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Rochmondet, Madame G. M. de (2009) : Études sur la traduction de l’anglais. Introduction, notes et bibliographie de Benoit Léger. Ottawa : Presses de l’Université d’Ottawa. lxxii + 287 p.[Notice]

  • Michel Ballard

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  • Michel Ballard
    Université d’Artois, Arras, France

Benoit Léger, dont nous connaissons les travaux sur la traduction au xviiie siècle, propose avec ce volume la réédition d’un manuel de traduction publié en 1830, à compte d’auteur, par une inconnue dont l’identité exacte conserve tout son mystère. L’ouvrage proprement dit de Mme de Rochmondet occupe 263 pages de cette édition critique : 17 pages d’introduction, 240 pages environ pour le corps du manuel, 2 pages de résumé ou principes de traduction. Pour ce qui est de la dernière section, elle est de toute évidence assez brève et même si elle contient des formules intéressantes ou pertinentes (« Traduire, c’est transporter d’une langue dans l’autre les idées d’une composition, et imiter les formes dont elles sont revêtues », « le tour ou le mouvement d’une composition ne change pas sans altérer l’effet », p. 259), son faible volume laisse paraître le peu d’intérêt que l’auteure affiche pour les généralisations. Nous ne sommes pas en présence d’un ouvrage de traductologie qui dégagerait des principes ou une construction élaborée à partir de l’observation de traductions mais d’un manuel tel qu’il s’en produit encore aujourd’hui (et dont il faut sans doute) avec une série de textes traduits et commentés, souvent avec finesse certes mais sans effort pour établir des liens entre les difficultés rencontrées, sans effort pour proposer une synthèse ou un système de renvois qui donnerait une perception moins linéaire, atomisée, de l’acte de traduire. Si l’on excepte quelques remarques sur la traduction et les motivations de l’auteure, l’introduction est essentiellement une présentation de la langue anglaise sous l’angle historique. Le travail éditorial de Benoit Léger est conséquent, richement documenté et bien mené : une introduction de 60 pages, bien structurée, comportant une copieuse bibliographie de 10 pages ainsi que des notes qui allègent et éclairent le texte de l’introduction ; on ajoutera à cela des notes sur le texte de Rochmondet ainsi qu’un index général (onomastique et notionnel), tous deux fort utiles. Après une brève présentation des caractéristiques et qualités de l’ouvrage, l’introduction situe le travail de Mme de Rochmondet dans le contexte du début du xixe siècle : s’appuyant sur les articles généraux de Béreaud et de Pickford, ainsi que les siens propres sur les traductions de Gulliver’s Travels et sur la « vie et mort du traducteur de l’Ancien Régime au Second Empire », Léger évoque l’évolution de la manière de traduire et de percevoir la traduction autour des années 1930 tout en soulignant l’ambivalence de la position romantique qui oscille entre un plus grand littéralisme et une « traduction-communion, elle-même cousine des Belles Infidèles » (p. xv). Selon lui, on retrouve la même démarche chez Rochmondet, qui déplore avoir trouvé dans les traductions qu’elle a lues « plus d’imitations que de véritables traductions » (p. 7) et qui tout en manifestant un plus grand souci de l’exactitude ne pratique pas le littéralisme et n’hésite pas à citer au passage une traduction de Delille (p. 220). Nous ajouterons à cela le fait que Rochmondet est partisane de la retraduction des auteurs anciens parce que la langue réceptrice évolue (elle pose le siècle comme étalon de l’évolution linguistique) et qu’« on comprend à peine les vieilles traductions, et il faut revêtir les anciens de nos formes modernes, pour reconnaître leur grâce et leurs qualités originelles » (p. 8) ; l’ami Littré ne trouverait donc pas d’émule en elle et l’on perçoit derrière ce souci de mise à jour une défense de la lisibilité (même si c’est dans le cadre de la fidélité). Ce qui nous a paru neuf dans le projet de Rochmondet, …