DocumentationComptes rendus

Chantler, Ashley et Dente, Carla (2009) : Translation Practices through Language to Culture. Amsterdam/NewYork : Rodopi, 279 p.[Notice]

  • Jean-Claude Gémar

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  • Jean-Claude Gémar
    Université de Montréal, Montréal, Canada

Les pratiques de la traduction sont innombrables, au vu des domaines dans lesquels intervient le traducteur, de ses façons de concevoir l’opération traduisante, de ses stratégies, motivations et préjugés. On doit d’ailleurs à ces pratiques l’essentiel des travaux et productions en la matière. Hors du domaine de la littérature, ce n’est que récemment, quelques décennies à peine, que l’on a commencé à s’intéresser d’un peu plus près à la place que tiennent la culture et ses manifestations dans le processus d’analyse, d’interprétation et de réexpression d’un texte, fût-il des plus « pragmatiques » (contrat, mode d’emploi, texte de publicité, par ex.). Parmi de nombreux autres, les travaux d’un Malinowski (1884-1942), puis ceux de Nida et de Even-Zohar, chacun dans son domaine, ont conduit linguistes et traductologues à revoir le rôle de la culture, longtemps ignoré, dans ses rapports au langage et aux langues. La chose, hier occultée, aujourd’hui semble aller de soi, même si le sentiment que faits et traits culturels tiennent une grande place dans un texte et dans son interprétation ne fasse pas l’unanimité des langagiers. Ce virage culturel n’en caractérise pas moins les travaux de nombreux traductologues, les ouvrages en traitant se font plus nombreux, abordant le sujet de points de vue aussi différents que divers, comme le montre éloquemment Venuti (1995) dans l’ouvrage qu’il a consacré à l’histoire de la traduction. Un des derniers du genre est celui dont il est question ici. Il fait partie d’une longue série de travaux interdisciplinaires entrepris dans le cadre d’un projet d’échanges culturels interuniversitaires, formé entre les universités de Pise et de Leicester dans les années 1990. D’autres universités européennes s’y sont associées, ainsi que des chercheurs d’un peu partout dans le monde. Dans cet ouvrage collectif, les auteurs abordent la traduction à partir des langues comme moyen d’atteindre la cible qu’est la culture et entendent le démontrer par le canal de quelques langues, celles des traductions de tragédies de la Grèce antique (Eschyle, Euripide, Sophocle, …), ou celles (l’anglais et l’italien) de Florio (1553-1625), brillant messager de Montaigne en anglais – et, selon certains spécialistes réputés de cette période, le véritable auteur des pièces de Shakespeare. On comprendra que Translation Practices through Language to Culture, anthologie d’études et d’articles aussi érudits que savants, traite principalement de pratiques observées dans la traduction de textes littéraires ou assimilés (textes religieux). Aussi la culture dont il s’agit ici est-elle essentiellement logée dans des oeuvres littéraires canoniques (au sens que lui donne Even-Zohar), tout au moins dans la majeure partie des études réunies dans ce collectif. Elle est tenue pour acquise par les auteurs, qui n’en font pas un débat philosophique entre le particulier (les racines : « Heureux qui comme Ulysse… ») et l’universel (le mythe chez Dumézil, par ex.), ni entre la théorie et la pratique, unies au service de l’art de traduire, tout en exécution. L’ouvrage comporte trois parties principales, de longueur inégale (les deuxième et troisième réunies n’égalent pas la première), les moyens prenant le pas sur la « cible » et les « langues de culture », réduites à l’essentiel : l’anglais et l’italien (l’allemand et l’espagnol n’y figurent pas). Suivent une courte annexe (8 p.) consacrée à la traduction, de l’italien à l’anglais, de deux poèmes, et une bibliographie, copieuse (25 p.) et très éclectique, débordant quelque peu du cadre littéraire classique – on y trouve aussi The Full Monty et Notting Hill ! Ce découpage en trois parties d’importance inégale reflète les orientations éditoriales. La langue étant le contenant des éléments et aspects culturels et sa phraséologie la forme de leur expression, il est …

Parties annexes