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Laviosa, Sara (2014) : Translation and Language Education : Pedagogic approaches explored. Londres/New York : Routledge, 174 p.[Notice]

  • Valérie Florentin

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  • Valérie Florentin
    Université de Hearst, Hearst, Canada

Cet ouvrage, paru dans la série Translation Theories Explored, cherche à décrire en quoi les approches traductologiques peuvent être utiles dans le cadre de l’apprentissage d’une langue étrangère (LE). Malgré le titre, le propos s’adresse probablement plus à un pédagogue averti en quête de nouvelles approches qu’à un professeur de traduction. Ceci étant dit, ce dernier pourrait apprécier certains rappels ou puiser des idées dans les exercices proposés aux étudiants de LE. Dans son introduction, Laviosa constate que, depuis deux décennies, la traduction revient en force dans les cours de LE, et ce, pour trois raisons principales. Premièrement, il s’agit d’un exercice différent, mais complémentaire à ceux déjà utilisés. Deuxièmement, la profession de traducteur est un débouché attrayant. Troisièmement, la traduction permet de mettre au jour les différences culturelles que tout étudiant d’une LE doit connaître. Dans le chapitre 1, Laviosa retrace l’histoire de la traduction dans les cours de LE, du début du XVIIIe siècle aux années 1980. La première approche qu’elle présente est dite traditionnelle, ou grammaire et traduction. Il s’agit de la méthode en vogue jusque dans les années 1940 et qui est encore utilisée pour l’apprentissage du latin et du grec. La langue est apprise en mémorisant les règles grammaticales et en traduisant de et vers sa langue maternelle, ce qui favorise une comparaison constante des deux langues. Par la suite, plusieurs méthodes ont mis l’accent sur la rétention de phrases toutes faites (pre-reform approaches, reform movement, oral method, structural language teaching, situational language teaching, audio-lingual method) afin de faciliter la communication orale. La traduction n’avait alors d’utilité que dans un premier temps, afin d’expliquer les mots inconnus. On n’enseignait guère la grammaire qui devait se déduire des exemples. Ces méthodes ont donné naissance à deux autres, soit la méthode directe, par immersion (notamment utilisée par Berlitz), où tout recours à la langue maternelle (dont la traduction) est interdit, et la méthode dite de communication, qui utilise la traduction pour que chacun apprenne par essai/erreur, afin de découvrir les tournures possibles, faisables, appropriées ou effectivement constatées. Dans le chapitre 2, Laviosa s’intéresse au retour de la traduction dans les cours de LE, constaté dès la fin des années 1980. Elle cherche plus précisément à retracer les considérations théoriques soutenant cette nouvelle tendance, à savoir quelles études soutiennent l’intérêt de la traduction, et à analyser comment les approches théoriques pourraient être mises en pratique. À cette époque, la traduction consiste en un exercice dans le cadre de l’enseignement d’une LE. Le but est alors de chercher le mot juste, d’approfondir le vocabulaire, de prendre conscience des interférences liées à la langue maternelle et de réfléchir sur le style propre à la LE. De plus, la traduction promeut autant la diversité culturelle que linguistique et constitue un bon exercice pour ceux qui n’apprécient guère les activités orales, d’autant qu’il est possible de travailler sur son texte jusqu’à en être satisfait. Deux questions demeurent cependant : quels exercices conviennent le mieux ? quelle est la place de la traduction dans l’enseignement d’une LE ? En effet, la traduction peut servir autant de mode d’évaluation que d’exercice à visée pédagogique. Dans le premier cas, certains chercheurs ont constaté de nombreuses erreurs, principalement des barbarismes qui seraient dus à l’impossibilité (en raison de l’interférence du texte source) de contourner un problème. Selon eux, il ne faut donc pas compter sur la seule traduction pour évaluer les connaissances dans une LE. Une autre étude démontre d’ailleurs que les étudiants réussissent mieux s’ils composent directement dans leur LE plutôt que de traduire leur propos. Dans …