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St-Pierre, P. and P. C. Kar (eds) (2005) : In Translation. Reflections, Refractions, Transformations, Delhi, Pencraft International, 286 p.[Notice]

  • Georges L. Bastin

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  • Georges L. Bastin
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Susan Basnett, depuis le baptême d’abord des Translation Studies (1980 et 2002) puis, avec André Lefevere, du « Cultural Turn » (1990) et du « Translation Turn » (1998), n’a cessé de poser judicieusement les jalons de l’évolution de la traductologie. Avec Harish Trivedi (1999), elle atteste les études postcoloniales en traductologie. Elle inaugure, dans ce champ, un bel échange Est-Ouest, immédiatement suivie par Sherry Simon et Paul St-Pierre (2000). Fort du succès de ce dernier ouvrage, Paul St-Pierre récidive avec son collègue indien Prafulla C. Kar. D’entrée de jeu, il est permis de leur augurer les mêmes lauriers. L’édition est impeccable, l’organisation thématique irréprochable, la symbiose des anciens et des nouveaux auteurs encourageante et l’idée d’une bibliographie unique en fin de volume heureuse. Avant que d’en examiner le contenu en détail, il convient de regarder l’ouvrage dans son ensemble. Le titre In Translation. Reflections, Refractions, Transformations embrasse un vaste spectre d’études qui reflète bien le contenu. Non qu’il s’agisse d’un « fourre-tout » ; loin de là. Le titre n’est pas le fruit du hasard ; le terme Reflections, ambivalent comme sa forme verbale française ‘réfléchir’, signifie ‘rayonnement’, ce qu’est sans aucun doute toute traduction, mais également ‘retour sur soi-même’, ce que font plusieurs des auteurs de l’ouvrage ; Refraction est synonyme de recentrement et réorientation d’un texte source dans la culture cible ; quant à Transformations, il faut l’entendre plutôt comme trans-formation, formation (donc création) à travers, formation au-delà. Dans son introduction, Paul St-Pierre donne une signification quelque peu différente de ces trois termes : Reflections comme invisibilité de l’acte de traduction (Venuti 1995), Refractions comme négotiation entre systèmes impliquant des malentendus (Lefevere 2000), et Transformations comme une série d’interventions qui traversent les frontières systémiques pour mener d’un système à un autre (Toury, Encyclopedic Dictionary of Semiotics). St-Pierre signale comme fil conducteur ou dénominateur commun des différents chapitres : la traduction, qu’elle soit réflexion, réfraction ou transformation, est avant tout une forme d’action. Certes, les différents auteurs adoptent incontestablement la visée « agissante ». Selon une autre perspective, j’y vois, pour ma part, deux axes qui traversent clairement tout le volume : l’un idéologique, postcolonialiste ; l’autre géographique, canado-indien (à 90 %). Ce fil conducteur, ces axes sont tout à l’honneur des directeurs. Ils entraînent, au long de l’ouvrage, premièrement une remise en question constante de la discipline en tant que telle, et deuxièmement un éclairage des rapports entre auteur, lecteur et traducteur selon l’Académie indienne et canadienne. L’ouvrage se présente donc comme un creuset de questionnements dont le Canada et l’Inde sont friands, mais qui doivent interpeller tout traductologue qui se respecte. L’introduction est une excellente mise en contexte qui pose sans équivoque les questions difficiles du statut et de l’origine de la traductologie. Elle rappelle aussi judicieusement trois aspects sémiotiques qui intéressent la traduction : d’abord, qu’elle est « meaning », soit la traduction d’un signe en un autre système de signes (Pierce 1960) ; ensuite, qu’elle « doit se montrer comme une traduction » (xiii) ; et finalement, qu’elle porte en elle le fait qu’un certain nombre de règles, historiques et contextuelles ont été suivies. Souvent négligés, ces aspects sémiotiques interrogent la raison d’être de la traduction. Un ouvrage, donc, vaste, varié et riche. Divisé en quatre parties, il est composé de vingt articles dont je tâcherai de rendre compte ici dans l’espace qui m’est alloué. La première partie, intitulée Translation Studies in Context, s’ouvre sur un travail de Daniel Simeoni : Translation and Society : The Emergence of a Conceptual Relationship. Simeoni n’est pas un inconnu ; l’on sait son affection …

Parties annexes