou encore la réécriture, de certains versets de la Septante. Il aurait cependant eu accès au texte hébreu qu’il cite à l’occasion pour appuyer son argumentation (p. 70), mais l’utilisation qu’il en fait est complémentaire à celle de la Septante. Il harmonise les deux traductions bibliques, évitant ainsi de gommer les différences de l’une et de l’autre (ibid.). Par exemple, le passage d’Isaïe 9,5 en sa version hébraïque est cité au livre III (A.H. 19,2), IV (A.H. 33,11) et dans la Démonstration de la prédication apostolique (Dem …