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Les essais et leurs traductions participent en premier lieu à la circulation de nouveaux savoirs qui portent en eux de nouveaux questionnements. Ils suscitent le plus souvent des débats riches en polémiques ou en empathie. De nouveaux concepts naissent et s’expriment à travers des néologies sémantiques ou à travers la création de nouveaux mots, que le sujet traduisant se doit d’affronter en s’immergeant dans l’expression singulière de l’essayiste appliqué à argumenter.

Nous nous sommes demandé si le sujet traduisant était amené à se dévoiler, voire désireux de s’exprimer au travers des péritextes – avant-propos, postfaces, N.d.T., commentaires, lexiques, remerciements, etc. –, seuils où les voix des traductrices et des traducteurs se font entendre explicitement.

Nous avons observé divers péritextes d’essais traduits en français ou en italien, dans le domaine des sciences humaines et sociales comme la philosophie, la philosophie du langage, l’histoire de la psychiatrie, l’économie, la politique, la linguistique et la traductologie.

Nous avons entendu des voix fortes, non seulement pour faire entendre la question de la traduction des nouveaux mots, mais également pour faire écouter leur participation aux débats. Nous nous sommes trouvée face à une multiplicité d’« agir » : une traductrice ou un traducteur qui, avec le je ou le nous, doute, se justifie, renseigne, enseigne, explique, juge, milite, déclare son empathie… Des voix résonnantes qui mettent en scène des traductrices et les traducteurs d’essais engagés dans la transmission des savoirs, loin de l’invisibilité prisée ou critiquée. Serait-ce une révélation du désir de traduire ?