Documentation

Peeters, J. (2005) : La traduction : de la théorie à la pratique et retour, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 168 p.[Notice]

  • Hasnaa Kadiri

…plus d’informations

  • Hasnaa Kadiri
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Traduction, translation, transfert, transcription, transcodage et transposition signifient l’entrée en transe du traducteur dans l’univers des langues, souvent « asymétriques » (Venuti 1998). Le traducteur naviguant dans un « espace babélien » (Berman 1985), jongle avec les mots, les phrases, les références, les connotations, etc., à la recherche de la meilleure solution. Dans sa quête d’acceptabilité ou d’adéquation (Toury 1995), il prend ses décisions en fonction de telle théorie ou de telle autre ; des théories foisonnantes, de la linguistique à l’herméneutique en passant par la sociolinguistique, le cognitivisme, le fonctionnalisme, etc. L’ouvrage La traduction : de la théorie à la pratique et retour regroupe quatorze articles illustrant, notamment, les interventions délibérées de traducteurs (Bastin 2007) et provenant d’horizons de réflexion assez différents. Il met en évidence le lien existant entre théorie et pratique et vice-versa dans l’activité de traduction. Chaque article examine la traduction sous un angle précis (théâtre, poésie, édition, etc.) et l’ensemble permet, sans redondance, une complémentarité des approches traductologiques. À partir de quatre traductions, Paola Montera, de l’Université Lumière à Lyon, mesure au moyen de tests statistiques la fidélité dans soixante-quatorze syntagmes du roman The Waves de Virginia Woolf. Elle conclut que la notion de « fidélité est une approche descriptive et quantifiable « […] qui reste en soi prescriptive ». Gina Abou Fadel, de l’Université Saint-Joseph au Liban, définit le texte comme une Imara (en arabe, terme générique qui englobe toute construction, le contraire d’une ruine) « qui est construite par un auteur » et où « le traducteur […] est un locataire qui investit le texte source pour mieux le connaître sans pour autant en devenir propriétaire ». Dans le texte sens et forme s’associent dans les textes « dans une relation étroite d’osmose, et […] la forme permet […] d’aboutir au sens ». De l’Université Catholique de l’Ouest, à Angers, Daniel Lévêque révèle la tâche complexe du traducteur face aux « actes délibérés » et aux « actes manqués » de l’auteur du texte littéraire, consistant à rendre ce que l’auteur a dit, ce qu’il a voulu dire et ce qu’il n’a pas voulu dire mais a quand même dit. Salama Ranomenjanahary Ramana, de l’Université d’Antananarivo (Madagascar), donne des exemples de traduction de métaphores du français au malgache où la difficulté, souligne-t-elle, est liée au fait que certains concepts sont absents en langue d’arrivée ou n’ont pas les mêmes « coordonnées culturelles » dans les deux langues en présence. Lalbila Yoda, de l’Université de Ouagadougou (Burkina Faso) et de l’Université de Groningen (Pays-Bas), fait le même constat avec la combinaison de langues français-bisa (langue minoritaire du Burkina Faso) en traduction médicale. Elle montre que, si les facteurs extratextuels sont identiques dans les deux langues (même skopos dans les textes source et cible), les facteurs intratextuels (linguistique et culturel) diffèrent d’une langue à l’autre. Pouvons-nous en conclure que le lien entre théorie et pratique est saisissable ? Les articles de ce collectif, réunis par Peeters, l’expliquent clairement. Pour ar Rouz, le lien est évident, la théorie n’est nulle autre que le fruit de la réflexion des chercheurs sur leurs pratiques. De la pratique de la traduction est née la théorie, et dans la théorie, le formateur puise ses méthodes d’enseignement. Aubin (2003) affirme « que si la théorie n’existait pas, il faudrait l’inventer, car aucun programme de formation ne serait viable sans une réflexion théorique sur la pratique du métier ». Van Vaerenbergh explique que le formateur est à mi-chemin entre le chercheur et le traducteur (et que, généralement, il endosse la responsabilité des trois en même temps). Il s’inspire …

Parties annexes