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Prédire le potentiel métastatique : l’apport de la génomiqueMolecular signature for cancer metastasis[Notice]

  • Gilda Raguénez et
  • Jean Bénard

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  • Gilda Raguénez
    Cnrs UMR 8126, Département de Biologie Clinique,
    Institut Gustave Roussy,
    39, rue Camille Desmoulins,
    94800 Villejuif, France.
    raguenez@igr.fr

  • Jean Bénard
    Cnrs UMR 8126, Département de Biologie Clinique,
    Institut Gustave Roussy,
    39, rue Camille Desmoulins,
    94800 Villejuif, France.

La progression tumorale est classiquement décrite comme un processus que caractérise l’expansion de clones cellulaires différents d’où émerge un clone de cellules métastatiques au caractère agressif, conséquence de la sélection positive de cellules ayant accumulé des altérations génétiques dans la tumeur. Étape tardive de la progression tumorale, la dissémination de cellules tumorales à partir du foyer initial va conduire, in fine, à la formation de métastases spécifiques à certains tissus selon le concept du seed and soil, au prix de processus de sélection et d’expansion de quelques cellules ayant acquis des propriétés supplémentaires et essentielles à la colonisation tissulaire [1]. Deux modèles se sont affrontés très récemment encore pour expliquer l’origine du potentiel métastatique d’une tumeur primitive: celui-ci peut résulter soit de la sélection progressive de très rares cellules variantes dotées de ce potentiel, soit au contraire, l’ensemble des cellules tumorales serait d’emblée doté de cette prédisposition. Au niveau génique, le premier modèle attribue un rôle majeur aux «gènes suppresseurs de métastases» dont la déficience provoque l’expression du caractère métastatique; le second stipule que les oncogènes et/ou les gènes suppresseurs de tumeur – dont les altérations déterminent à la fois l’état transformé et la progression tumorale – sont les acteurs à part entière de la dissémination métastatique [2]. Faiblement étayé par des arguments expérimentaux, ce vieux débat s’est ravivé l’an dernier [2, 3] à la faveur des premiers résultats du typage moléculaire des cancers. Rappelons que les profils d’expression de tumeurs solides obtenus à l’aide de la technologie des microarrays avaient rapidement permis de distinguer des cancers de bon et de mauvais pronostic. En particulier, les travaux de Friend et R. Bernards [4] ont identifié un groupe de 70 gènes dont l’expression caractérise un groupe de cancers du sein «prédisposés» au processus métastatique, alors qu’aucune métastase n’était détectable chez les patientes lors de l’exérèse chirurgicale de leur tumeur. Mieux encore ! Une «signature génique d’un potentiel métastatique» commune à plusieurs types de tumeurs cancéreuses a été identifiée [5]. Cette «signature transcriptionnelle» du caractère métastatique d’une tumeur a été obtenue en deux temps, en croisant d’ailleurs les résultats obtenus par deux plate-formes de génomique utilisant les technologies Affymetrix et Rosetta. Tout d’abord la comparaison de l’expression génique de populations cellulaires provenant de tumeurs primitives épithéliales prélevées au moment du diagnostic et de leurs métastases a révélé une expression différentielle de 128 gènes (hypo- ou hyper-exprimés dans les métastases par rapport à la tumeur primaire), une signature complexe mais heuristique puisque retrouvée dans certaines tumeurs primaires; cette signature moléculaire caractéristique d’un pouvoir métastatique a été vérifiée en analysant les cellules de 279 tumeurs solides primitives d’origine diverse. De cette analyse a émergé un profil génique intéressant 17 gènes, et caractéristique des cancers ayant métastasé et/ou à potentialité métastatique. Dans le cas des cancers de la prostate et du médulloblastome, cette « signature » moléculaire était associée à un mauvais pronostic, et dans le cas des cancers du sein, elle indiquait une propension à métastaser. Ainsi l’évolution d’un cancer pourrait-elle être déterminée précocement, si la population tumorale primitive est constituée essentiellement de cellules ayant d’emblée un potentiel métastatique, et, dans ce cas, elle ne s’expliquerait pas par la sélection stochastique de quelques rares cellules. En revanche, dans le cas des lymphomes diffus à grandes cellules B, cette signature n’était pas prédictive du pronostic. Avant de développer un test pronostique clinique fondé sur ces données moléculaires, attendons l’analyse d’un plus grand nombre de tumeurs. Remarquons qu’aucun des 17 gènes sélectionnés (huit gènes hyper-exprimés, neuf hypo-exprimés, Tableau I) ne code pour des molécules directement impliquées dans le processus métastatique. Parmi les gènes …

Parties annexes