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DC-SIGN, un récepteur clé du bacille de la tuberculose?DC SIGN, a key-receptor of Mycobacterium tuberculosis?[Notice]

  • Ludovic Tailleux,
  • Brigitte Gicquel et
  • Olivier Neyrolles

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  • Ludovic Tailleux
    Unité de Génétique Mycobactérienne,
    Institut Pasteur,
    28, rue du Docteur Roux,
    75015 Paris, France.

  • Brigitte Gicquel
    Unité de Génétique Mycobactérienne,
    Institut Pasteur,
    28, rue du Docteur Roux,
    75015 Paris, France.

  • Olivier Neyrolles
    Unité de Génétique Mycobactérienne,
    Institut Pasteur,
    28, rue du Docteur Roux,
    75015 Paris, France.
    neyrolle@pasteur.fr

La tuberculose reste un problème majeur de santé publique. En effet, Mycobacterium tuberculosis, la bactérie responsable de cette maladie, cause environ un million et demi de morts chaque année et l’on estime qu’un tiers de la population mondiale est porteur du bacille sous forme d’infections latentes [1]. L’appareil respiratoire constitue la principale voie d’entrée du bacille dans l’organisme, M. tuberculosis ayant la capacité de résister à la dégradation par les macrophages (Mf) alvéolaires, et même de se multiplier à l’intérieur de ces cellules [2]. Pour entrer dans les Mf, M. tuberculosis utilise principalement le récepteur au complément de type 3 (CR3), en association avec d’autres molécules comme le CR4 et le récepteur au mannose (MR). Un autre type de cellules phagocytaires, les cellules dendritiques (CD), joue un rôle immunitaire primordial au cours de la tuberculose. Par leur localisation près des muqueuses et de la peau, elles sont idéalement placées pour rencontrer les agents infectieux et expriment à leur surface de nombreux récepteurs de phagocytose. Une fois infectées, les CD entrent dans un processus irréversible de maturation et migrent vers les ganglions lymphatiques où elles activent les lymphocytes T naïfs qui sont spécifiques des antigènes de l’agent infectieux ingéré [3]. De nombreux pathogènes, comme le virus de l’immunodéficience humaine (VIH), exploitent les propriétés migratoires uniques des CD pour disséminer dans l’hôte vers les organes lymphoïdes secondaires, comme les ganglions lymphatiques. Il est de plus en plus clair que M. tuberculosis pourrait faire de même. En collaboration avec les équipes de P. Lagrange et J.C. Gluckman à l’Hôpital Saint-Louis à Paris, nous avons récemment montré que M. tuberculosis se lie aux CD humaines par le récepteur de surface DC-SIGN/CD209] [4] (Figure 1). DC-SIGN (pour dendritic cell-specific intercellular adhesion molecule-3 (ICAM-3) grabbing nonintegrin) est une lectine de type C qui a été décrite initialement comme spécifique des CD et pouvant lier la protéine gp120 du VIH [5] ((→) m/s 2000, n° 10, p. 1121). Les CD expriment aussi le CR3 et le MR, mais ces derniers semblent ne jouer aucun rôle dans l’attachement de M. tuberculosis à ces cellules. In vivo, plusieurs arguments suggèrent que DC-SIGN pourrait avoir un rôle important au cours de la tuberculose. En particulier, des antigènes mycobactériens ont été détectés dans des CD exprimant DC-SIGN, dans les ganglions lymphatiques de patients tuberculeux. On peut penser qu’in vivo, après infection et activation, les CD emportent des mycobactéries lors de leur migration vers les ganglions lymphatiques où les bacilles pourraient persister. Une autre mycobactérie à croissance lente, la souche vaccinale Mycobacterium bovis BCG s’attache à DC-SIGN. En revanche des bactéries à Gram positif ou négatif, comme celles des genres Listeria et Salmonella, ainsi que des mycobactéries saprophytes telles Mycobacterium smegmatis ou Mycobacterium fortuitum ne sont pas reconnues par DC-SIGN. En collaboration avec l’équipe de G Puzo du Cnrs à Toulouse, nous avons montré que cette spécificité de reconnaissance repose sur la nature du ligand mycobactérien reconnu par DC-SIGN, un motif oligo-mannosylé de l’extrémité d’un lipoglycane abondant de l’enveloppe de M. tuberculosis, le lipoarabinomannane (LAM) [6] ((→) m/s 2000, n° 6-7, p. 842). Ce motif est absent ou modifié dans les souches saprophytes ou d’autres souches mycobactériennes à croissance lente n’appartenant pas au complexe tuberculosis (comme Mycobacterium avium). DC-SIGN permettrait ainsi au système immunitaire de faire la différence entre des mycobactéries virulentes et des mycobactéries saprophytes ou opportunistes [6, 7]. L’entrée de M. tuberculosis dans les Mf et les CD par des récepteurs différents pourrait expliquer le devenir différent du bacille dans les deux types cellulaires. En effet …

Parties annexes