Éditorial[Notice]

  • André Clas

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  • André Clas, msrc
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Nous croyons que nous pouvons, sans trop bouleverser les savoirs ni scandaliser les uns ou les autres, affirmer que la traduction n’est ni une science exacte ni un art indépendant. C’est une science humaine qui, tout à fait comme dans les autres domaines de recherche relevant des sciences humaines, et même des sciences pures, a des secteurs plus rationnels et plus systématiques ou plus évidents et d’autres plus individuels ou encore plus créatifs ou simplement plus novateurs et plus individualisés. Bien évidemment nous savons que l’acte de traduire demande systématiquement un effort soutenu, une réflexion constante et des décisions très sélectives qui exigent tous une mobilisation infaillible des connaissances acquises et des mises à jour continuelles du savoir, c’est-à-dire qu’au fond il s’agit de construire des schèmes indiscutables qui rendent compte de la réalité et la respectent. Ces actes exigent un mouvement de compréhension profond et aussi raffiné que faire se peut pour pouvoir procéder à la découverte et à l’instauration de ces schèmes ou liens indispensables et justifiables entre les données découvertes dans une langue et les acquis nécessaires qui les concernent ou leur correspondent dans l’autre langue, tout cela pour obtenir et achever l’intégration de cet ensemble recréé dans un enchâssement linguistique qui marque les contraintes et les valeurs incontournables de l’arrivée et qui doivent correspondre, de façon plus ou moins modulée, à l’équivalence. On voit donc que la traduction tout en étant oeuvre actuelle entretient cependant avec son passé un rapport particulier en ce sens qu’une science pure dès qu’elle formule un nouvel espace théorique annule et disqualifie celui qui lui était antérieur, alors que la traduction, elle, tout au contraire, est additive, liée à l’antérieur et d’une certaine façon très conditionnée par celui-ci et dont l’ensemble reflète l’appartenance à la communauté langagière. Pour marquer le 50e anniversaire de META, quelle meilleure façon que d’organiser un colloque international pour réunir les traducteurs et interprètes et tous les « amis » de la revue  ! Il y a là un excellent moyen de faire connaissance, de mieux se connaître et de faire progresser le savoir et la réflexion par ces rencontres ciblées. Est-il encore besoin de rappeler le rôle fondamental que jouent la traduction et l’interprétation dans le monde entier. Aucun pays ne se suffit à lui-même, ni aucune langue. Déjà Victor Hugo (Choses vues, 1972 : 290) écrivait : « Un homme qui ne sait pas de langues, à moins d’être un homme de génie, a nécessairement des lacunes dans ses idées » et J. Wolfgang von Goethe (Maximen und Reflexionen) n’hésitait pas à affirmer que : « Wer keine fremde Sprachen kennt, weiß nichts von seiner eigenen ». Nous avons ici deux témoignages d’hommes illustres de pays différents qui prônent la connaissance des langues et montrent l’avantage indéniable de connaître des langues. Le traducteur et les interprètes ont ces avantages et même les dépassent. Aucune organisation internationale ne saurait fonctionner sans eux. Le comité de rédaction de META, Journal des Traducteurs, Translators’ Journal, en plus des numéros spéciaux, a donc voulu donner tout l’éclat nécessaire à cet important 50e anniversaire de la revue par la tenue d’un colloque international. Ainsi, du 7 au 9 avril 2005 l’Université de Montréal était l’hôte du Colloque international du 50e anniversaire de META avec comme thème fédérateur L’équipe organisatrice, soit Georges L. Bastin, Hélène Buzelin, Jeanne Dancette, Judith Lavoie, Egan Valentine et Sylvie Vandaele, à laquelle je voudrais exprimer ici tous mes remerciements en soulignant leur appui et leur aide indéfectibles, tout comme leur dévouement exceptionnel, avait retenu ce thème du colloque …