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Dans sa série Outlander (version française : Le chardon et le tartan), la romancière américaine Diana Gabaldon nous présente un portrait de l’Écosse aux alentours de 1740 – période historique importante puisque le livre se termine peu après la bataille de Culloden, ultime tentative des Stuart pour reprendre le trône d’Écosse et d’Angleterre – vu au travers de son personnage principal : une infirmière qui, à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, se retrouve accidentellement projetée dans le passé. Cette série, dont le premier tome est paru en 1991, n’est pas encore terminée et vient de faire l’objet d’une adaptation en série télévisée, dont la première saison a été diffusée à l’été 2014.

Le thème même de ces romans met quatre « mondes » en opposition. Premièrement, les Anglais (dont fait partie l’héroïne) sont opposés aux Écossais (parmi lesquels elle est obligée de vivre). Or, si la version anglaise des romans, tout comme de la série télévisée, permet facilement de distinguer les Écossais de leurs ennemis de l’époque, les Anglais, grâce au recours aux régionalismes (to ken et lass étant probablement les deux plus fréquents) ou aux formes graphiques de prononciation (dinna et doona, notamment), ces distinctions disparaissent dans la version française.

Deuxièmement, notre héroïne, issue du xxe siècle, a des expressions et idées résolument modernes, qui n’en sont que plus effarantes pour ses interlocuteurs du xviiie siècle. Si les marqueurs linguistiques opposant les deux dialectes étaient difficilement intraduisibles, on peut par contre se demander si l’historicité du roman a été restituée et de quelle manière.

Cette étude se fondera donc sur une analyse de corpus pour tenter de déterminer comment exprimer, à l’heure actuelle, une (ou plusieurs) variété linguistique historique.