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Delabastita, D., D’hulst, L. and R. Meylaerts (eds.) (2006) : Functional Approaches to Culture and Translation, Selected papers by José Lambert, Benjamins Translation Library, vol. 69, John Benjamins Publishing Company, Amsterdam / Philadelphia, xxviii + 225 p.[Notice]

  • Serge Marcoux

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  • Serge Marcoux
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Le présent ouvrage, le soixante-neuvième de la série consacrée par la Benjamins Translation Library à la recherche et à la formation en traduction et interprétation, regroupe des textes rédigés de 1977 à 2004 par le professeur José Lambert. Né en 1941 dans le village de Wingene en Belgique, pays aux confins, mais aussi participant à trois cultures littéraires (française, néerlandaise et allemande), José Lambert passera une bonne partie de sa carrière à étudier les influences qu’elles ont exercées et exercent encore l’une sur l’autre par le truchement de la traduction. Tout en pouvant se réclamer de chacune de ces trois cultures, il savait aussi qu’il ne pouvait chercher son identité propre dans aucune d’elles, ce qui l’amènera à remettre en question le concept même de « littérature nationale ». Après avoir étudié la philologie romane à la Katholieke Universiteit Leuven, il obtint en 1972 un doctorat en littérature comparée, domaine qu’il continuera à enseigner à la même université. Le point tournant de sa carrière fut sans doute le colloque qu’il organisa en 1976 à Louvain sur le thème « Littérature et traduction » où, en compagnie de collègues comme André Lefevere, Raymond Van den Broeck, James S. Holmes, Susan Bassnett, Itamar Even-Zohar, Gideon Toury et Hendrik Van Gorp, il affirma que la traduction était pour le moins autant question de culture que de langage et qu’on ne pouvait l’étudier du seul point de vue de la conformité entre les textes de départ et d’arrivée. Poursuivant sur ce thème, il lança dans les années 1980 un projet de recherche sur les relations entre traduction et littérature dans la France du xixe siècle, projet qu’il étendit, dans un premier temps à l’influence de la France sur l’émergence de la littérature belge et, dans un deuxième temps, à l’influence de la littérature française sur celles de pays récemment décolonisés. En 1989, il fonda avec Gideon Toury la revue Target qui devait avoir une énorme influence sur le développement des études reliées à la traduction. La même année, il mit sur pied la chaire CERA pour la traduction, les communications et la culture, laquelle prendra plus tard le nom de CETRA. Les treize textes, regroupés dans ce volume selon leur ordre chronologique, constituent un compendium de l’évolution conceptuelle et méthodologique de celui à qui revient l’honneur d’avoir fait entrer la traduction littéraire dans le domaine de la littérature comparée. Lambert s’élève ici contre le concept selon lequel une traduction se fait en fonction de petites unités comme la phrase, plutôt qu’en fonction de l’ensemble d’un texte ; s’il en était ainsi, la traduction de Bacon, par exemple, ne poserait guère de problèmes différents de celle de Shakespeare. Les décisions prises par un traducteur dépendent de la nature du message à transmettre et, par conséquent, de l’interprétation globale de l’oeuvre d’un auteur. Plutôt que de comparer les textes de départ et d’arrivée sous leur seul aspect linguistique, il propose d’appliquer aux textes une grille de référence ou « système intermédiaire » qui traquera les glissements entre les deux textes, donnant ainsi une identité propre au texte traduit. Dans une deuxième étape, il tentera d’identifier les causes de ces glissements, c’est-à-dire les conceptions divergentes du récit que se feront l’auteur du texte original et le traducteur. On constatera ainsi que « traduction », « imitation » ou « adaptation » ne sont en réalité que la rationalisation des rapports entre le lecteur, l’auteur et le contexte socioculturel dans lequel chacun d’eux travaille ; les solutions données par le traducteur aux conflits entre exigences linguistiques et esthétiques s’expliqueront autant par la fonction romanesque du récit et …