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La richesse de ce dernier numéro régulier de l’année 2016 témoigne à nouveau de la qualité et diversité scientifiques de Meta. Et comme annoncé, un numéro extraordinaire piloté par Sylvie Vandaele et Pier-Pascale Boulanger sur la traduction scientifique est paru. À ce propos, nous rappelons aux intéressés que bien qu’étant passée à trois numéros par an, dont un spécial, la revue offre désormais la possibilité d’un numéro extraordinaire aux chercheurs disposant de fonds de recherche suffisants pour financer un quatrième numéro de Meta. En particulier, nous encourageons les directeurs potentiels, francophones et francophiles, à nous soumettre le fruit de colloques éventuels avec une majorité de travaux en français. Comme vous le savez, la revue s’est en effet engagée à consacrer au moins la moitié de ses pages à des textes en français à l’horizon 2018.

En plus du travail d’édition habituel, nous avons pris plusieurs initiatives. Tout d’abord, nous sommes heureux de publier, à partir du premier numéro de 2017, un résumé en espagnol (avec les mots clés correspondants) qui viendra s’ajouter aux résumés en français et en anglais, et ce pour tous les articles. En effet, l’intense activité scientifique de nos collègues espagnols justifie pleinement cette stratégie de visibilité de los estudios de traducción. Vous aurez d’ailleurs remarqué que Meta publie un nombre toujours croissant d’articles en espagnol. Nous demandons par conséquent aux auteurs de se plier à cette nouvelle contrainte.

Nous avons également retravaillé la feuille de style en vue de la simplifier et d’ainsi faciliter le travail de nos auteurs. Nombreux sont en effet ceux qui peinent à appliquer des normes éditoriales aussi complexes. La nouvelle feuille de style se trouve sur la page web suivante : http://ling-trad.umontreal.ca/recherche/revue-meta/, en attendant de figurer également sur le site des PUM et d’Érudit.

Deux initiatives annoncées à l’occasion du 60e anniversaire restent à mettre en pratique : la numérisation et mise en ligne des dix premières années de la revue, et l’adoption d’OJS pour certaines tâches éditoriales. Nous y travaillons mais manquons encore des ressources nécessaires.

Comme le numéro précédent, celui-ci offre dix articles de fond et dix recensions. Les articles de fond se caractérisent par la diversité des thèmes étudiés : la coédition, l’adaptation dans les bandes dessinées, l’interprétation simultanée, le sous-titrage, la littérature, le patronage ainsi que des questions théoriques comme la retraduction, l’herméneutique et la traduction intralinguistique.

Le premier, sur la coédition internationale, est une étude sociotraductologique de quatre romans anglo-canadiens coédités par le Québec et la France. Les témoignages des auteurs, éditeurs et naturellement traducteurs mettent en lumière non seulement la diversité des pratiques et des perceptions mais également des tensions subordonnées à la place que ces acteurs sociaux occupent dans leur champ respectif.

Le second porte sur la conceptualisation interculturelle des noms propres, en particulier ceux des langues amérindiennes. Les exemples pour l’analyse des traductions de l’anglais en espagnol proviennent de six récits de fiction, anthropologiques ou destinés aux enfants. L’accent est mis dans cette analyse sur la réception interculturelle.

L’adaptation multimodale des comédies d’Aristophane en bandes dessinées transposées en livres électroniques fait l’objet du troisième article. Fondée sur la typologie des caractéristiques formelles des bandes dessinées et la théorie générale de l’humour verbal, cette étude démontre que le rythme visuel et les relations texte-image entraînent de nombreuses formes de réécriture.

Suivent deux articles prenant appui sur le sous-titrage. Le premier touche à l’opération de révision en tant que partie intégrante de l’assurance qualité. Pour décrire cette opération, les auteures étudient le métalangage du domaine, établissent un état de la question des paramètres de qualité et des procédures de révision, et surtout rendent compte d’une enquête auprès de sous-titreurs professionnels à propos des questions de qualité. Le second aborde les pratiques interactionnelles (salutations et autres routines) dans un corpus constitué des sous-titres anglais de deux films contemporains français et un autre espagnol. Dans une perspective de pragmatique comparée, ce sont les styles conversationnels et les valeurs culturelles sous-jacentes qui sont étudiés.

Le sixième article est davantage théorique en ce qu’il examine le dialogisme bakhtinien dans la poétique de la traduction littéraire. À partir d’analyses des retraductions anglaises de L’Étranger de Camus et de Nana de Zola, et de la retraduction française d’Ulysses de Joyce, l’auteur démontre que les retraductions, contrairement à l’hypothèse de la retraduction, sont ouvertement dialogiques, c’est-à-dire à-la-fois-sourcières-et-ciblistes.

Tout aussi théorique est l’article suivant consacré aux métaphores d’Orphée, Hermès et Apollon, qui caractérisent respectivement la traduction cibliste visant le style, la traduction herméneutique qu’on pourrait qualifier de sourcière et, en troisième lieu, la voie mystérieuse de la récréation et la révélation. L’étude prend appui sur l’analyse de quatre traductions du premier sonnet du Chansonnier de Pétrarque par Aragon, Genot, Bonnefoy et Masson.

L’article suivant en espagnol, d’un autre ordre, est une étude empirique centrée sur l’intonation en tant que facteur de qualité en interprétation simultanée. L’auteure analyse les caractéristiques et les effets que les usagers associent à l’intonation. L’étude confirme le lien entre les composantes non verbales de la communication, dont l’intonation, et les composantes verbales, telles que la cohésion et la transmission correcte du discours.

Ensuite un autre article théorique qui porte sur la place de la traduction intralinguistique en traductologie. Les auteures passent en revue les arguments pour et contre la traduction intralinguistique comme partie intégrante de la traductologie et proposent une définition multicritère qui intègre parfaitement la traduction intralinguistique.

Pour terminer, le thème du mécénat (patronage) est analysé sur une période de deux siècles alors que le Japon vivait une époque isolationniste. Toutefois la dynamique du mécénat des traductions évolue d’un état différencié à indifférencié à la faveur d’un Collège d’interprètes d’État permettant certaines relations commerciales avec l’étranger.

Ce numéro accueille des auteurs de Belgique, du Canada, de Chine, du Danemark, d’Espagne, de Finlande et du Royaume-Uni. Bienvenue à toutes et à tous.