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La télomérase: un antigène tumoral universel pour l’immunothérapie anti-cancéreuseTelomerase: a tumor antigen for anticancer immunotherapy[Notice]

  • Olivier Adotévi,
  • Francisco Garcia Pons et
  • Pierre Langlade-Demoyen

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  • Olivier Adotévi
    Unité immunité cellulaire anti-virale,
    Institut Pasteur,
    25, rue du Dr Roux,
    75015 Paris, France et Inserm U.255,
    Immunologie cellulaire et clinique, Institut Biomédical des cordeliers,
    15, rue de l’École de Médecine,
    75006 Paris, France.

  • Francisco Garcia Pons
    Unité immunité cellulaire antivirale,
    Institut Pasteur,
    25, rue du Docteur Roux,
    75015 Paris, France.

  • Pierre Langlade-Demoyen
    Unité immunité cellulaire antivirale,
    Institut Pasteur,
    25, rue du Docteur Roux,
    75015 Paris, France.

Les lymphocytes T CD8+ cytotoxiques (LTC) représentent l’un des effecteurs majeurs de l’immunité tumorale [1]. Ainsi de nombreuses stratégies d’immunothérapie anti-tumorale ont pour objectif d’induire ou d’augmenter l’activité des LTC spécifiques de tumeur chez les patients atteints de cancers. Les LTC sont des cellules spécialisées du système immunitaire qui reconnaissent, grâce à des récepteurs spécifiques d’antigènes, des petits peptides de neuf à dix acides aminés présentés par des molécules du complexe majeur d’histocompatibilité de classe I (CMH I) à la surface des cellules tumorales. La reconnaissance par les LTC des complexes CMH I-peptides peut conduire à la lyse de la cellule tumorale d’où leur nom de «cellules tueuses». La plupart des peptides reconnus par les LTC dérivent de protéines présentes dans les cellules tumorales, appelées «antigènes associés aux tumeurs» ou tumor-associatedantigens (TAA). Au cours de cette dernière décennie, l’identification de ces antigènes associés aux tumeurs a représenté un tournant décisif dans l’immunothérapie des cancers et a permis d’envisager des protocoles de vaccination à l’aide de ces antigènes définis moléculairement [2]. Cependant, la plupart des antigènes identifiés à ce jour sont des protéines dont l’expression est restreinte à certains types de cancers, ce qui réduit les applications potentielles d’immunothérapie à un nombre limité de cancers. Des efforts ont été réalisés pour découvrir de nouveaux antigènes tumoraux, plus largement exprimés, ce qui permettrait de cibler plusieurs types de cancers. C’est ainsi que récemment, on a proposé une enzyme, appelée télomérase, comme premier membre d’une nouvelle classe d’antigènes tumoraux exprimés par de nombreux cancers. La télomérase est une ribonucléoprotéine qui induit la synthèse de l’ADN télomérique, permettant ainsi de maintenir la longueur des télomères et la stabilité des chromosomes [3, 4] ((→) m/s 2000, n°4, p.473 et p.547). Cette enzyme est exprimée précocement durant l’ontogénie et dans certaines cellules qui ont un pouvoir de réplication élevé comme les cellules souches hématopoïétiques [5, 6]. L’activation de la télomérase est suffisante pour induire l’immortalisation cellulaire, événement clé dans le processus de transformation maligne [7]. La sous-unité catalytique de la télomérase appelée transcriptase inverse de la télomérase (hTERT, human telomerase reverse transcriptase) est surexprimée dans plus de 90 % des cancers humains [8, 9]. En comparaison, les cellules normales expriment peu ou pas de hTERT [6]. Cette expression préférentielle de hTERT par les cellules tumorales, a fait de cette protéine une cible très attractive pour les thérapeutiques anticancéreuses [10] ((→) m/s 2001, n°10, p.1076). Plusieurs équipes dont la nôtre ont démontré récemment que la télomérase pouvait être une source de peptides présents à la surface des cellules tumorales et reconnus par les LTC [11, 12]. Ainsi, il a été possible d’induire in vitro des LTC en exposant des lymphocytes de donneur sain ou de patients atteints de cancer à des peptides hTERT [12-14]. De plus les LTC anti-hTERT étaient capables de tuer in vitro des cellules tumorales provenant de tissus variés (poumon, sein, peau, prostate, etc.) (Tableau I). Ces résultats démontrent qu’il existe, dans le répertoire lymphocytaire de sujets sains et de malades atteints d’un cancer, des précurseurs de LTC anti-hTERT. Dans une étude pré-clinique réalisée par notre groupe, des souris transgéniques exprimant les molécules humaines HLA-A2.1 furent immunisées avec les peptides dérivés de hTERT. Ces souris « humanisées » furent capables de produire des réponses cytotoxiques spécifiques dirigées contre des cellules tumorales [12]. D’autre part, il a été démontré que la vaccination de souris à l’aide de cellules dendritiques transfectées avec l’ARN de la télomérase murine, pouvait induire une réponse LTC anti-tumorale capable de protéger les souris vaccinées [15]. L’ensemble de ces études préliminaires in vitro …

Parties annexes