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Manipulation du comportement chez une sauterelle hébergeant un nématomorphe : une approche protéomiqueParasitic manipulation : where are we and where should we go ?[Notice]

  • David G. Biron,
  • Fleur Ponton et
  • Frédéric Thomas

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  • David G. Biron
    GEMI, UMR CNRS/IRD 2724,
    Centre IRD de Montpellier IRD,
    911, avenue Agropolis,
    BP 64501, 34394 Montpellier
    Cedex 5, France.
    biron@mpl.ird.fr

  • Fleur Ponton
    GEMI, UMR CNRS/IRD 2724,
    Centre IRD de Montpellier IRD,
    911, avenue Agropolis,
    BP 64501, 34394 Montpellier
    Cedex 5, France.
    fleur.ponton@mpl.ird.fr

  • Frédéric Thomas
    GEMI, UMR CNRS/IRD 2724,
    Centre IRD de Montpellier IRD,
    911, avenue Agropolis,
    BP 64501, 34394 Montpellier
    Cedex 5, France.
    frederic.thomas@mpl.ird.

L’étude des stratégies employées par les parasites afin d’être transmis d’un hôte à un autre est un sujet central en parasitologie. Comprendre de telles stratégies est fondamental pour tous les aspects appliqués de la parasitologie comme l’épidémiologie et la médecine. L’une des stratégies de transmission parasitaire les plus fascinantes est certainement la manipulation de l’hôte, observée quand un parasite accroît sa transmission en altérant le comportement ou la morphologie de son hôte [1]. Par exemple, de nombreux parasites transmis de manière trophique altèrent le comportement de leur hôte intermédiaire afin d’augmenter leur chance d’être mangé par l’hôte définitif prédateur [2]. Bien que les exemples soient nombreux, peu de choses sont connues concernant les dialogues et conflits moléculaires entre l’hôte et le parasite au cours du processus de manipulation. Les nématomorphes constituent un taxon relativement inconnu d’environ 300 espèces distribuées dans le monde entier. Les femelles et les mâles adultes ont une vie libre et aquatique et se rassemblent en noeuds gordiens pour se reproduire (Figure 1). Contrairement aux adultes, les juvéniles sont parasites d’arthropodes, principalement des insectes terrestres. Les nématomorphes sont donc confrontés au problème de franchir la barrière entre le milieu aquatique et terrestre. Pour cela, ils utilisent des hôtes intermédiaires comme des larves aquatiques d’insectes (par exemple, larves de moustiques ou de phryganes) ou bien infectent directement les hôtes lorsque les larves sont ingérées avec de l’eau. Pendant leur développement, les nématomorphes passent d’une taille microscopique à celle d’un ver dont la longueur est considérablement plus grande que celle de l’hôte qui l’héberge (Figure 2). Le nématomorphe arrivé à maturité occupe tout son hôte à l’exception de la tête et des pattes. À ce stade, les vers sont prêts à émerger. Il a été récemment montré que les insectes hébergeant des vers matures manifestent un comportement original et spécifique à leur statut de parasité : ils sont à la recherche d’eau et y sautent quand ils en rencontrent [3]. Sachant que les insectes sautant ainsi dans l’eau ont un risque de noyade élevé, ce comportement est considéré comme « suicidaire ». Les vers adultes émergent alors de leur hôte et nagent activement dans l’eau afin de rencontrer des partenaires sexuels. Ce comportement de recherche d’eau par les insectes infectés est observé chez au moins 8 espèces d’orthoptères dans le sud de la France et il se pourrait que la plupart des espèces de nématomorphes aient la capacité d’altérer le comportement de leur hôte afin de pouvoir rejoindre un environnement aquatique au terme de leur développement. Le but de nos recherches (réalisées en collaboration entre l’UMR 2724 CNR/IRD, l’UMR INRA Bio3P de Rennes, le Laboratoire de Génomique Fonctionnelle de Montpellier membre de la Génopole du Languedoc Roussillon et Rothamsted Research Institute) est de mieux connaître les précurseurs biochimiques à la base de cette altération du comportement chez la sauterelle Meconema thalassinum (De Geer) (Orthoptera : Tettigoniidae) parasitée par le nématomorphe Spinochordodes tellinii (Camerano). Nos recherches ont été menées simultanément chez l’hôte et chez le parasite pendant trois moments clés de la manipulation : avant, pendant et après le « suicide » de l’hôte dans l’eau. Le détail de ces recherches a été tout récemment publié [4] (un clip video est aussi disponible à : http://www.canal.ird.fr). Nous avons utilisé l’électrophorèse bidimensionnelle et la spectrométrie de masse afin d’identifier les éventuelles protéines d’intérêt. L’étude des protéines exprimées par le génome de l’hôte et par celui du parasite à l’aide de la protéomique (ou parasitoprotéomique) offre une vision rapide et globale du dialogue moléculaire mis en place au cours de la manipulation [5]. Prenant en compte …

Parties annexes