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1. Introduction

La direction générale de la traduction (DGT) de la Commission européenne, le plus grand service de traduction au monde, compte environ 2000 traducteurs qui, partagés entre les sièges de Bruxelles et de Luxembourg, assurent de manière rigoureuse la communication écrite de la Commission. Au cours de la seule année 2005, la DGT a traduit plus d’un million trois cent mille pages en 20 langues officielles.

Même si les vingt langues officielles actuelles ont le même statut au sein des institutions européennes, la Commission, pour des raisons d’efficacité, a adopté trois langues de travail internes, à savoir le français, l’anglais et l’allemand (langues procédurales). Les documents destinés aux réunions de la Commission sont ainsi présentés dans ces trois langues de travail, mais seule leur version définitive ultérieurement transmise aux autres institutions sera traduite dans toutes les langues officielles.

En 2005, le nombre des originaux rédigés en anglais a été de 68 %, ce qui représente une augmentation de 6 % par rapport à 2004 ; les originaux français n’ont atteint que 16 % du volume total, soit une diminution de 10 % par rapport à 2004 ; quant à l’allemand, il a enregistré une légère hausse avec près de 4 % des originaux ; l’ensemble des autres langues a représenté un peu plus de 11 % du volume total.

Le 1er mai 2004, un élargissement sans précédent a eu lieu : l’Union européenne (UE) a accueilli dix nouveaux États membres et neuf langues officielles se sont ajoutées aux onze langues existantes, portant ainsi leur nombre à vingt. Le 1er janvier 2007, l’irlandais deviendra la 21e langue officielle de l’UE.

2. Les répercussions de l’élargissement sur le marché de la traduction

Du fait de l’augmentation du nombre de langues officielles, la demande de traduction s’est accrue d’un tiers. Bien que l’accroissement de la demande par langue officielle ait été le même que lors des élargissements précédents, les départements de traduction des neuf nouvelles langues n’avaient pas encore atteint leur pleine capacité en nombre de traducteurs le 1er mai 2004.

Pour pallier le manque de traducteurs dans ces langues, la Commission, d’une part, a adopté une stratégie visant à aligner l’offre et la demande de traduction ; plus concrètement, elle a décidé de limiter la longueur des documents à traduire et d’accorder la priorité à la traduction des textes législatifs et des documents politiques importants. D’autre part, elle a eu massivement recours à la traduction externe en attendant d’avoir pu recruter suffisamment de traducteurs des nouvelles langues.

Devant les difficultés de recrutement rencontrées, la nécessité de créer une filière universitaire pour former des traducteurs capables de travailler au service des institutions européennes a commencé à se faire sentir. C’est dans ce contexte qu’est né le projet du master européen de traduction (EMT – European Masters in Translation). Le projet a en outre vu le jour au moment même où les établissements universitaires étaient en train d’adapter leurs programmes au processus de Bologne.

3. Assistance pédagogique

Alors que la plupart des anciens États membres de l’UE avaient une longue tradition dans le domaine de la formation des traducteurs, cette formation était inadaptée, voire inexistante, dans certains des nouveaux États.

Dans un premier temps, la DGT a décidé de fournir assistance et soutien aux nouveaux États en vue d’identifier leurs besoins en matière de formation des traducteurs. Dans un deuxième temps, elle a proposé de les aider à satisfaire ces besoins.

À cet effet, elle a développé un programme de cours <http://ec.europa.eu/dgs/translation/external_relations/universities/master_curriculum_en.pdf> pour un master européen de traduction. Les universités de l’UE sont invitées à adapter leurs propres programmes selon ce programme qui se veut minimaliste. Les matières proposées (voir annexe) sont celles qui doivent faire l’objet d’un enseignement obligatoire, mais d’autres matières peuvent être ajoutées en fonction des particularités du pays et des besoins du marché local.

Le programme proposé vise à la fois à former des traducteurs de haut niveau possédant toutes les qualifications requises pour exercer la profession et à procurer aux institutions de l’UE un nombre suffisant de traducteurs qui puissent répondre à leurs besoins spécifiques de traduction.

4. Type de formation

À l’instar de l’EMCI (European Masters in Conference Interpreting), l’EMT est conçu comme un programme de formation intensive à la traduction s’étalant sur deux ans maximum et comportant de 60 à 100 crédits (d’après le système européen de transfert de crédits).

La formation doit être axée sur la composante « traduction » et non sur l’apprentissage des langues dont la connaissance est une condition préalable.

5. Profil du traducteur

Le programme a été développé selon le profil du traducteur de la Commission européenne <http://ec.europa.eu/dgs/translation/workingwithus/recruitment/translator_profile_fr.htm>.

Selon ce profil, le traducteur type doit avoir une connaissance parfaite de tous les aspects de la langue cible (la langue principale) ainsi qu’une maîtrise approfondie de deux autres langues officielles, de préférence parmi les langues procédurales de la Commission (le français, l’anglais ou l’allemand). En même temps, il doit posséder des connaissances thématiques dans un large spectre de registres et de sujets ainsi qu’une connaissance du contexte culturel des pays dans lesquels ces langues sont parlées.

Les aptitudes intellectuelles requises ne sont pas moins importantes : la capacité d’appréhender les problèmes de toute nature, souvent complexes, d’effectuer une recherche terminologique approfondie, d’utiliser à bonne fin les outils informatiques ainsi que de communiquer efficacement font partie des qualifications requises par les traducteurs des institutions européennes.

6. Critères d’admission

Les candidats au master européen de traduction doivent être en possession d’un diplôme universitaire correspondant à un cycle complet de trois années au moins. Ils doivent prouver leur connaissance parfaite de la langue principale ainsi que la connaissance approfondie de deux langues étrangères lors d’un examen d’admission. Cet examen doit également permettre d’évaluer leur culture générale ainsi que leurs aptitudes intellectuelles au métier de traducteur (voir ci-dessus).

Il est important que les lauréats de toute discipline soient admis à l’examen et non pas uniquement les lauréats des facultés de lettres ou de sciences humaines. La Commission recrute des universitaires de tous les domaines qui seront appelés à traduire des textes très spécialisés allant de la médecine au droit en passant par l’ingénierie ou les finances. La connaissance approfondie de ces domaines constitue une garantie pour la qualité de la traduction.

7. Collaboration avec les universités

La DGT a entrepris plusieurs actions de collaboration avec les universités.

a. Assistance

En plus du programme de l’EMT qu’elle a élaboré et qu’elle souhaite faire adopter par les universités qui le désirent, la DGT envoie ses représentants dans les établissements qui souhaitent adapter leurs programmes en vue de les aider à concrétiser ce projet.

b. Traducteurs invités (VTS)

Elle a institué le programme de traducteur invité <http://ec.europa.eu/dgs/translation/external_relations/universities/visiting_translator_fr.htm> selon lequel des traducteurs expérimentés de la DGT séjournent de quatre à six semaines dans une université de l’UE. Ils enseignent la traduction mais en plus donnent des conférences sur plusieurs aspects du travail à la DGT ainsi que sur la politique du multilinguisme à la Commission. Les questions traitées incluent les méthodes de travail, la vie d’un document législatif de sa naissance à sa traduction, les outils d’aide à la traduction et la politique de recrutement.

La DGT libère le traducteur de ses tâches habituelles pendant la période de visite et prend en charge les frais de voyage et de séjour. En compensation, l’université qui accueille le traducteur doit offrir des cours de langue à ce dernier pour qu’il puisse améliorer ses connaissances de la langue du pays.

c. Séjours de formation

Selon les disponibilités du service et en entente avec les universités, des étudiants de dernière année sont acceptés de manière sélective pour un séjour de formation non rémunéré de quatre semaines. Ils doivent être capables de traduire à partir de deux langues officielles vers une troisième langue officielle (langue principale) et, en principe, ils intégreront pendant la période de leur séjour le département linguistique de cette langue. Cette action leur permettra d’élargir leurs connaissances aux méthodes de travail de la DGT et peut s’avérer une expérience utile pour l’avenir.

Sur demande des universités, la DGT organise également des visites de un ou deux jours proposant un programme sur mesure aux groupes d’étudiants et d’enseignants qui veulent se familiariser avec les méthodes de travail de la DGT.

d. Stages administratifs

Comme tous les services de la Commission, la DGT accueille deux fois par an des stagiaires rémunérés pour une période de cinq mois <http://ec.europa.eu/stages/information/application_fr.htm>. Les critères de recevabilité incluent la formation de niveau universitaire ainsi que la capacité de traduire à partir de deux langues officielles (dont une doit être le français, l’anglais et l’allemand) vers une troisième langue officielle. Toutes les nationalités sont admises et la sélection se fait à deux niveaux : dans un premier temps centralement par la Commission et par la suite par la DGT selon les langues et les profils requis.

e. Conférence EMT 2006

Le 19 et 20 octobre 2006, la DGT organisera sa première conférence avec les universités. Elle s’inscrit clairement dans le cadre de la politique sur le multilinguisme de la Commission telle qu’elle est exprimée dans la communication du 22 novembre 2005.

Le titre Vers un master européen de traduction se veut dynamique et marque un processus vers un objectif précis. Des experts de tous les États membres seront invités à Bruxelles pour débattre des questions relatives à la formation des traducteurs dans l’UE et des moyens de mettre en place un master européen de traduction.

Autres objectifs de cette conférence :

  • Créer un rapprochement entre les universités où la traduction est enseignée et la Commission, un des plus importants employeurs de traducteurs à l’échelle mondiale.

  • Promouvoir le programme de l’EMT auprès des universités de l’UE et des pays en voie d´adhésion.

  • Créer un réseau d’universités à travers l’UE prêtes à collaborer dans le cadre de l’EMT.

  • Encourager les universités à adapter leurs programmes selon le programme proposé par la DGT.

8. Conclusion

Les différentes actions de rapprochement avec les universités entreprises par la DGT visent à promouvoir le métier du traducteur en tant que profession à part entière. Nous espérons qu’elles contribueront à obtenir sur le plan européen un enseignement de la traduction de qualité, capable de fournir des professionnels de haut niveau tant aux institutions européennes qu’au marché en général.