Recensions

Pépin, Y. (coll. Bourassa, B., Chamberland, M., Filteau, O. et Leclerc, C.). (2018). Intervention psychosociale : perspective interactionniste stratégique. Québec, QC : Presses de l’Université Laval[Notice]

  • Audrey Lachance

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  • Audrey Lachance
    Doctorante en éducation, Université de Sherbrooke

La perspective interactionniste stratégique, qui tire ses fondements de la psychologie sociale, a été élaborée durant près d’une quarantaine d’années au Département de counseling et d’orientation de l’Université Laval. Bien que l’approche, initialement désignée «intervention psychosociale en orientation», était limitée à ce domaine, au fil des années, le champ d’application s’est étendu à l’ensemble des interactions humaines. Souhaitant se distinguer d’autres approches d’intervention qualifiées de classiques, cette perspective propose plutôt des «orientations, positionnements et attitudes qui […] permettent de composer plus efficacement avec la plupart des difficultés inhérentes à l’interaction avec autrui, que cet “autrui” représente une personne, un groupe, une organisation ou un système social auxquels on participe» (p. 1). Axée sur le développement du pouvoir d’agir et de la capacité à mobiliser des stratégies interactives efficaces, elle vise à augmenter la marge de manoeuvre des individus dans les difficultés qu’ils rencontrent, difficultés appréhendées essentiellement sous l’angle de l’interaction. L’ouvrage Intervention psychosociale: perspective interactionniste stratégique propose une introduction, comme son titre le suggère, à cette approche. Le livre est divisé en 3 parties, lesquelles regroupent 5 sections et 29 chapitres. La première partie vise à présenter et étayer la perspective interactionniste stratégique, par un exposé des principaux postulats et fondements théoriques qui sous-tendent celle-ci. La deuxième partie, quant à elle, illustre cette perspective en la mobilisant dans l’analyse de certains thèmes et de certaines pratiques professionnelles, telles que celles de l’orientation professionnelle (chapitres 16 et 17) ou de l’enseignement (chapitre 18). Finalement, la troisième et dernière partie mobilise le regard psychosocial pour offrir une réflexion critique quant aux pratiques scientifiques et à la formation à la recherche. Cet ouvrage permet une initiation à l’intervention psychosociale et d’étayer et illustrer ses principaux postulats, que ce soit sous l’angle théorique (première partie), pratique (deuxième partie) ou scientifique (troisième partie). Cet ouvrage se distingue par ses propos clairs et vulgarisés, appuyés de nombreux exemples, qui permettent au lecteur non familier avec cette perspective de s’initier à celle-ci. Chaque chapitre étant indépendant, l’ouvrage se présente davantage sous forme d’un recueil de textes que d’une publication suivant une structure préalablement établie. L’articulation singulière peut, par moment, amener le lecteur à se questionner quant au fil conducteur et à la cohérence de la structure logique de l’ouvrage. Qui plus est, des disparités peuvent être constatées entre différents textes. L’auteur reconnaît lui-même ces particularités, expliquées par le fait que les textes ont été rédigés de façon indépendante, à différentes périodes, dans plusieurs contextes et donc, à des fins diverses. Néanmoins, cela a le mérite de permettre au lecteur de ne pas nécessairement devoir suivre un ordre de lecture préétabli, mais plutôt de lire les chapitres qui l’interpellent dans l’ordre souhaité, tout en omettant d’autres chapitres, s’il le désire. Une note introduisant chaque partie, section et chapitre s’avère utile pour guider le lecteur à cet effet. Bien que l’articulation particulière de l’ouvrage contribue à ce que certains éléments puissent se recouper entre les textes et que certaines répétitions puissent être parfois constatées, cela n’apparaît toutefois pas redondant. Ces éléments s’avèrent complémentaires, sinon comme favorisant l’approfondissement et la compréhension de la perspective proposée. Par ailleurs, il importe de souligner, pour certains chapitres, la singularité du ton et de la teneur des propos. L’argumentaire et le ton privilégié, parfois peu nuancé, tantôt provocateur, peuvent parfois s’avérer surprenants. Les propos et les termes mobilisés, certains exemples très caricaturaux, ainsi que l’appui occasionnel de l’argumentaire sur les expériences personnelles de l’auteur, sont par moment discutables, et pourraient, aux yeux de certains lecteurs, discréditer en partie des arguments pourtant judicieux. En effet, certains propos gagneraient à être plus nuancés, permettant ainsi de …