DocumentationComptes rendus

Monjean-Decaudin, Sylvie, dir. (2016) : La traductologie et bien au-delà. Mélanges offerts à Claude Bocquet. Arras : Artois Presses Université, 421 p.[Notice]

  • Maryvonne Boisseau

…plus d’informations

  • Maryvonne Boisseau
    Université de Strasbourg, Strasbourg, France

Comme son titre l’indique, cet ouvrage rassemble des articles écrits en hommage à Claude Bocquet, historien, épistémologue, psychanalyste et traductologue, professeur à l’Université de Genève de 1980 à 2011. C’est, selon la présentation de Sylvie Monjean-Decaudin, un liber amicorum et c’est bien ainsi qu’il faut le lire. Outre la préface, la liste des principales publications de Claude Bocquet et un entretien inédit, le volume compte dix-neuf articles traitant de sujets allant de la traduction à la traductologie, en passant par le discours scientifique, l’information juridique, l’histoire de la traduction et l’histoire. L’empan est large et l’on peinerait à y trouver un fil directeur si ce n’est dans l’hommage que chacun des articles rend à celui qui fut un pionnier de ce qu’on appelle aujourd’hui juritraductologie, une sous-discipline de la traductologie qui, compte tenu à la fois de sa spécificité, de son caractère interdisciplinaire et de son importance politique et sociétale, semble concentrer les problèmes auxquels tout traducteur et tout traductologue se heurtent, dans la pratique de la traduction et dans celle, secondaire, de la réflexion sur l’activité de traduction. Les articles ont été répartis en quatre sections d’environ une centaine de pages chacune. La première et la dernière traitent de questions à la périphérie du champ de recherche de Bocquet tandis que les deuxième et troisième parties, au centre de l’ouvrage, s’approchent véritablement du coeur de métier de Bocquet. Intitulée De la traduction à la traductologie, la première partie rassemble cinq articles traitant de problèmes qui se posent, majoritairement, dans le champ de la traduction littéraire, que ce soit le rapport entre l’écriture fictionnelle et la traduction comme écriture, certaines stratégies de traduction nécessitant la mise en oeuvre de procédés divers afin de préserver le contenu informationnel d’un texte ou le style. Ainsi, Corinne Wecksteen-Quinio (« Le traducteur : un écrivain refoulé ») examine-t-elle la question du statut du traducteur suggérant l’hypothèse du traducteur comme écrivain refoulé. Elle s’appuie pour ce faire sur l’écriture de deux romans par deux traducteurs qui, chacun à leur façon, mettent en abyme la figure du traducteur en jouant sur le reflet inversé et déformé de l’image du traducteur dans le miroir de la fiction. L’interrogation sur l’image du traducteur est en fait présente dans tous les articles, de manière plus ou moins explicite. Catherine Delesse (« Appellatifs et formes d’adresse dans Harry Potter et dans sa traduction française »), étudiant la traduction des termes d’adresse et la traduction du pronom you par « tu » ou « vous » dans la série des Harry Potter, met en lumière la plus ou moins grande adéquation des choix de traduction dans les situations pragmatiques d’interlocution tandis que Tatiana Alexeytseva (« Explicitation par l’auteur et explicitation par le traducteur : quels parallèles ? »), inspirée par Gérard Genette, montre que le traducteur n’échappe pas au travers de l’explicitation, terme qui englobe tout ce que le traducteur ou l’auteur ajoute à la périphérie du texte (préfaces, notes de bas de page, commentaires, etc.). Dans ce cas, la traduction offre un surplus informationnel facilitant la lecture alors que dans l’article de Desmond Gallagher (« Le contenu informationnel du texte d’arrivée »), ce sont toutes les entraves linguistiques et extralinguistiques à la restitution exacte du contenu informationnel qui sont recensées. Ces quatre articles renforcent, pour le lecteur, l’idée que la traduction est toujours imparfaite, ce que confirme le dernier article de cette première partie dont le sujet, la traduction du style, demeure une question insoluble. Cindy Lefebvre-Scodeller (« La question du style en traduction littéraire ») rappelle l’ancienneté de la question en balayant l’histoire de …

Parties annexes