Résumés
Résumé
En 1928, le thème choisi pour le défilé traditionnel de la Saint-Jean-Baptiste à Montréal est « Nos chansons populaires ». La parade comporte une trentaine de chars allégoriques présentant des tableaux vivants illustrant le répertoire musical folklorique canadien-français. La veille du défilé, cependant, la ville déborde d’événements musicaux étroitement liés aux circuits de divertissement américains, incluant des films muets, des spectacles de vaudeville et des comédies musicales. Comment alors réconcilier ce samedi soir de divertissements et le défilé du dimanche qui visait à préserver une identité canadienne-française distinctive en contrant la mauvaise influence présumée du monde anglophone et des États-Unis ? Dans le présent article, je soutiens que le défilé permet d’envisager la chanson traditionnelle non pas comme une relique culturelle destinée à disparaître avec la modernité, mais plutôt comme un élément essentiel pour créer une modernité distinctement canadienne-française. J’interprète notamment la mise en scène du folklore dans le contexte du défilé par le prisme du mouvement régionaliste contemporain dans la littérature et les arts visuels et j’avance que la parade est une expression sonore et performative de ce mouvement.
Abstract
In 1928, the traditional Saint-Jean-Baptiste parade in Montreal was themed “Nos chansons populaires” and featured some thirty floats with tableaux vivants illustrating traditional French-Canadian repertoire. Meanwhile, the evening before the parade, Montrealers could enjoy a wide variety of musical activities closely linked to American entertainment circuits, including silent films, vaudeville shows and musicals. How to reconcile this Saturday night of contemporary entertainment with the Sunday parade, which aimed to preserve a distinctive French-Canadian identity and counter the presumed negative influence of the United States and anglophone North America more generally? In this article, I argue that the parade allows us to consider traditional music not as a cultural relic destined to disappear with modernity, but rather as an essential element in the creation of a distinctively French-Canadian modernity. In particular, I interpret the staging of folklore in the context of the parade through the prism of the contemporary regionalist movement in literature and the visual arts, and describe the parade as an audible and performative expression of this movement.