DocumentationComptes rendus

Glanert, Simone (2011) : De la traductibilité du droit. Paris : Éditions Dalloz, 374 p.[Notice]

  • Wallace Schwab

Dans le présent ouvrage, Simone Glanert offre à ses lecteurs une dialectique sur la traductibilité du droit qui propose, sous forme de synthèse, un impressionnant survol du mouvement de la pensée à travers les âges en mettant en évidence les thèses et les antithèses qui ont contribué à la formulation d’une science de la traduction… juridique. Dans son avant-propos, l’auteure expose la problématique et soulève les grandes questions du transnationalisme des droits et de ses enjeux linguistiques, qu’elle campe dans le champ des études juridiques comparatives en s’interrogeant sur la place de la langue dans ce cadre. Le tout n’échappe pas à une logique nécessairement interdisciplinaire autour de la question de la langue. Dans cet habile jeu de miroirs, la question de la langue porte et limite toute possibilité relationnelle par-delà les frontières, voire en deçà d’elles. Enfin, elle prône le traitement de la traduction juridique à l’aune de l’exigence interdisciplinaire. Le coeur de l’ouvrage est réparti en deux grandes parties, chacune comptant quatre chapitres. Dans la première partie intitulée Langues/Droits en théorie, Glanert plante les décors unificateurs chapitre par chapitre : 1. « La présence de l’autre » ou la complexe interaction entre les acteurs ; 2. « Le dire et le comprendre » ; 3. « La singularité du juridique » et 4. « Le droit comme généralité ». Elle prépare ainsi son lecteur à décortiquer deux expériences vécues sous le titre de : Droits/Langues en pratique, aussi divisé en deux chapitres : 1. Le bilinguisme législatif au Canada et 2. Le multilinguisme dans l’Union européenne. Dans cette seconde partie, chapitre 1, sur le bilinguisme législatif au Canada (p. 209-278), la toute première page et phrase de l’auteure insuffle un ton passionné à tout ce qui suit : « Le Canada constitue un champ d’observation fascinant pour le juriste qui entend se consacrer à la question de la traductibilité du droit » (p. xx). Et 69 pages plus loin, elle clôt l’exposé par la réflexion suivante : « Riche d’enseignements, l’expérience canadienne, qui a montré les difficultés primordiales que suscite la traduction des textes législatifs dans un pays bilingue et bijuridique, fournit les éléments de réflexion nécessaires à l’examen d’une problématique peut-être plus complexe encore, soit l’élaboration des textes multilingues dans l’Union européenne » (p. xx). Sur ce, elle vient de préparer le terrain pour son deuxième chapitre : Le multilinguisme juridique dans l’Union européenne. Pour culminer cette tournée des synthèses dialectiques de l’auteure où règnent toujours une concision et une clarté des plus stimulantes, l’auteure commence son épilogue en citant François Ost : « Ayant également aperçu la primordialité de la traduction, sans parler de son ubiquité, François Ost, lecteur de Paul Ricoeur, constitue celle-ci en tant que “paradigme”, c’est-à-dire comme « exprim(ant) la grammaire d’un monde en réseau » » (Ost 2009 : 386, cité dans Glanert 2011 : 355). Mais ce monde qu’elle emprunte à Ost ne peut faire l’économie des contraintes inhérentes à chaque langue. « D’une part, la langue résiste au droit uniforme (tandis que les juristes ont tendance à aborder l’uniformisation des droits comme une panacée) et d’autre part, le droit uniforme étouffe la langue (tandis que les juristes oublient que le recours à une seule langue de travail entraînent une subordination des autres langues toute empreintes de conséquences.) » (p. 354) Puis, elle conclut que le « clonage juridique » soit « la conception artificielle en « laboratoire » d’un vocabulaire juridique idéal qui serait ensuite reproduit à l’identique dans une multitude de langues différentes, demeure illusoire. Pour clore cet ouvrage unique, Glanert cite la célèbre phrase de Samuel …

Parties annexes