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Les enjeux de l’industrie 4.0[Notice]

  • Pascal Gaudron et
  • Aziz Mouline

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  • Pascal Gaudron
    Chaire Stratégie et Société, HEC MONTREAL

  • Aziz Mouline
    Centre de Recherche en Economie et Management, UMR CNRS 6211, UNIVERSITE de RENNES 1

L’organisation industrielle a connu plusieurs modèles avec le taylorisme, le fordisme et le toyotisme, piliers des régimes de croissance économique entre 1945 et les années 70. L’examen des évolutions technologiques en cours dans les laboratoires de recherche et certaines entreprises indique des changements majeurs non pas tant au niveau de l’automatisation, mais au niveau de l’intelligence via des mises en réseau des machines et des liaisons machines/hommes. Certaines usines semblent bien étranges au premier abord, on y trouve des robots et des équipements numériques en masse qui nous permettent de dire que l’organisation industrielle s’éloigne de plus en plus du modèle connu. Une nouvelle forme de flexibilisation de la production est à l’oeuvre. Une usine d’un nouveau genre est née. Elle remet en cause la grande usine avec sa production de masse et ses produits standardisés. Pour le cabinet BCG, « il devient possible de faire du sur-mesure avec des coûts voisins de ceux d’une production de masse; les usines de demain seront plus petites, plus écologiques, plus proches des consommateurs ». Plusieurs rapports commencent à examiner cette situation industrielle et des livres présentent ce que certains qualifient de quatrième révolution industrielle. De très nombreuses questions se posent : relocalisation permettant une plus grande proximité avec les clients, repositionnement de certains pays occidentaux en perte de compétitivité (remède à la désindustrialisation ?), apparition de nouveaux concurrents dans certains secteurs où les métiers se modifient (les géants de l’internet comme Google ont bien compris ces évolutions), révision des processus organisationnels et, bien sûr, redéfinition des postes de travail qui vont tendre vers plus d’autonomie et de responsabilité (écrans tactiles, tablettes numériques…), mais aussi une réflexion sur le travail dans les entreprises (des usines sans ouvriers ?). Deux ouvrages publiés en 2016 apportent des éclairages pertinents sur ce qu’il est convenu d’appeler l’industrie 4.0. En quoi consiste la transformation numérique de l’industrie, manifestement inéluctable, à la base de la quatrième révolution industrielle et quels sont ses enjeux ? Les réponses à ces questions sont apportées par Max Blanchet dans son récent ouvrage. L’auteur rappelle que le concept de l’industrie 4.0 est apparu en Allemagne en 2012, exposé au grand public par l’Association des constructeurs allemands de machines et équipements de production. Il s’agit en fait de la numérisation de l’industrie au sens large du terme. Le numérique est intégré à la conception des produits et aussi aux moyens de production associés. L’auteur précise d’emblée que ce concept « intègre également des actifs physiques (machines, équipements …), optimisés et connectés les uns aux autres et gardant un lien constant avec les produits qu’ils fabriquent, afin de s’adapter en temps réel aux variations des demandes des clients et de répondre aux évolutions de la demande des consommateurs finaux : des produits fabriqués en masse mais personnalisés, répondant exactement à leur besoin, offrant un niveau de qualité supérieur et donnant lieu à des services inédits ». On comprendra l’importance de cette nouvelle donne quand on constatera que la numérisation et ses implications interviennent tout au long de la chaîne de production : conception du produit (usine virtuelle, continuité numérique), contrôle et pilotage (automatisation des flux et des équipements : usines/lignes connectées, capteurs/internet des objets, logistique automatisée), procédés de fabrication (machine intelligente, fabrication additive, robots collaboratifs ou cobotique), maintenance conditionnelle (big data, télémaintenance), organisation du travail (opérateur assisté, organisation apprenante). Il ne s’agit donc pas d’une évolution mais d’une révolution qui repose sur l’émergence simultanée de trois grandes innovations : Max Blanchet note également qu’ « une nouvelle révolution industrielle implique un changement de paradigme dans la façon de penser l’industrie et a des impacts sur …

Parties annexes