Notes de lecture

Olivier Weinstein, Pouvoir, finance et connaissance, les transformations de l’entreprise capitaliste entre le XXe et XXIe siècle, Editions la découverte, textes à l’appui / économie, février 2010[Notice]

  • Pascal Gaudron

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  • Pascal Gaudron
    Chaire de management stratégique international Walter J.-Somers

O. Weinstein, professeur émérite à l’université Paris XIII (Villetaneuse), nous offre un livre très intéressant sur les transformations de l’entreprise capitaliste entre le XXe et XXIe siècle. Il complète et réactualise le livre de 1995 qu’il a écrit avec B. Coriat sur les nouvelles théories de l’entreprise (édition LGF, collection « Le livre de poche »). De grands auteurs ont marqué l’étude de l’entreprise comme A. Chandler. Depuis une trentaine d’année, à la suite des questions posées par R. Coase sur la nature de la firme (qu’est-ce qu’une firme ? Pourquoi les firmes existent-elles ?), des développements majeurs ont été enregistrés. Les auteurs aux questions dans la lignée de R. Coase considèrent que la firme constitue un mode de coordination économique alternatif au marché. Nous avons une approche contractuelle de la firme, c’est-à-dire des rapports contractuels entre individus libres. Les thèmes sont : la construction des contrats, les conditions de mise en oeuvre, l’identification des coûts… Les questions de R. Coase portent sur l’opposition firme / marché et sur la hiérarchie d’autorité, il s’agit donc des traits distinctifs de l’entreprise. Pour O. Weinstein, la théorie de l’agence représente « l’un des piliers idéologique du nouveau capitalisme fondé sur la propriété, le marché et le contrat ». Elle est aussi une réponse à la thèse de A. Berle et G. Means sur le pouvoir des managers, c’est-à-dire sur la séparation entre propriété et contrôle de l’entreprise. La firme dans ce cadre d’analyse est une institution, une organisation sociale qui « implique les interrelations entre une large diversité d’intérêts économiques – ceux des propriétaires qui fournissent le capital, ceux des travailleurs qui « créent », ceux des consommateurs qui donnent de la valeur aux produits de l’entreprise, et par-dessus tout ceux du contrôle qui apporte le pouvoir » (A. Berle et G. Means, 1932). Pour O. Weinstein, si la dimension contractuelle de la firme ne peut être ignorée, celle-ci ne peut rendre compte de la totalité des attributs de l’entreprise. La dimension « d’entité propre et durable, irréductible à un système de contrats existant à un moment donné entre des agents donnés » est oubliée. De plus, la dimension contractuelle renvoie à la nature du système social, économique et politique contemporain. «L’opposition entre rapport contractuel – réversible et transitoire – et firme en tant que qu’entité durable est constitutive de notre système économique, tout particulièrement aujourd’hui. L’organisation de la firme cherche précisément à gérer cette tension ». Pour l’auteur, l’étude de la firme ne peut ignorer la production. Des analystes célèbres ont déjà abordé cet aspect. De nos jours, les théories de la firme fondées sur les compétences analysent cette dimension. La question de départ de ces travaux est : « pourquoi les firmes différent-elles, de manière durable, dans leurs caractéristiques, leur comportement et leurs performances ? », (cf. G. Dosi et L. Marengo, 1994). Sur le plan de l’analyse, nous sommes passés de l’économie de l’information (travaux contractualistes) à l’économie de la connaissance. Nous sommes passés à une entreprise qui « apparaît d’abord comme une entité propre, définie autour de ces capacités productives (et commerciales), dont on peut analyser les comportements ». O Weinstein présente un peu vite la richesse d’analyse de ce courant mais il est toujours possible de ce reporter à son article. Notons les deux compléments que l’auteur énonce pour compléter ces approches et qui nous semblent pertinents. Le premier concerne l’appropriation et le contrôle des connaissances et compétences, c’est-à-dire la compréhension des bases du système d’autorité. L’autre porte sur l’analyse institutionnelle qui est trop souvent organisationnelle, interne. Il reconnaît que l’accent placé sur l’accumulation des …

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