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L’objet de cette communication est de présenter le parcours de recherche qui nous a amené à la définition du concept d’« identité traductive », encore en développement. Cette étude fait partie d’une recherche plus large, la traduction commentée du roman L’enfant multiple, d’Andrée Chedid (1989, Flammarion), du français vers le portugais brésilien. Pour ce faire, compte tenu du fait que Chedid est connue comme la poète de l’altérité, nous nous basons sur des théories déployées par Henri Meschonnic (1999), Gideon Toury (1995) et Emmanuel Lévinas (1980 ; 1985) et, également, sur des articles de Arnaud Laygues (2004) et Adriana Zavaglia (2009). Nous établissons un rapport entre le visage, l’altérité et l’identité, d’un côté, selon Lévinas, Laygues et Meschonnic (1980 ; 2004 ; 1999) – la reconnaissance d’un Autre, d’un visage qui se présente au Même (à moi), incluant la responsabilité et la liberté – et les normes de la traduction telles qu’établies par Toury, de l’autre. Le point central qui les associe est la question du sujet comme principe fondateur de chacun de ces concepts, à partir de laquelle on fait une mise en relation qui nous permet d’organiser, ainsi, un cycle qui structure la traduction de l’oeuvre littéraire en question, du point de vue de la traductrice, étant elle-même le sujet premier. Ce cycle commence par l’intérêt personnel de la traductrice en tant que lectrice pour l’oeuvre, passe par l’approche du texte, par l’identification du visage et de l’altérité, par l’intérêt pour la traduction de l’oeuvre, suivi par l’étude de l’oeuvre et de l’auteur – en tant que traductrice –, les choix et la définition de quelques normes principales et secondaires du projet de traduction en développement et finit, après la traduction et la révision de l’oeuvre, par l’élimination de l’altérité. Ce processus, que nous intitulons « identité traductive », est développé de façon intuitive, avant d’être analysé et systématisé. Chacune de ses étapes, comme nous allons le montrer lors de la présentation de cette communication, est essentielle pour l’aboutissement de la traduction littéraire étudiée.